Ibrahim Boubacar Kéita : La chute d’un bonapartiste malien

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Depuis l’annonce des résultats définitifs des législatives, des informations circulent dans la capitale, citant plusieurs noms, dont celui du président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), et du Front pour la Démocratie et la République (FDR), qui s’était déclaré front de l’opposition en vue de réaliser l’alternance en 2007.

En tant que président d’une Assemblée dont le mandat a pris fin et en tant que député élu à la nouvelle assemblée ces rumeurs sur IBK n’étonnent guère. Mais les élections de 2007 permettent de conclure à la chute d’un bonapartiste malien. Comment et pourquoi?

Rappelons que le RPM siègera au présent parlement avec 11 élus, contrairement à la législation 2002-2007, où le parti du Tisserand disposait de 44 députés. La candidature annoncée du “Châtelain de Sébénikoro”, à la tête du perchoir, le 3 septembre prochain, n’est ni plus ni moins qu’une tentative de redorer son blason terni dit-on, par les piteux résultats obtenus par les Tisserands, lors des présidentielle et législatives passées.

Le préssident des Tisserands n’a été connu de la scène politique que grâce à l’implication de Alpha Oumar Konaré, affirment les uns. Et les autres soutiennent que le Mandémansa a été “parachuté”, après avoir franchi toutes les étapes”, pour finir par combattre son “bienfaiteur”, en claquant la porte de l’Adema, pour créer son propre parti, en 2001.

On se rappelle qu’en 2002, après avoir échoué à la présidentielle,- il était arrivé 3e derrière ATT et Soumaïla Cissé- IBK avait déclaré : “Je ne serai jamais simple ministre, ni Premier ministre de qui que ce soit, au Mali. La Présidence de la République, ou rien!”. Il s’est ensuite rétracté pour se présenter aux législatives, en Commune IV.

Avec 44 députés RPM à l’Assemblée nationale, IBK pensait tenir sa revanche sur ses anciens compagnons de l’Adema. Se croyant majoritaire à l’époque ,le RPM pensait pouvoir diriger l’Assemblée ,et ses responsables, bénéficier de postes-clefs dans le Gouvernement. Mais ils avaient “oublié” qu’ils ne détenaient pas la majorité absolue pour prétendre à de telles ambitions. Aussi, leur réveil fut brutal lorsque les autres partis se sont alliés pour occuper ces postes stratégiques ,à l’exception de la Présidence de l’Assemblée. Mais nul n’ignore plus dans quelle condition cette présidence revenue à l’ex-président de l’Abeille.

Aujourd’hui, le Mandémansa a bel et bien été sauvé par la classe politique, quant à son élection en Commune IV. Pourtant, depuis la confirmation des résultats des législatives, les partisans d’IBK auraient entamé des manoeuvres d’intoxication, en vue d’une division de la mouvance présidentielle. Une manière de trouver “la faille” pour tenter de récupérer les mécontents. En fait, IBK, selon des sources crédibles, n’a pas encore digéré ses défaites politiques successives, depuis son temps à l’Adema jusqu’au RPM, encore moins pardonné à ses anciens camarades de lutte.

Pour rappel, à l’époque de sa gloire de 1994-2000, où il était Premier ministre, président de l’Adema majoritaire, IBK était considéré comme le “seul maître à bord”. Aussi, soutiennent encore ses détracteurs, le régime était quasi monarchique, et les maliens avaient assisté, impuissants, à la pire des élections jamais organisées, en 1997.

Ils se rappellent des arrestations et emprisonnements de leaders de l’opposition, tels que feux Mamadou Lamine Traoré et Almamy Sylla,Mountaga Tall, Choguel Maïga, Youssouf Traoré,… Et les représailles contre les élèves et étudiants du Mali telles que l’arrestation de leaders estudiantins comme Yéhia Ould Zarawana, Nouhoum Togo,… et le décret d’une année blanche, le 16 février 1994, alors que l’année poursuivait son cours normal. Les Maliens se souviennent du licenciement de 800 gendarmes, des répressions policières contre des associations civiles et islamiques…

Au vu du parcours politique du président du RPM, on constate que depuis 2000, il n’a guère progressé. Lui qui a pourtant mis en vogue, lors de sa dernière campagne présidentielle ,le slogan “Allah ka tignè dèmè”, semble aujourd’hui dépassé par les évènements. Peut-être qu’effectivement, Dieu a aidé la vérité?…

En tout cas, la vérité est là : IBK a obtenu un maigre score à la présidentielle et l’a échappé de justesse, aux législatives. IBK, à la tête de la présidence de l’Assemblée nationale, le 3 septembre prochain?

Une question utopique, voire impensable, pensent bien des maliens. Toujours est-il qu’il ne se priverait pas ,si possible, d’occuper ce poste, même si, selon son entourage, le président du Tisserand ne tient pas à être humilié une nouvelle fois. Pourtant, avec ou malgré ses 11 députés, IBK pourrait convoiter le perchoir, en misant sur… d’éventuelles rivalités entre les députés Adema et URD.

Aujourd’hui, la perte d’estime d’IBK étonne plus d’un ,au Mali.Ses partisans n’ont trouvé d’autre explication qu’en arguant… que leur idole est toujours victime du pouvoir.

Mais, Issa N’Diaye n’est pas de cet avis, lui qui connaît l’homme pour l’avoir fréquenté à l’Adéma et au RPM. Expliquant la descente aux enfers politiques du Mandémansa, le Professeur dit: “Le chef lui-même (NDLR:du RPM) jusque-là croyait dur comme du fer aux oracles de ses charlatans. Point d’effort, il suffisait de rester couché et bouche bée pour recevoir le nectar du pouvoir dans le palais. C’était déjà écrit au ciel, assurait-on! Tout ne lui avait-il pas réussi jusqu’ici? Lui qui rêvait au plus d’être ambassadeur au bord de la lagune d’Abidjan? Quel destin fulgurant accompli grâce au Maître magicien Alpha Oumar Konaré?…”

Sadou BOCOUM

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