Négociations économiques UE –ACP: Les acteurs non étatiques se dotent d'un plan de bataille pour leur participation

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Au terme de deux jours de réflexion au Mémorial Modibo Kéïta, les acteurs non étatiques (ANE) de notre pays, qui se sentent marginalisés dans le cadre des négociations pour la signature prochainement d’un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays Afriques-Caraïbes- pacifique, viennent de se doter d’une stratégie pour leur participation à ces négociations.
Le comité de pilotage des acteurs non étatiques du Mali a animé un point de presse le vendredi dernier, pour présenter les conclusions de ses journées de réflexion sur sa participation aux négociations de partenariat économiques entre l’UE, la Cedeao et l’UEMOA qui les négocient au nom de la sous région ouest africaine. Malgré des dispositions claires dans le protocole qui font désormais des acteurs non étatiques une des parties prenantes aux côtés des acteurs étatiques, ces derniers continuent de les ignorer en les confinant dans un statut d’observateur. Toute chose que le comité de pilotage des ANE entend changer par une participation responsable aux négociations. Selon le secrétaire général du Comité de pilotage, Sékou Sangaré, " les accords insistent sur un partenariat entre acteurs étatiques et non étatiques". Sur la base de cette vision, les acteurs non étatiques se sont manifestés dès 2000 par le lancement officiel de leurs activités avant d’avoir une série de rencontres avec les autorités et organismes intéressés par la question.
Cette offensive de charme n’a pratiquement servi à rien car, "l’Etat est resté dans sa logique de négocier seul en ignorant simplement les ANE. Plus, grave chaque fois qu’on exige notre présence, il s’arrange toujours avec un représentant choisi en notre nom" explique M. Sangaré. Faut-il signalé que les accords de partenariat économique qui vont entrer en vigueur en janvier 2007 vont remplacer le système de préférence tarifaire.
Selon Moctar Coulibaly du comité de pilotage des ANE, "ces accords ne sont pas à l’avantage des pays africains qui disposent d’une économie faible et peu structurée. Ils vont créer un déséquilibre en terme de recettes, de production industrielle et de stabilité sociale".
Sans s’opposer à la mise en œuvre de ces accords les ANE veulent participer de près aux négociations pour défendre les intérêts des populations à la base car l’objectif principal des accords reste la création de richesses pour la lutte contre la pauvreté. Mais, d’après les acteurs non étatiques, " on ne peut pas lutter contre cette pauvreté en mettant en concurrence l’économie d’un pays comme le Mali et celle de l’Italie ou de l’Allemagne par exemple ". C’est pourquoi, au terme de leur réflexion, ils exigent une participation qualitative et quantitative au processus. C’est pourquoi, aussi au niveau national, ils veulent déterminer les défis et enjeux de ces accords par des actions de formation pour la maîtrise du contenu des documents, élaborer un document de plaidoyer et de lobbying, vulgariser les accords dans les langues nationales, recueillir les propositions des populations à la base devant aboutir à un mémorandum.
Au niveau régional, les ANE comptent mettre en commun et harmoniser les propositions nationales en vue de constituer un groupe régional de lobbying et de plaidoyer.

Youssouf CAMARA

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