Après la présidentielle : Quel avenir pour les amis d’ATT ?

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Ceux qui ont choisi de se présenter à la présidentielle ont eu le mérite de s’être évalué, même si par ailleurs quatre d’entre eux ne sont pas d’accord avec le poids qui leur a été attribué. Mais ceux qui ont choisi de marcher dans l’ombre de ATT attendront encore cinq ans pour savoir ce qu’ils valent plus ou moins. En politique, cela peut se payer chèrement.

Nous n’en sommes pas encore à l’épilogue de la présidentielle du 29 avril dans la mesure où la Cour constitutionnelle n’a pas tranché le contentieux électoral et donné les résultats définitifs du scrutin.

Il est donc tôt pour tirer tous les enseignements de cette échéance. Cependant par rapport aux acteurs politiques, des remarques et des projections peuvent être faites sans tomber dans de la politique fiction.

Nous partons de l’existant pour bâtir des hypothèses.

Ainsi peut-on classer les ténors de la classe politique dans deux catégories. La première comprend ceux qui, sur la base de choix personnels et de considérations propres, ont décidé de s’aligner derrière Amadou Toumani Touré, de le soutenir et de le faire réélire. Ils ont donc mis sous le boisseau leurs propres ambitions forçant au passage, pour certains, la main de leur base.

En l’occurrence, l’exemple le plus emblématique demeure le cas de l’Adema dont le premier vice-président a choisi une autre option, provoquant du coup son exclusion du parti.

La seconde catégorie comprend les leaders politiques ayant choisi de croiser le fer avec Amadou Toumani Touré (ATT) et de lui disputer le fauteuil présidentiel. Ce choix nous paraît positif et porteur d’espoir pour notre démocratie pour la simple raison qu’il entretient la contradiction, ferment du système politique que nous avons choisi.

Au delà de toutes autres considérations, ils ont par dessus tout accepté de s’évaluer et d’entrer en communion avec leurs militants. Cet exercice a une haute portée politique parce que ceux qui s’y soumettent se donnent une chance de corriger leurs éventuelles lacunes dans l’optique de mieux rebondir. Certes, les pourcentages attribués cette fois-ci aux adversaires de Amadou Toumani Touré sont contestés par quatre d’entre eux (Ibrahim Boubacar Kéïta, Mamadou Bakary Sangaré “Blaise”, Tiébilé Dramé et Soumeylou Boubéye Maïga), mais l’aspect positif de la chose est qu’ils ont donné une fois de plus l’occasion aux citoyens d’avoir un éventail de choix.

Nous n’allons donc pas nous étaler outre mesure sur cette catégorie. S’agissant maintenant de la seconde catégorie, notre propos n’est pas de jeter la pierre à ses tenants, mais de tenter d’analyser les implications politiques de leur choix. Ils ont décidé de soutenir la candidature de Amadou Toumani Touré et d’engager leurs formations à ses côtés et cela est bien une modalité de participation à l’exercice démocratique qu’est l’élection présidentielle.

Seulement, en choisissant cette voie, ils n’ont pas non seulement laissé une grande marge de manœuvre à leurs militants, mais aussi et surtout, ils ne se sont pas donné une occasion de connaître leur marge de progression entre 2002 et 2007.

Aucun de ces leaders ou partis n’est aujourd’hui en mesure de quantifier sa participation à l’effort commun ni d’évaluer sa part dans la victoire finale. Seules les prochaines législatives donneront quelques indications sur la représentativité des partis politiques. Mais leurs leaders devront attendre encore cinq ans pour connaître leur poids réel et l’estime que le peuple a pour eux.

Cette situation met tout homme politique au milieu d’un prisme déformant et entame sérieusement sa capacité intrinsèque de négociation. C’est un prix bien élevé qui, nous souhaitons pour eux, sera compensé par les récompenses post-électorales qu’ils devront recevoir.

Malick Sy

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