Assassinat, coups et blessures volontaires: La cour d’appel de Mopti décriée

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    Le 09 août 2010, dans la Commune de Djemessegou, Arrondissement de Wo, cercle de Bandiagara, s’est produit un drame prémédité avec à la clé deux paysans assassinés. L’affaire a fait grand bruit à Bamako comme à Mopti à telle enseigne que les plus hautes autorités de notre pays ont demandé à ce que les décisions judiciaires soient respectées par toutes les parties en conflit. Des communiqués avaient même été diffusés dans ce sens par le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales.

     

    Les faits :

    Vers 10 heures du matin, quand les paysans du village de Bouroukouma dans ladite commune procédaient à la semence de leur champ, un autre paysan armé jusqu’aux dents débarque et commet son forfait. Le bilan est effroyable : deux morts sur le coup.

    Pour  rappel, c’était un champ litigieux. Après l’obtention de la grosse suite à une décision de justice rendue par la cour d’appel de Mopti, il ressort que le champ revenait de droit à la famille Damango. Le greffier en chef a même fait le déplacement dans ledit village pour expliquer la situation aux villageois et à la partie qui a perdu le procès. Toutefois, le mécontentement était perceptible sur le visage de la partie perdante et on ose croire que la démarche du greffier avait pour but d’aplanir les malentendus puisque les décisions judiciaires sont souvent source de haine et de conflits avec des dégâts collatéraux hélas regrettables.

    On se rappelle aussi que la gendarmerie de Bandiagara et le juge de paix de Bandiagara ont abattu, chacun, en ce qui le concerne, un travail remarquable, malgré le comportement peu amène de certaines personnes visant à envenimer la situation. Ce faisant, le dossier, après constat du meurtre, a été acheminé par le juge de paix à compétence étendue de Bandiagara à la chambre d’accusation qui les a retenus dans les liens de la prévention et les a renvoyés devant la cour d’assises en requalifiant les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sur la personne de Seydou Damango et de Ebé Damango.

    Le mardi 13 décembre 2011, devant la cour d’assises de Mopti près la cour d’appel présidée par le premier président de ladite cour, en l’occurrence, Zoumana Cissé et le procureur Général près la cour d’appel de Mopti Monsieur Cheickna Hammalah Fofana, comparaissaient les accusés MP/C  Karim Coulibaly et 16 autres des coaccusés.

    Les débats furent houleux, les accusés ayant voulu nier les faits, mais le procureur Général M.fofana et les témoins au nombre de quatre ont démontré, à suffisance, la culpabilité des frères Coulibaly qui ne pouvaient qu’avouer leurs fautes.

    Après, la cour s’est retirée avec 19 questions, mais ce qui nous intéresse est la question suivante : « les frères Coulibaly sont-ils coupables des accusations qui leurs sont reprochées ?

    Après lecture par le greffier, la cour, à l’unanimité, a voté « oui ». Existe t-il des circonstances atténuantes ? A cette question, elle répond là aussi par l’affirmative. Cela a déboussolé plus d’un car comment comprendre que des gens qui refusent l’exécution d’une décision judiciaire s’en prennent à des pauvres paysans et les abattent comme des chiens, puissent bénéficier des circonstances atténuantes. Il y a là deux poids deux mesures de la part de la justice qui doit se tenir à équidistance des parties en observant la neutralité. Faut-il conclure que la justice n’est impartiale au Mali ? Le pauvre a-t-il toujours tort ?

    Nous constatons que la justice est partout décriée au regard des décisions qu’elle rend tous les jours. C’est la loi du plus fort qui règne.

    Dans ce dossier, c’est un avocat, selon nos sources, qui a pris le procès à son propre compte, se tapant même souvent sa poitrine arguant qu’il est magistrat et avocat à la fois et qu’il a 30 ans de carrière derrière lui, une manière d’intimider la cour qui a fini par céder à ce chantage Selon nos enquêtes, cet avocat se passe surtout pour un homme d’affaires entre la justice et les justiciables. Il doit savoir qu’il n’a pas la carrure sur le plan professionnel des Kassoum Tapo, Me Maquette Seye, Me Mamadou Konaté, j’en passe… Par rapport aussi aux anciens magistrats ayant choisi le barreau, personne ne se comporte de la sorte. Nous faisons allusion à Maître Louis Auguste Traoré, Me Hamidou Diabaté, Me Soyata Maïga, Modibo Diakité, Mohamed Aly Bathily, Jacques Cissouma, Ilias Touré etc. La liste est longue.

    Parlons du procès où finalement les accusés n’ont écopé que de 3 ans de prison avec sursis. Suite à cette décision, la justice, à Mopti, en a pris un sacré coup. Sinon comment comprendre que des hommes s’attaquent à la vie d’autrui parce qu’ils ne sont pas contents d’une décision de justice et causent l’irréparable avec au bout des condamnations avec sursis. Et si l’autre partie décide, elle aussi, de se venger, les peines seront-elles identiques ? (Sabaga bonè na fou, c’est-à-dire, ils sont morts pour rien). Beaucoup voient derrière cette décision clémente la main invisible du ministre de la Justice Maharafa Traoré. On pense qu’il a influencé, lui aussi, sur le cours de l’affaire.

    Affaire à suivre.

     

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