Modibo Keïta-Moussa Traore-Alpha O Konare-Amadou T Touré : Les hommes du refus !

22

Le Mali a toujours eu des dirigeants qui ont su placer l’intérêt du pays au-dessus de tout. Contre vents et marrées, ces mêmes dirigeants ont eu le courage de défendre partout le Mali. Courageux, dignes et patriotes, ils ont été au service du pays et en toutes circonstances. Qui ne se souvient pas de cette décision courageuse du président Modibo Keïta intimant l’ordre aux troupes français d’évacuer toutes leurs bases implantées au Mali, un certain 20 janvier 1960 ? Et ce refus retentissant du général Moussa Traoré de se soumettre aux décisions du Sommet de La Baule qu’il considérait comme une ingérence française dans les affaires africaines ? Qui ne se rappelle pas de l’historique « Non » d’Alpha Oumar Konaré au président français, Jacques Chirac, qui invitait certains chefs d’Etat africains à le rejoindre à Dakar pour la tenue d’une simple audience ? Que dire du triple « Non » d’ATT à Sarkozy à propos de la signature d’un Accord sur l’immigration, de l’ouverture d’une base militaire française à Sévaré et de Libye ? Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, ce sont là quatre chefs d’Etat maliens qui ont en commun de n’avoir pas été installé au pouvoir par l’ex puissance coloniale. Ils ont aussi en commun de n’avoir jamais accepté de se mettre au service et aux ordres de l’Elysée. C’est pourquoi, ils ont toujours su, en toute dignité et en toute responsabilité, dire Non à la France et aux dirigeants français. Retour sur certains faits marquants des relations entre la France et le Mali.   

20 janvier 1960 vers 11 heures : Le président Modibo Keïta, qui était entouré d’Idrissa Diarra, secrétaire politique de l’Union soudanaise RDA, Mahamane Alassane Haïdara, président de l’Assemblée nationale, Madeïra Keïta, ministre de l’Intérieur, de la défense et de la sécurité etc., a  reçu en audience l’ensemble des représentants diplomatiques accrédités au Mali pour leurs annoncer ceci : « L’ambassade de France au Mali, est informée par mes soins de la décision de mon gouvernement et de mon parti, de voir la France évacuer les bases de Bamako, Kati, Gao et Tessalit par les militaires français suite à l’accord signé le 22 juin 1960 cela suite aux évènements du 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance de la France, du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali.

La République du Mali a consacré avec la France sur la base de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon gouvernement et de mon parti, ne met nullement en cause, cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction, qu’en moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un Etat jeune, ou d’accord particulier de la défense, les troupes de l’ex puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex colonie, aux côtés des troupes du jeune Etat. D’autre part, le peuple du Mali, l’US-RDA et le gouvernement, ont toujours affirmé leur option en faveur de la politique de non alignement sur l’un ou l’autre bloc.

Cette attitude est en contradiction sur son territoire des troupes d’une puissance étrangère à laquelle ne le lie aucun accord et qui , d’autre part, est engagé dans le pacte militaire d’un bloc. Je prie vos excellences d’informer vos gouvernements et d’attirer leur attention sur notre ferme décision de l’évacuation rapide de vos troupes du Mali. Je vous remercie».

Aussi, les dirigeants de l’US-RDA ont toujours associé la souveraineté nationale à la monnaie. Lors du séminaire de l’US-RDA en septembre 1962, Seydou Badian Kouyaté, alors ministre, expose les conceptions du gouvernement en ces termes : « Le droit de battre une monnaie est l’un des attributs de la souveraineté nationale. Sans indépendance monétaire, il n’y a pas d’indépendance économique, et partant politique pleine et entière ».

Pour Modibo Keïta, président de la République à l’époque, il est impossible de promouvoir un développement économique harmonieux du Mali s’il ne disposait pas de sa propre monnaie. Ainsi, il annonce le 1er juillet 1962 à zéro heure que « la République du Mali dispose de sa propre monnaie ».

Dans la création du franc malien, M. J. Bénard, un français, fut l’un des plus grands conseillers de la République du Mali qui analysa sans complexe la situation économique de la nouvelle République en vue de la création de la monnaie et le premier à travailler sur l’opportunité de la création d’une monnaie malienne.

La décision de créer le franc malien a été prise le 30 juin 1962 par le président Modibo Keïta. Les billets qui étaient en circulation ont fait l’objet d’échange à la Banque centrale avant le 15 août 1962. Le franc malien est mis en circulation dès le 1er juillet 1962. Le 27 juillet de la même année, les autorités d’alors procèdent au transfert à la Banque de la République du Mali (BRM) des services d’émission de la Banque centrale des Etats de l’Afrique occidentale. Le 2 août 1962, la France ouvre au Mali, à sa demande, un compte courant non débiteur.

Au début de l’année 1964, le gouvernement malien sollicite et obtient la garantie du franc malien par la Banque de France. Toutefois, il refuse tout droit de regard de l’Hexagone sur l’émission de sa monnaie. Le franc malien sera remplacé par le franc CFA le 1er juillet 1984.

 

Désaccord entre Moussa Traoré et Mitterrand

La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, témoigne du vent de changement qui souffle sur l’Europe de l’Est. Plusieurs pays entreprennent des réformes démocratiques d’envergure, marquant une rupture historique avec l’ère communiste. Profitant de la 16è Conférence des chefs d’État d’Afrique et de France qui se déroule à La Baule du 19 au 21 juin 1990, le président François Mitterrand prononce un discours dans lequel il invite les pays africains à suivre ce mouvement. Établissant un lien direct entre démocratie et développement, ce discours marque un changement d’approche pour la France qui « liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ». M. Mitterrand parle à cet égard de l’aide « enthousiaste » que son gouvernement accordera à ceux qui franchiront avec courage le pas du multipartisme, plusieurs pays d’Afrique fonctionnant à ce moment avec un système de parti unique. Le président français se défend toutefois de faire de l’ingérence dans les affaires intérieures des participants à la Conférence, rappelant que « cette forme de colonialisme qui consisterait à faire la leçon en permanence aux États africains et à ceux qui les dirigent, c’est une forme de colonisation aussi perverse que toute autre ».  Selon, le ministre français des Affaires étrangères (1988-1993), Roland Dumas, ce discours se résume ainsi : « Le vent de liberté qui a soufflé à l’Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud (…) Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement »…

Mais, face à cette décision, Moussa Traoré a eu le courage de dire à François Mitterrand, à ce sommet, que la démocratie ne saurait être une camisole de force qu’on impose à des Etats souverains. Alors que plusieurs pays poursuivent ou entreprennent un virage vers le multipartisme qui se précisera au cours des années à venir (Côte d’Ivoire, Gabon, Bénin, République populaire du Congo, etc.). À un autre niveau, plusieurs voient dans cette diversité de partis politiques un facteur contribuant au réveil des rivalités et des tensions régionales qui vont diviser plusieurs pays au cours des années 1990.

 

Le niet de Alpha Oumar Konaré à Chirac !

Trois mois après son élection à la présidence de la République face à Lionel Jospin, Jacques Chirac, 62 ans, effectue une première tournée en Afrique. Après le Maroc du roi Hassan II, la Côte d’Ivoire de Henri Konan Bédié (Houphouët est mort vingt mois plutôt) et le Gabon d’Oumar Bongo, il fait une dernière halte au Sénégal, chez Abdou Diouf. Là, il demande aux présidents des pays voisins de venir le rejoindre. Mais, le président Alpha Oumar Konaré refuse de se rendre à ce qui ressemble, aux yeux de beaucoup de Maliens, à une « convocation. Et pour AOK, cette « convocation » relevait d’un pernicieux rapport de vassalité, instauré par l’ancien colonisateur…

Ce refus de Alpha O Konaré a été vivement salué au Mali et très apprécié à travers tout le continent africain.

En toute dignité, le président Konaré venait de démontrer à la face du monde qu’ « être malien, c’est être digne et responsable ». Au-delà, le fils de Dougou Kolo Konaré venait de démontrer qu’il était sur la trace de grands hommes qui ont fait la fierté de notre continent : Modibo Keïta, N’Kruma, Thomas Sankara et autres. C’est en revisitant le parcours de Konaré que l’on comprend mieux sa décision courageuse  de ne pas se plier aux ordres du président Chirac.

Fils d’enseignant, né le 2 février 1946 à Kayes (région occidentale du Mali) dans les années d’effervescence politique qui précèdent l’indépendance, Alpha Oumar Konaré choisit lui aussi la carrière de l’enseignement, tout en s’initiant très tôt au militantisme syndical. M. Konaré commence à militer politiquement dès sa jeunesse. En 1967, il est élu secrétaire général de la Jeunesse US-RDA (Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain, le parti du président Modibo Keïta) de l’École normale supérieure de Bamako.

Après des études d’histoire à l’Ecole normale supérieure de Bamako, et s’étant marié à une condisciple qui deviendra elle aussi une historienne réputée, il part en 1971 pour la Pologne où il reçoit une formation d’archéologue. Rentré dans son pays en 1976, Alpha O Konaré travaille dans l’administration tout en militant comme de nombreux cadres maliens dans un parti clandestin d’obédience marxiste (Parti malien du Travail). Au pouvoir depuis 1968, le général Moussa Traoré manifeste une volonté d’ouverture politique et l’appelle au gouvernement en 1978, comme ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. En désaccord avec l’évolution du régime, il demande toutefois à partir en 1980. Il retourne à l’enseignement et à la recherche, membre de plusieurs organisations d’historiens africains, effectue des missions de consultant et acquiert en peu d’années une notoriété internationale, notamment dans le domaine de la muséographie (il deviendra en 1986 président du Conseil international des musées). Outre le syndicalisme, où il est actif, il se consacre au Mali à l’animation de la coopérative Jamana, créée en 1980, qui publie une revue culturelle puis diversifie ses activités dans l’édition et l’éducation, notamment en direction des jeunes. En 1989, la coopérative lance le journal Les Echos qui devient l’un des relais principaux du mouvement démocratique qui émerge alors.

Au cœur du Panafricanisme ! Chantre et infatigable militant du panafricanisme, cet historien avait hérité, lors de sa nomination, d’une ambitieuse feuille de route : réaliser l’intégration politique, économique et culturelle du continent. Il a présidé pendant dix ans, de 1992 à 2002, aux destinées du Mali, démocrate reconnu, il a cédé le pouvoir au terme de son second mandat, comme le prévoyait la Constitution. Konaré avait l’envergure et le charisme pour faire de la Commission un embryon d’exécutif supranational. Et sa désignation à la tête du nouvel organe avait été interprétée comme un signe d’une volonté claire de rupture avec la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue, au fil des compromis passés entre ses membres, un « super-machin » bureaucratique et sclérosé.

Projet ambitieux, l’UA avait justement besoin d’une ambition à la hauteur des défis de l’Afrique et des attentes de ses peuples. Konaré l’a incarnée et a été, pendant cinq ans, la voix et le visage du continent. Il a donné une visibilité diplomatique à la jeune organisation. Sous sa présidence, l’UA s’est imposée comme l’interlocuteur naturel et légitime de l’ONU et de l’Union européenne (UE), qui lui a apporté un soutien financier constant. En se dotant d’un Conseil Paix et Sécurité, et en décidant du déploiement de 8 000 hommes au Darfour, elle a envoyé un message fort à la communauté des nations : l’Afrique est résolue à prendre en main son destin. Beaucoup moins docile que les secrétaires généraux successifs de l’OUA, beaucoup plus enclin, aussi, à dire leur fait aux chefs d’État peu respectueux des droits de l’homme, très à cheval, enfin, sur la méthodologie démocratique, Konaré, par ses déclarations, ses prises de position et son intransigeance sur les grands principes, a grandement contribué à donner à l’UA la crédibilité morale qui faisait tant défaut à sa devancière. L’enfant de Kayes avait compris que, pour être prise au sérieux par ses partenaires étrangers (et par la rue africaine), l’organisation continentale ne pouvait en effet plus cautionner, même silencieusement, les tripatouillages électoraux et faire passer les droits de l’homme par pertes et profits. Une attitude à l’origine de quelques passes d’armes mémorables, notamment celle avec le Nigérian Olusegun Obasanjo, en février 2005, au plus fort de la crise togolaise, mais qui s’est au final révélée payante.

 

Triple Non d’ATT à Sarkozy !

Entre les présidents ATT et Nicolas Sarkozy, le courant n’a jamais passé, les deux hommes ayant entretenu des relations juste courtoises sans aucune cordialité. Le premier contact entre les deux hommes avait déjà eu lieu dans des conditions mouvementées. Ministre d’Etat de Jacques Chirac en charge de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, pour parfaire sa stature présidentielle, avait choisi de faire une tournée africaine au Mali et au Bénin, disait-il pour célébrer deux expériences démocratiques réussies. Après l’accord des deux pays à le recevoir, Sarkozy sort de son chapeau son fameux projet de loi sur « l’immigration choisie » et poussera la provocation jusqu’à la faire voter le jour de son arrivée au Mali.

Entre colère et dignité, le président ATT répondra à cette manipulation politique par la fameuse formule : « chez nous, il n’y a pas d’hospitalité choisie. Nous accueillons tous ceux qui décident de nous rendre visite », en réponse à une bonne frange de l’opinion qui plaidait l’annulation de la visite après cet affront. Le ministre d’Etat Sarkozy tâtera le courroux des Maliens qui sont sortis le houspiller sur tous les sites qu’il a visités. Le ministre d’Etat aurait semble-t-il dit au président ATT son étonnement que la police n’aie pas réprimé la foule pour s’entendre répondre : « vous avez choisi de visiter un pays démocratique et en démocratie, les manifestations pacifiques sont tolérées. Je n’ai pas eu connaissance qu’un membre de votre délégation a subi une atteinte à son intégrité ». Rideau !

Devenu président de la République française, Nicolas Sarkozy foulera le sol malien pour la seule et unique fois, en février 2010. En visite au Rwanda, il avait été informé de la libération de l’otage français, Pierre Camatte, après trois ans de captivité dans le désert malien…

En fait, depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir le 16 mai 2007 (soit deux semaines après le plébiscite d’ATT dès le premier tour pour son dernier mandat), les relations entre le Mali et la France ont dégringolé. Fondamentalement, trois gros dossiers constituaient des obstacles sur l’axe Bamako-Paris : l’ouverture d’une base française à Sévaré (Mopti), l’accord de réadmission sur l’immigration, et la lutte contre Aqmi et les cellules terroristes au nord du Mali.

La rupture définitive entre ATT et Sarkozy est intervenue après l’éclatement du conflit libyen quand l’Elysée pressait les chefs d’Etat africains pour qu’ils se démarquent de Mouammar Kadhafi. Or, ATT était parmi les dirigeants africains qui avaient décidé de soutenir le Guide libyen jusqu’au bout. Cela malgré les pressions de Paris.

Pour en revenir aux griefs de Sarko à ATT, l’implantation d’une base militaire française à Mopti figure en bonne place dans la pomme de discorde entre les deux chefs d’Etat.

Base française ? C’était là une forte volonté de Nicolas Sarkozy. Le président français multiplia les démarches en direction des autorités maliennes. La dernière en date aura été l’envoi auprès d’ATT d’un officier, conseiller à la sécurité à l’Elysée. Celui-ci effectua une visite discrète à Bamako en fin 2010. Selon une bonne source, l’officier français serait arrivé à bord d’un avion privé. De l’aéroport, il serait allé directement à Koulouba (nuitamment) pour rencontrer le président Touré. Les deux hommes s’étaient connus en Centrafrique, au moment où ATT était médiateur. Après un long entretien, ils n’ont pu s’entendre. ATT aurait indiqué à son interlocuteur que l’accord de coopération militaire signé entre le Mali et la France permettait de prêter un concours limité dans le temps à la France pour traiter une situation ou une menace, mais qu’à l’année de célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Mali, il ne sera pas le chef d’Etat qui autorisera l’installation définitive d’une base française sur le territoire malien. Le président ATT a suggéré à nos amis français de s’inspirer de l’exemple de notre partenariat avec les USA, dans le respect de notre souveraineté.

En effet, au même moment, les Américains renforçaient leur coopération militaire avec le Mali, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Des manœuvres militaires entre les forces des deux pays se succédaient à un rythme soutenu, soit à Bamako et/ou dans les localités du nord. Ce n’était guère un secret, les Américains s’étaient confortablement installés à Gao. Cette présence américaine agaçait l’Elysée. Et ATT, à cause de cette présence américaine au nord, s’est retrouvé dans le collimateur de la France de Sarko et du voisin algérien (qui considérait le nord du Mali comme une arrière-cour).

Désaccord sur l’accord de réadmission : Le fossé entre Bamako et Paris avait commencé à s’élargir, lorsqu’en 2008, Sarkozy a soumis aux pays africains un projet d’accord de réadmission sur l’immigration.

Les accords de réadmission sont une convention entre deux États, visant à contraindre l’un d’entre eux d’accepter de recevoir des personnes qui peuvent être, ou non, ses ressortissants, et qui viennent d’être expulsées par l’autre État.

L’accord avec le Mali était axé sur trois points : la lutte contre l’émigration clandestine, l’accès des émigrés au marché du travail et l’immigration choisie.

Mais très vite, des divergences sont apparues entre Paris et Bamako. Finalement, les autorités maliennes refusent de signer cet accord qui était une des promesses de Sarkozy dans le cadre de sa politique d’immigration. Le président ATT a dit niet à un accord qui permettait sur la base du simple soupçon d’appartenance, d’expulser tout clandestin vers le pays supposé être le sien, avec la bénédiction de ses autorités consulaires basées à Paris. Le délit de faciès, en somme !

Les Maliens gardent encore à l’esprit le sort réservé à la délégation française conduite par Patrick Stefanini, arrivée à Bamako le 7 janvier 2009, dans le but de signer sous pression, les accords de réadmission avec les autorités maliennes. Sous la pression des associations de la société civile et des milliers de Maliens vivant en France, ainsi que sur la conviction personnelle du président ATT, le gouvernement malien, pour la 4èmefois consécutive, avait refusé d’apposer sa signature sur un document qui autoriserait la France à chasser nos compatriotes résidant sur son territoire.

Face à ce refus malien, la délégation française conduite par le secrétaire général du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, venue en précurseur, était repartie sur la pointe des pieds rejoindre à Ouagadougou le ministre Brice Hortefeux en tournée ouest africaine.

Ce dernier niet de Bamako a été (très) mal digéré à Paris. Il fallait faire payer cher cet affront au président malien, qui a été le seul à rejeter le document de Sarkozy. Tous les Maliens se souviennent encore là de la formule de ATT disant qu’il ne relevait pas de son devoir de collaborer à l’expulsion de ses compatriotes immigrés quel que soit leur statut.

Lutte contre Aqmi : A son arrivée au pouvoir en 2002, le président Touré était conscient que la question du nord allait occuper une grande partie de son mandat… L’insurrection déclenchée à Kidal le 23 mai 2006 a été un coup de semonce pour le pouvoir. Dès lors, Kidal est rentrée dans un cycle infernal de violences, avec des attaques, des prises d’otages et des tensions interethniques…

Au-delà, le nord du Mali était devenu une zone d’insécurité par excellence où se côtoyaient différents groupes terroristes, djihadistes et mafieux. Une zone où les enlèvements d’Occidentaux se multipliaient. Au centre de ces actes criminels, se trouvait Aqmi. Et l’Elysée avait décidé de mener une guerre par procuration contre cette organisation criminelle. Une guerre que devrait mener le Mali et la Mauritanie. Si la Mauritanie a accepté de jouer le jeu français par l’entremise du président Abdel Aziz, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat et qui cherchait à plaire aux Français, le Mali à l’injonction, en inscrivant son action dans le cadre d’un plaidoyer pour une initiative régionale de lutte contre le terrorisme.

Et la conviction du président malien était : c’est une menace transfrontalière qui nécessite que tous les pays de la bande sahélo-saharienne conjuguent leurs efforts… Cette réflexion de bon sens va aboutir, avec 11 ans de retard, à la création du G5-Sahel ! Face à un Sarkozy qui ne veut que des interlocuteurs couchés, cette attitude de dignité va faire de ATT la seconde cible après Kadhafi. La France mobilise ses espions pour encadrer la rébellion de janvier 2012, met ses médias au service de la propagande du MNLA qui va même proclamer « l’indépendance de l’AZAWAD » sur le plateau de France 24. Elle met aussi à contribution ses alliés du voisinage, le président mauritanien pour le soutien logistique aux rebelles et Blaise Compaoré pour leur parrainage politique. Et pourtant cette rébellion était surtout militairement animée par Ansar Dine de IYAD AGHALI et le MUJAO qui ont été le bras armé d’une lutte prêtée au MNLA sous le bienveillant regard de la France.

Ces forces du mal, utiles à la cause un temps, se révèlent aujourd’hui le cauchemar de la France et la tragédie du Mali et de la sous-région.

Mohamed Sylla

 L’Aube  1070 du 27 mai 2019

 

Commentaires via Facebook :

22 COMMENTAIRES

  1. Le Sénégal a bataillé seul pendant plus de 25 ans contre les rebelles de Casamance

    La RDC est dans la même situation ..Mais ce sont ses troupes qui mènent le combat

    Le Mali qui n’avait pas d’armée préparée a été dépassée par les événements..
    Mais compte tenu de toutes les erreurs que fait ce pays ce conflit peut durer aussi longtemps qu’au Sénégal et en RDC
    La presse française vient de livrer aux français le jugement aigri et sans réflexion de certains maliens qui critiquent l’armée française..et la France
    On dit Vox populi, Vox deï ….permettez moi d’en douter
    La corruption est partout , le crime n’est pas puni et ce pays se focalise sur un territoire dont les habitants ne se battent pas ouvertement contre l’état central comme au Sénégal !!!
    Il faut dire que les accusations de l’homme de la rue a été complaisamment relayé par la presse malienne ..
    Pourquoi ?..au nom de la liberté de la presse ?……En cette liberté serait liberticide car l’accumulation
    fait de ce pays une poudrière!

    • Moi pour ma part j’aimerai que la France n’aide plus ce pays ingrat , qui tous les jours depuis quelques années met en place l’insuccès des troupes engagées..
      L’argent dépensé pourrait être utile en France à tous ceux qui tous les samedis occupent les ronds points
      en criant qu’ils sont pauvres..

  2. Aucun d’entre eux n’a été bien pour ce peuple malien toujours résilient et qui souffre dans sa chair sans limite depuis la colonisation jusqu’à ce jour. Chacun d’entre eux est venu servir leurs clans en piétinant le pauvre peuple malien. A la colonisation, ce peuple s’est battu avec toute son énergie en espérant que l’indépendance serait une délivrance pour lui et tout le monde a vu comment ce régime socialiste de Modibo KEITA a remercié ce pauvre peuple en lui privant même de la simple nourriture, nous avons vu que pour avoir un kilo de riz par personne et par mois comment les maliens se débattaient aux portes des coopératives jour et nuit. Dans cette déchéance totale GMT a pris le pouvoir en novembre 1968 en ballonnant sans pitié ce peuple, en le réduisant à sa simple expression, la recherche de la nourriture. AOK avec l’aide de la France de François Mitterrand a pris le pouvoir par les urnes truquées en imposant au peuple, le clanisme exacerbé, le vol en bandes organisées, la tricherie, le mensonge sans vergogne, l’enrichissement illicite des grands commis de l’état en détruisant tous les projets qui devraient soulager le peuple, le favoritisme, les comportements éhontés, la surfacturation, la gabegie en mettant un accent particulier sur la mise en selle de la famille, l’injustice et l’impunité. Quant à ATT il est venu par une élection totalement truquée en venant imposer au peuple malien les mêmes fléaux crées par AOK, mais cette fois-ci en exponentiels en enterrant la dignité des maliens, en détruisant toutes les valeurs cardinales de notre pays. Concernant IBK il a mis l’accent sur tous les fléaux cités ci-haut en se focalisant sur “ma famille d’abord”. Le Mali va vers un bouleversement total de sa société car la situation à atteint son seuil de blocage total du fonctionnement de ses institutions. Nous nous posons la question de savoir si réellement l’élite malien sent l’injustice et l’impunité? Le redressement des choses prendra beaucoup de temps et d’énergie avec son cortège de malheur et des dégâts collatéraux qui atteindraient en général les plus innocents sans équivoque.

  3. Honnetement le roi MAUDIT de segou si tu nous parles de l’UDPM c’est que tu ne sais meme pas c’est quoi la democratie! Moussa Traore est un sanguinaire dictateur, et un voleur du denier publique qui avait mis le marche d’exportation des mangues et tous les marches publiques de l’armee la gendarmerie, la garde republicaine et la police sous la gestion de son epouse Mariam Cissoko et la douane sous la gestion de son beau-frere Doua Cissoko. Moussa a ramene le Franc CFA au Mali au detriment de notre fierte: le Franc Malien que Modibo avait introduit et dignement. Tu es un fils d’ignares, MALANKOLON DEN ani BILAKORO DEN et un digne fils de wuruwaye avec un QI inferieur a celui d’une vieille anesse.

  4. Drôle d’écrit..

    Quand on parcours ce journal , ce sont beaucoup d’articles concernant la France

    Bizarre pour un pays indépendant…et qui parle de refus

    Un vrai cas d’école

  5. Un peuple ne peut pas se nourrir uniquement que de l’histoire , on a beau en parler de long en large , il nous faut des idées politiques de sorties de crise , et surtout un projet commun de société . Mes Chers compatriotes le conflit sur notre territoire est d’autant plus inquiétant que la pauvreté des idées du champ politiques , avec plus de deux cent partis politiques pour zéro proposition de sortie de crise sur la table . Ho oui ! certains d’entre eux parlent de solutions endogène , mais les quelles avec un peut plus de précisions s’il vous plait ? Je crois la thérapie de cette crise va inviter les maliens à se montrer beaucoup plus vigilants et responsables envers le monde politique .

  6. Soyons francs…

    L’Afrique Noire n’a pas eu à combattre pour son indépendance …
    Que Modibo Keita ait demandé à la France de déguerpir n’est pas un exploit puisque la rupture était acquise…
    La Guinée a été indépendante en 1958..Là une constatation s’impose : Pour ceux qui sont allés en Guinée ils ont pu voir que pays que le pays a encore beaucoup de retard par rapport à ses voisins..
    Sékou Touré quand il est arrivé au pouvoir a laisser éclater son ressentiment contre la France, on peut le comprendre ,mais il avait la responsabilité de 5 millions de Guinéens..
    Demander un temps de transition et de transmission aurait permis de passer le pouvoir aux Guinéens
    Quelques années après Sekou Touré est devenu un dictateur sanguinaire
    Idem pour MUGABE au Zimbabwe qui patient au début de sa conquête du pouvoir a éjecté les fermiers blancs sans s’assurer que le pays pourrait vivre ..Voyez la situation ..Catastrophique
    DANS CES 2 CAS QUI TRINQUE ???…le peuple

  7. Mettre Moussa Traore dans cette liste est une honte car il a refuse d’adherer a la democratie: le pouvoir par le peuple et pour le peuple! Moussa Traore restera une honte dans l’histoire du Mali et de l’Afrique.

    • You are a shameless person!!!!!!! TU ES FONCIEREMENT IDIOT, C’EST LA SEULE RAISON TU NE COMPRENDS TOUJOURS PAS QUE LE MALI SOUFFRE EN CE MOMENT DES CONSEQUENCES DE SA MAUVAISE DEMOCRATIE!!! LA DEMOCRATIE POUR LAQUELLE PLUS DE 300 MALIENS SONT MORTS, N’A PAS PROFITE’ AU MALI!!!! LE PEUPLE VIT TOUJOURS DANS SA MISERE ENDEMIQUE ET LES GRANDS “DEMOCRATES” SONT DEVENUS DES MILLIARDAIRES!!!! CE SONT LES CONSEQUENCES DE LEUR MAUVAISE POLITIQUE ET LEUR MAUVAISE GOUVERNANCE QUI SONT LA SOURCE DE LA GRANDE ET GRAVE CRISE QUE LE MALI VIT AUJOURD’HUI!
      KINGUIRANKE’ , TU PEUX ALLER TE FAIRE FOUTRE LA’ OU’ TU VEUX AVEC TA DEMOCRATIE DE MERDE!!!! TA VERSION DE LA DEMOCRATIE N’EST PAS DIFFERENTE DE L’ANARCHIE, LA GABEGIE ET LA MERDE!!!!!
      LA PERIODE DE MOUSSA TRAORE’ EST MEILLEURE QUE LA PERIODE QUE LE MALI VIT EN CE MOMENT!!!!! KINGUIRANKE’, TU ES INTELLECTUELLEMENT MALHONNETE!!!! SI MOUSSA A TUE’ 400 PERSONNES (CHOSE QUE JE CONDAMNE AVEC LA DERNIERE ENERGIE), VOTRE DEMOCRATIE DE MERDE A TUE’ PRES DE 3 000 PERSONNES ET NOUS CONTINUONS A’ COMPTER LES MORTS!!! LE PARLEMENT DUDPM DE MOUSSA ETAIT ELU PAR LE PEUPLE! VOTRE PARLEMENT N’EST PAS ELU!!!! CE SONT LES DEPUTE’S QUI SE SONT NOMME’S!!!!! PLEASE STOP TALKING ABOUT DEMOCRACY!!!! YOU KNOW DEEP DOWN WHAT WE HAVE IN MALI IS NOT DEMOCRACY!!!!

      • Hey petit, si tu crois que le parlement de l’UDPM était élu par le peuple, tu ne sais pas de quoi tu parles. Personne n’a jamais voté un Député UDPM, c’est Moussa qui les choisissait parmi trois noms qu’on lui fournit et quand il aura fini de les sélectionner, il soumet la liste des 83 Députés à un référendum. Tu votes pour tous les Députés du Mali en même temps ou tu les rejettes tous. Ça c’est quelle élection ? 😀😀😀😀😀

        • Sous Moussa, Le peuple avait le choix entre voter ou rester a’ la maison! NOS FAUX DEMOCRATES D’AUJOURD’HUI NOUS DISENT QUE LE PEUPLE N’A PAS BESOIN DE SE FATIGUER CAR EUX ILS VOTENT A’ LA PLACE DU PEUPLE POUR……. S’ELIRE …. depute’s de la republique!!!
          LE DEPUTE’ VOTE POUR LUI MEME AFIN DE RESTER RESTER… DEPUTE’!!!
          COMBIEN D’ARGENT A ETE’ DEPENSE’ POUR CE PARLEMENT ILLEGITIME ET ILEGAL? QUEL EST LE SALAIRE DU DEPUTE’? QUEL EST LE BUDGET DE L’ASSEMBLE’E? QUEL EST LE BUDGET DU CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION? IMAGINEZ CE QUE LE MALI POUVAIT FAIRE AVEC TOUT CET ARGENT QU’ON JETTE AUX DEPUTE’S NON ELUS DEPUIS PRES D’UN AN!!!
          MOUSSA TRAORE NE FERA JAMAIS LES GROSSES FAUTES QUE NOUS VOYONS QUOTIDIENNEMENT CHEZ NOS “DEMOCRATES”! MOUSSA A UN SENS ELEVE’ DE L’HONNEUR ET DE LA DIGNITE’! LES PAUVRES REVOLUTIONNAIRES DU 26 MARS 1991 SE SONT RETROUVE’S DU JOUR AU LENDEMAIN PATRONS DU MALI AVEC SES MILLIARDS DE FCFA ET SES AUTRES RECHESSES. ILS ONT PERDU LA TETE!!!!! ILS SONT PRESQUE TOUS DEVENUS DES MILLIARDAIRES SUR LE DOS DE L’ETAT MALIEN!
          ALLAH KA BE’ SON HAKILI GNOUMAN NA!!!!

          • Honnetement le roi MAUDIT de segou si tu nous parles de l’UDPM c’est que tu ne sais meme pas c’est quoi la democratie! Moussa Traore est un sanguinaire dictateur, et un voleur du denier publique qui avait mis tous les marches publiques de l’armee la gendarmerie, la grade republicaine et la police sous la gestion de son epouse Mariam Cissoko et la douane sous la gestion de son beau-frere Doua Cissoko. Tu es un fils d’ignares, MALANKOLON DEN ani BILAKORO DEN et u digne fils de de wuruwaye avec un QI inferieur a celui d’une vieille anesse.

  8. C’est le 20 Janvier 1961 soit 4 mois après la déclaration de l’indépendance du Mali qu’il a été demandé à l’armée française de déguerpir, pas en 1960 comme le répète l’article.💡💡

  9. Belle brochette de dirigeants qui ont pris le pouvoir par la force pour certains , ou qui ont été des dictateurs pour d’autres …
    Modibo Keita renversé par la force puis emprisonné, mort étrangement dans sa cellule
    Moussa Traoré militaire devenu tyran renversé et emprisonné
    ATT général victime d’un coup d’état par un soldat qui a tué d’autres militaires , mais toujours pas jugé

    Cette écrit voulait mettre en avant des héros de la décolonisation , mais au final beaucoup ont mal fini et surtout ont fait du mal à leur peuple..
    Regarder deux dirigeants maliens étaient des militaires , malgré cela ils ne se sont pas occupés de l’armée malienne et on en voit le résultat aujourd’hui..
    Mohamed Sylla on vous a peut-être demandé de faire cet écrit mais votre démonstration même si c’est pas mal écrit tombe à l’eau…
    Certains (les moutons) ne relèverons que certains mots : décolonisation, refus
    Pourquoi la France a t-elle voulu aider ce pays ? …Si mal dirigé !!!

  10. Oui, je confirme. Chacun de ces dirigeants s’est émancipé de la France en sa façon. N’en déplaise aux laudateurs du régime actuel.

    • Moussa traore nous a ramene dnas le CFA en mettant fin au Franc Malien, alors soyons serieux il n’est pas digne d’etre dans cette liste!

  11. Pour ma part , apres l’analyse de l’article , les maliene ont fini de mettre tous ces anciens en prisons sauf Alpha et qui fut meme un prisonnier de Moussa en 1974 , alors que veulent reellement les maliens .
    Nous avons un probleme majeur ( mechancite , egoiste; hypocrtique , faux entre nous )
    Les ennemeis du MAli ont profite de ces maux avec la complicite de certains de nos responsables politiques pour nous vaincre

  12. La presence de Modibo Keita dans le gouvernement francais sous la colonisation
    ne l’a pas empeche de lutter farouchement pour l’independance du Mali.
    Modibo KEITA reste le plus patriote des Dirigeants maliens.

  13. Mohamed Sylla, chacun est libre de lire l’histoire a’ sa maniere!
    MODIBO KEITA ETAIT MEMBRE DU GOUVERNEMENT FRANCAIS.
    MOUSSA A SIGNE’ DES ACCORDS AVEC LE FMI ET LA BM, CE QUI A SOUMIS LE MALI AU DICTAT DES INSTITUTIONS FINANCIERES INTERNATIONALE.
    C’ ETAIT FRANCOIS MITTERAND QUI ETAIT DERRIERE LA VICTIORE DE GEORGES WASHINGTON KONARE’!
    TONTON ATT EST TONTON ATT. JE ME CENSURE
    DJELIBA SYLLA, SABALI!!

    • C’est le 20 Janvier 1961 soit 4 mois après la déclaration de l’indépendance du Mali qu’il a été demandé à l’armée française de déguerpir, pas en 1960.💡💡

Comments are closed.