ATT réitère son appel pour une véritable réconciliation nationale : Vers la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation ?

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Décidément le thème de la réconciliation est un sujet cher au président de la République qui vient, encore une fois, de l’évoquer dans son discours d’ouverture de la Biennale artistique et culturelle du Cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, le 19 décembre dernier à Sikasso. En insistant, une fois de plus, sur l’impérieuse nécessité de la question, ATT souhaite vivement qu’une véritable réconciliation nationale puisse se réaliser sous son mandat.

C’est dire que la réconciliation, qui a été le maître mot du discours à la Nation du président de la République, demeure toujours d’actualité même si elle est encore loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique, voire des populations maliennes.

Dans son discours à la Nation, diffusé sur l’ORTM le 21 septembre 2010, le président de la République invitait "le peuple à se réconcilier avec lui-même" car, pour le président ATT, il faut "agir pour que toutes les filles et tous les fils du Mali se rapprochent…et enracinent dans les cœurs et les esprits, le pardon". Surtout que "le Mali n’a jamais arraché une seule page de son histoire".

Dans son discours à la cérémonie d’ouverture de la Biennale artistique et culturelle du Cinquantenaire, le président de la République est revenu sur la question en rappelant que le "chemin parcouru par notre pays n’a pas été un long fleuve tranquille ; bien au contraire, il a été jalonné d’épreuves. Mais, le Peuple du Mali n’a jamais arraché une seule page de son histoire ; il a gardé intacte la mémoire de son parcours. Des Maliennes et des Maliens ont, certes, enduré des souffrances, porté des deuils, que les circonstances leur ont imposés, mais notre peuple n’a jamais accepté de tourner le dos à l’avenir".

Avant d’émettre un vœu : "L’appel du destin commun, la vision partagée du futur, au-delà des vicissitudes du passé, l’ont incliné non à s’enfermer dans le ressentiment, mais à agir pour que toutes les filles et tous les fils se rapprochent, pour que les fractures se referment et génèrent des attitudes positives riches de fraternité et de spiritualité".

Et de lancer un appel : "Je voudrais demander à notre peuple et à la jeunesse de réfléchir, avec nous, à la manière la plus adéquate d’avancer sur le chemin de la réconciliation nationale… Puisse la célébration du cinquantenaire de notre accession à la souveraineté, ouvrir de nouvelles avenues, dans cette direction et enraciner encore plus profondément, dans les cœurs et dans les esprits, le pardon et la réconciliation".

Déjà en 1992, en transmettant le pouvoir, après la Transition démocratique, ATT avait déclaré à propos de l’évolution politique de notre pays, en disant : «Il faut que la sagesse inspire à notre pays la clémence, et que son peuple se réconcilie définitivement avec lui-même. Mais le pays ne peut pas oublier ceux qui sont morts en combattant pour la liberté et nous ne cesserons jamais de rendre hommage à leur mémoire… Ceci exige légitimement non point qu’ils soient vengés, car l’avenir ne se construit pas sur la vengeance, mais que le droit soit dit. C’est à ce prix que le passé cessera de constituer pour chacun de nous un insupportable fardeau». 

Comme on voit aujourd’hui, de 1992 à 2010, la voie de la réconciliation nationale est toujours jonchée d’embûches, de non-dits, de récriminations, d’accusations mutuelles et de rancœurs tenaces.

Le fossé entre les pro- et les anti-réconciliation semble s’agrandir chaque jour davantage alors que c’est, si la question avait été bien posée, tout le contraire qui allait se produire. Maintenant que le président de la République s’engage lui-même à prendre le taureau par les cornes, il est possible qu’il puisse ouvrir un sillon dans cette difficile mais combien exaltante voie de la réconciliation nationale.

Dans ces conditions, il serait utile que le président ATT aille au-delà des appels pathétiques sans véritable répondant. Qu’il cesse de prêcher dans le désert en proposant, par exemple, l’idée d’une "Commission Vérité et Réconciliation" à la Sud-africaine. Avec pour mission de passer au peigne fin toutes les pages sombres de notre histoire contemporaine avec pour finalité : le pardon.

A suivre.

Mamadou FOFANA

 

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