Identification des maliens : Que cachent les difficultés d’accès à la carte NINA ?

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« Difficulté d’accès à la carte NINA, un document d’importance capitale au Mali », était la préoccupation inscrite au cœur d’une conférence de presse co-organisée le 15 février 2020 par l’Association malienne des expulsés (AME) et par le Haut conseil des maliens de l’extérieur (HCME).

Nombreux sont aujourd’hui des maliens résidents à l’extérieur du Mali qui sont sous la menace d’expulsion parce qu’ils n’ont pas pu renouveler leur passeport arrivé à expiration, à cause du défaut de la carte NINA. « Depuis un certain temps, nous sommes quotidiennement interpellés par nos compatriotes à l’extérieur du pays afin que nous intercédons au près des autorités de pays, afin qu’ils puissent avoir leur carte NINA, pour éviter d’être expulsés parce que n’ayant pas pu renouveler leur passeport », a indiqué Ousmane Diarra, Président de l’AME, au cours d’une conférence de presse qu’il a co-animé avec Mamadou Lamine Bane, chargé des affaires sociales, des questions migratoires et de la communication au HCME, de Mme Dembélé Souadou Touré, Chargée de la communication de l’AME et de Amadou Coulibaly, chargé du volet social des migrants à l’AME.

Après avoir indiqué que cette difficulté frappe aussi bien les Maliens de l’extérieur et que ceux de l’intérieur, Ousmane Diarra a passé la parole à Amadou Coulibaly pour lire la déclaration liminaire.

« En 2006, le Mali a adopté une loi (loi n°06-40 du 11 Août 2006) portant institution du Numéro d’Identification Nationale des personnes physiques et morales, en abrégé NINA, dont l’objet est d’individualiser chaque personne physique et morale par un numéro unique », a-t-il rappelé.  Il a indiqué que c’est en 2009, qu’a commencé le Recensement Administratif à vocation d’Etat civil (RAVEC) qui a visé aussi bien les maliens de l’intérieur que ceux de l’extérieur. Selon lui, le but était de constituer une base de données biométriques et d’attribuer à chaque malien un numéro d’identification nationale.

Importance de la carte NINA

Après avoir fait remarquer que la carte NINA revêt une importance capitale au Mali, il a rappelé que l’article 7 de la loi n°06-40 du 11 août 2006 précise que le numéro d’identification  nationale est inscrit sur un certains nombre de documents. Ce sont : la carte nationale d’identité, la carte d’identité consulaire, le passeport, le permis de conduire, le carnet scolaire, le carnet médical, la carte d’électeur, la carte de séjour pour les étrangers, les documents des personnes morales et les actes d’état civil. « C’est pour cette raison que le NINA matérialisé dans la carte NINA, est exigé lors d’une demande de passeport », a-t-il déclaré. Mieux, il dira que par décret à la date du 15 février 2016 (n°2016-0041/P-RM), les autorités maliennes sont allées jusqu’à conférer à la carte NINA la valeur de Carte d’identité nationale et de Carte consulaire pour l’identification des citoyens maliens à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Qu’à cela ne tienne, il a estimé que malgré la volonté de l’Etat malien à faire de ce document une référence planétaire, de nombreuses insuffisances sont à déplorer.  Au titre de ces insuffisances, il a d’abord cité  la non disponibilité de la carte NINA depuis un certain temps, faisant que de nombreux maliens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, n’ont pas encore leur carte en leur possession bien qu’ils se soient faits enrôlés depuis des années.

Il a ensuite estimé que les opérations d’enrôlement sont très lentes. Selon lui, normalement, il devrait avoir au niveau de chaque Mairie, des agents de collecte des données afin d’assurer la pérennité du système de collecte des données. « On constate que la Mairie de Korofina semble être la seule à poursuivre les opérations de collecte », a-t-il dénoncé. Avant d’interpeller les autorités sur le fait que de nombreuses cartes NINA délivrées comportent des erreurs qui doivent être rectifiées. « Mais, les procédures de rectifications, souples dans l’apparence, sont trop pénibles et lentes », a-t-il fustigé.

Aujourd’hui sans la carte NINA un malien ne peut plus se rendre même en Côte d’Ivoire

Pour sa part, Mme Dembélé Souadou Touré est intervenue pour rappeler que l’AME en sa qualité d’organisation de défense des droits des migrants a été fortement sollicitée par les migrants maliens vivants en Europe, mais aussi en Afrique pour qu’elle s’implique dans la recherche d’une solution efficace à ce problème.

Selon elle, le problème est d’autant plutôt grave que de nombreux maliens de l’extérieur vivent de véritables drames du fait qu’ils n’arrivent pas à entrer en possession de leur carte NINA depuis de nombreuses années. « Nombreux sont les maliens qui n’arrivent plus à renouveler leur passeport et ils perdent leur droit de résidence parce qu’ils n’ont jamais pu accéder à leur carte NINA », a-t-elle précisé. Avant d’inviter le gouvernement malien à prendre des dispositions urgentes pour que les maliens, partout où ils se trouvent puisse accéder rapidement à leur carte NINA, afin de leur éviter des dommages regrettables. Selon elle, aujourd’hui sans la carte NINA un malien ne peut plus se rendre en Côte d’Ivoire.

Pour sa part, Mamadou Lamine Bane, après avoir salué la fructueuse collaboration qui existe entre l’AME et le HCME, quand à la défense des droits des maliens de la diaspora, il a rappelé la genèse de l’arrivée de la carte NINA au Mali. Selon lui, en 1996, suite au constat malheureux que des non-maliens utilisaient les documents de voyage maliens pour commettre des acte répréhensible à travers le monde, le premier Forum des maliens de l’extérieur  avait invité l’Etat du Mali à instituer un numéro d’identification national pour chacun des maliens

« Mais, aujourd’hui, nous sommes au  regret de constater que les difficultés d’accès à la carte NINA, font beaucoup trop de mal aux maliens de l’extérieur comme à ceux de l’intérieur », a-t-il déclaré. Selon lui, sur un potentiel de 5 à 6 millions de maliens à l’extérieur du pays, seulement 1 637 000 sont enrôlés. Très remonté, il a dénoncé le manque de volonté politique des gouvernants à prendre la gestion de ce problème à bras le corps. Et, du coup, il pense que  les pouvoirs publics ont peur  de voir 4 à 5 millions d’électeurs maliens incorruptibles et qui échappent à leur contrôle  à l’extérieur du pays.

Il y a eu des témoignages émouvants d’étudiants maliens en Europe qui ont été expulsés de leur pays d’accueil parce qu’ils jamais pu renouveler leur passeport à cause du fait qu’ils n’ont jamais pu accéder à leur carte NINA.

Décidément, l’on est en droit de se demander si le Mali a des responsables qui se soucient du Peuple Malien et de l’avenir de ce pays. Voilà un Etat. Où, les gouvernants se disent sérieux. Mais, depuis bientôt 10 ans, ils sont incapables de mettre en place un dispositif qui permettrait à chaque citoyen malien d’entrer en possession de sa carte NINA sans grandes difficultés.

Assane Koné

 

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3 COMMENTAIRES

  1. CHER MALIEN
    MALIEN EN TANT QUE SUBSTANTIF S´ÉCRIT TOUJOURS AVEC M MAJSCULE!
    malien EN TANT QU´ADJECTIF S´ÉCRIT AVEC m minuscule .
    C´EST AUSSI SIMPLE QUE CELA!
    J´AI D´AILLEURS LA PETITE IMPRESSION QUE LA PLUPART DE MES COMPATRIOTES IGNORENT CETTE PETITE ET SIMPLE RÈGLE ÉLÉMENTAIRE DE GRAMMAIRE.
    NOUS NE SOMMES PAS OBLIGÉS DE´ECRIRE LA LANGUE DU COLONISATEUR.
    MAIS, SI NOUS L´ECRIVONS, ALORS ÉCRIVONS-LA CORRECTEMENT!
    NOUS AVONS DÉTRUIT NOTRE BEAU BAMANANKA ET L´AVONS DÉSAPPRIS!
    NE DÉTRUISONS PAS CELLE DES AUTRES!
    NOUS , NOUS SOMMES CONME UN ENFANT GÂTÉ QUI DEMANDE TOUT ET NE SAIT RIEN GARDER LONGTEMPS , RIEN SOIGNER, RIEN RESPECTER.
    C´EST POURQUOI D´AILLEURS NOTRE PAYS VA MAL DEPUIS DES DÉCENNIES!
    NOUS VOULONS ÊTRE ARABE, ON NE SERA JAMAIS ARABE!
    NOUS VOULONS ÊTRE FRANCAIS ON NE SERA JAMAIS FRANCAIS!
    NOUS VOULON ÊTRE MALIEN ON NE SERA JAMAIS MALIEN!
    NOUS SOMMES DEVENUS DES CHAUVES-SOURIS!

  2. Comme réponse à ta question, cest le business, le malien à le sens du business !
    Du business même sur les personnes décédées

    Que le Tout Puissant nous aide!

  3. Allez-y voir à Korofina, au Centre NINA. La corruption est systématique au su et au vu des responsables du Mali. Des jeunes volontaires de ce centre ont construit leurs maisons et sont devenus millionnaires, grâce aux passes droits réalisées avec des demandeurs pressés et désorientés pour la carte NINA. Ce qui m’étonne, le système s’amplifie et les auteurs ne sont pas sanctionnés.
    Il est temps que le peuple prenne conscience de ce qui se passe. Si l’Etat ne prend pas ses responsabilités, il va s’écrouler. Trop c’est trop!

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