La Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) de l’Université de Bamako a été, les lundi 30 et mardi 31, le théâtre de violents affrontements entre les étudiants. Ils ont opposé deux clans, celui de l’actuel Secrétaire général et celui de son adversaire aux récentes élections. Les affrontements ont causé 10 blessés graves dont un par balles réelles et se sont accompagnés d’agressions et de vols. Et l’arrêt des cours par les professeurs pour insécurité caractérisée.
Plus qu’une faculté, la FSEG ressemblait, le lundi 30 août, à un champ de bataille. Au cœur de cette tension, encore et toujours les membres de l’AEEM qui, depuis un certain moment, ont décidé de renoncer aux machettes au profit des armes à feu. Tout a commencé, dans la matinée du lundi 30 août, lorsque les deux clans, celui de l’actuel Secrétaire général, Abdoul Razak Jabar Traoré et celui de son adversaire, Abdramane Diakité, lors des dernières élections, se sont retrouvés dans l’enceinte de la faculté. Il a juste fallu d’une altercation entre certains membres des deux clans, pour que les hostilités soient lancées. C’est après, donc, des échanges de coups de poings et de machettes et pire de tirs qui ont grièvement blessé un étudiant finaliste du nom de Owen Touré, venu à la faculté ce jour pour des raisons de dossiers, que les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser la foule et sécuriser les lieux.
Cette intervention des policiers n’aura été que partie remise. Car dans la même nuit, des individus malintentionnés en ont profité pour saccager et brûler le parking. Si les hommes de Jabar, dans la matinée, ont jeté leur agressivité sur leurs adversaires au motif que ces derniers leur enviaient la gestion du parking, les partisans de Diakité ont tenu pour seuls et uniques responsables de cet acte de vandalisme, les militants de l’autre camp qui, selon eux, ont semé le désordre dans le seul but de camoufler l’acte odieux qu’aurait perpétré, l’un d’eux en la personne de Moussa Diarra dit Hitler, étudiant en 2ème année, en tirant à bout portant sur eux.
Et comme si cela ne suffisait pas, les affrontements ont repris dans la matinée du mardi 31 août et dans les mêmes conditions que la veille. C’est ainsi qu’après avoir été tabassés et chassés de la cour par les soldats de Jabar, que les hommes de Diakité, en guise de vengeance, auraient déversé leur colère, en attaquant dans la soirée, leurs adversaires au campus de la FAST.
Selon eux, c’est le bureau de coordination de l’AEEM, qui serait à la base de tous les problèmes. N’eut été, encore une fois, l’opération musclée des forces de l’ordre et l’implication personnelle du Commissaire Dafanga du 4ème arrondissement, le pire serait arrivé. Depuis lors, les enseignants ont décidé de suspendre les cours et de ne revenir que lorsque le calme sera rétabli. L’administration, quant à elle, selon une source proche du doyen, a également demandé au Rectorat à ce que les coupables soient traduits en Conseil de discipline. Cet incident, plongeant du coup les étudiants de la faculté dans une incertitude totale, un désarroi sans précédent et un KO apparemment programmé et entretenu par le laxisme de certains et l’inconscience d’autres, mérite à la fois des éclaircissements ainsi que des mesures très sévères.
La vraie version des faits
Contrairement à la version fournie par les responsables administratifs de l’Université, notamment celle relative à la gestion du parking, ce problème remonte jusqu’à la dernière élection du Secrétaire général du comité AEEM.
Rappelons que cette électioni avait été remportée par Jabar Traoré et contestée violemment par Abdramane Diakité pour fraude et irrégularité électorales. Cette situation avait entraîné, en son temps, de violents affrontements entre les deux camps qui ont été sanctionnés par des blessés très graves et l’arrestation, par le commissariat de police du 4ème arrondissement, de certains partisans du candidat déchu, notamment l’étudiant Abdramane Diakité. Après des interventions et pressions de part et d’autres, il aurait été proposé à ce dernier de libérer ses camarades, à la seule condition qu’il accepte la victoire de Jabar Traoré et de collaborer avec lui. Chose qui a été acceptée par Diakité.
Par conséquent, toujours selon un de ses proches, il devait, d’emblée, bénéficier, conformément aux engagements, du poste d’adjoint ainsi que de la mise en place d’un bureau consensuel, comprenant les membres de chacun des deux camps.
Malheureusement, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Jabar, en qualité, de Secrétaire général, aurait catégoriquement refusé d’accorder le poste de Secrétaire général adjoint à Diakité. Il se serait même opposé à la mise en place d’un bureau de consensus.
Raison pour laquelle, Diakité et ses lieutenants ont décidé de ne plus le reconnaître et de composer leur propre comité. Cette initiative a été perçue par l’autre camp comme une pure et simple violation des statuts de l’AEEM. Jabar a, quant à lui, réfuté en bloc les propos de Diakité qui, selon lui, n’a rien à lui imposer, eu égard à sa défaite à l’élection.
Plus loin, il déclare "pour l’accalmie au sein de la faculté, je me suis déplacé personnellement jusque chez Diakité en famille. Je lui ai dit clairement, que je ne pouvais pas lui donner le poste d’adjoint mais pour le respect que j’ai pour lui, je peux mettre à sa disposition 4 des 9 postes clés du comité et lui garantir la présidence de la promotion. Il a accepté le principe et l’a, par la suite, rejetée".
En ce qui concerne le cas de l’étudiant qui a tiré, Jabar a décliné toute responsabilité, en précisant néanmoins que c’est en réponse à l’agression perpétrée contre sa personne que l’intéressé a réagi de la sorte. Aux dires des uns et des autres, il est très difficile de tirer une conclusion de cette affaire aussi controversée que délicate. Tantôt c’est un camp qui se présente en victime, tantôt c’est l’autre qui se croit bon Samaritain. Face à cette situation, s’il nous est difficile et presque impossible de faire jaillir la lumière, nous pouvons tout de même situer la responsabilité des uns et des autres.
Depuis un certain moment, l’AEEM s’est avérée, au vu et au su des plus hautes autorités du pays et ce, de manière éloquente, comme la principale source de déstabilisation et d’instabilité dans nos facultés et grandes écoles.
Pendant ce temps, personne n’ose se lever et mettre fin à ce désordre qui, de jour en jour, est en train de prendre de l’ampleur, hypothéquant le devenir de tout un système, ainsi que l’avenir de milliers de jeunes innocents.
Le règlement intérieur de l’Université est mis aux oubliettes, pendant que les règles et les principes fondamentaux qui la régissent sont violés de la manière la plus flagrante : Quel Gâchis!
Fousseyni MAIGA
Stagiaire