Casus Belli entre les musulmans et Ibk : S’il le faut, ils choisiront Dieu et le Mali contre le président de la république

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Moussa Boubacar Ba, président de Sabati 2012
Moussa Boubacar Ba, président de Sabati 2012

Après le Chérif de Nioro et ses ouailles, les leaders de Sabati 2012, du Haut Conseil Islamique et de l’Amupi se disent déçus et trahis par IBK qui n’a comblé ni leurs attentes, ni celles du peuple. Ils lui lancent un solennel avertissement avant que l’orage ne gronde.

La menace était à peine voilée, faite pour être perceptible. Elle n’est donc pas passée inaperçue lors du forum du 7 février 2015 au CICB dans les propos de Boubacar Bah, président du Mouvement politico-religieux Sabati 2012 organisateur de l’événement et de Mahamoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, des soutiens de première heure d’Ibrahim Boubacar Kéïta, quand il briguait la magistrature suprême en 2013. Le premier a déclaré le peuple, acteur de son plébiscite, pour lequel le président de la république n’a désormais aucune considération, déçu de sa gestion. « Il faut que cela change », a-t-il lancé, avant de l’inviter à écouter cette voix souveraine. Quant au second, mettant au pilori avec amertume la gestion de la crise du nord et politique d’IBK, il a déclaré qu’il ne le suivra jamais dans ses dérives d’une gouvernance marquée par la corruption et la délinquance financière. En terminant ses propos par cette mise en garde : « La responsabilité pour qu’il n’y ait pas de chaos incombe en premier lieu au chef de l’Etat. Aujourd’hui, le peuple malien nous fait confiance et cette confiance doit être restaurée ».

De la lune de miel aux désillusions

Après une période euphorique de lune de miel, celle de l’après présidentielle et législatives où les accords étaient constants entre IBK et les associations musulmanes d’une manière générale, qui ont soutenu son projet de société, les choses ont commencé à se détériorer d’abord avec le Chérif de Nioro qui n’avait pas été content du sort fait au général Amadou HAYA SANOGO, le chef de file du coup d’Etat de mars 2012 contre le président ATT et ses compagnons « qui avaient débarrassé le pays d’un régime corrompu et sans considération de l’Islam ».D’où l’ire un très influent homme de Dieu qui a ainsi pris ses distances avec le Kankélétigui qui avait trahi sa promesse. Ces liens distendus n’allaient plus jamais se raffermir tout à fait. La famille du Chérif, le patriarche et son fils ainé Oumar Haïdara dit le Mollah Oumar, avait ensuite pris sous son aile protectrice le ministre de la justice, garde des Sceaux dont la croisade contre la corruption de la justice et la délinquance financière l’avait séduite. Ce dernier avait eu un sursis malgré la levée de boucliers contre lui des syndicats de la magistrature qui finiront par avoir raison de lui avec leur pression continuelle exercée sur Koulouba. Avant, il y a eu le cas Mara alors Premier ministre, très proche des musulmans, surtout les wahhabites, à cause disait-on de sa piété et de l’attention constante qu’il accordait aux affaires islamiques et à la communauté des fidèles musulmans. Les marches de soutien des jeunes et femmes des associations islamiques pour les actes qu’il a posées à la tête de la Primature et le lobbying des leaders religieux musulmans n’ont pas suffi. Il a été remercié par le président Ibrahim Boubacar Kéïta de manière très peu diplomatique. Ce qui a ajouté au contentieux.

Les siens viennent de reconnaitre l’ex premier ministre le 8 février dernier à travers un trophée que les femmes musulmanes de la commune VI lui ont décerné. En l’occasion, ces femmes ont salué « sa piété, son patriotisme et l’immense travail qu’il a abattu au cours de son séjour à la primature ».

Faut-il parler de l’intermède de l’élection du bureau du Haut Conseil Islamique dans lequel IBK s’était immixtié en soutenant de manière maladroite Mahmoud Dicko contre une fronde de leaders opposés à sa réélection qu’il avait publiquement humiliés par des propos très cavaliers? A la suite de ce grave incident, le HCI a failli éclater. La création d’une institution bis avait même été envisagée par les dissidents. Il a fallu beaucoup de médiations pour refaire l’unité du monde musulman.

Un deal avec les musulmans expressément notifié jamais respecté

Malgré ces couacs, IBK ne privait pas de demander régulièrement à ces leaders et à toute la communauté musulmane des prières et des bénédictions pour surmonter les problèmes et l’accompagner dans la sortie de crise.

Mais il avait feint d’oublier qu’il avait promis de consulter régulièrement les leaders religieux, pas seulement musulmans, sur les sujets de préoccupations de l’heure qui engagent le devenir du pays et de la nation malienne, pour recueillir et prendre en compte leurs avis éclairés. Le deal avait été expressément notifié dans un mémorandum entre lui et le Mouvement Sabati 2012 avant la présidentielle de 2913. Ce document important contenait des recommandations et accords sur la justice, la crise du nord, la sécurité, la santé, la religion, les valeurs éthiques et morales, l’enseignement et la formation, l’agriculture et enfin la gouvernance.

En ce qui concerne ces dispositions la plupart n’ont pas été prises en compte, notamment la punition des infractions commises par certains responsables politiques dans l’exercice de leur fonction ; de même en ce qui concerne la crise du nord le dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés afin d’éviter toute frustration sociale et renforcer le processus de réconciliation nationale en évitant toute forme d’impunité. Au titre de la sécurité,contrairement aux engagements formalisés, la présence des forces armées républicaines sur toute l’étendue du territoire national et particulièrement dans les cercles des régions du nord du Mali n’ont pas été maintenues et renforcées. Passons sur les valeurs éthiques et morales plus que jamais bafouées pour nous intéresser à la gouvernance d’une manière générale. Le quotidien des ménages n’a pas été assuré par une large accessibilité aux denrées de première nécessité comme promis, nos valeurs socioculturelles n’ont pas été intégrées dans les politiques de gouvernance et l’application des états généraux du foncier est devenu un leurre face à une explosion sans précédent de la spéculation foncière et l’impunité des prédateurs fonciers qui narguent quotidiennement leurs victimes.

IBK devenu Charlie ?

La marche du président de la république à Paris bras dessus bras dessous avec le Premier ministre  israélien bourreau du peuple palestinien et le président François Hollande pour soutenir l’hebdomadaire Charlie qui a commis le crime imprescriptible de..Blasphémer le prophète de l’Islam Mahomet (PSL) avec des caricatures insultantes a provoqué l’ire de toutes les associations musulmanes et de l’Umma, la communauté musulmane exprimée par des manifestations à Bamako et à travers le pays.

Contrairement à IBK, cette communauté de plus en plus ulcérée ne se reconnait pas en Charlie. Elle met désormais, à travers ses représentants et porte paroles, les leaders religieux, la balle dans le camp du président Ibrahim Boubacar Kéïta. Et c’est Mahamoud Dicko, l’ami personnel d’IBK qui a porté l’estocade en dénonçant sans porter de gant, publiquement, IBK et son régime en ces termes : « Aujourd’hui, aucun des problèmes du Mali ne connait un début de solution. Pis, la  situation du nord se dégrade de plus en plus, la corruption et la délinquance financière atteignent des proportions inquiétantes. Le pays est très mal géré. Le responsable de cette mauvaise gestion n’est autre que le premier responsable du pays en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéïta » En allant plus loin, il a déclaré avec gravité : « Et bien qu’il reste mon ami, je ne le suivrai jamais dans cette voie au détriment du peuple et de ma religion ».

Ce singulier est un pluriel qui englobe toutes les institutions musulmanes, leurs leaders, les imams, prêcheurs et la majorité musulmane qui, par la voix de Mahamoud Dicko, recommandent  à IBK de « se ressaisir très vite pour le bonheur de la nation ».

Un dernier bras de fer en date oppose le régime d’IBK aux musulmans à travers la loi proposée par le RPM et la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale sur la promotion du genre dans les postes nominatifs et électifs. L’Amupi s’y oppose catégoriquement, à l’instar de beaucoup d’autres associations musulmanes très peu enclines à accepter la gouvernance des femmes. Encore une grosse épine dans les pieds du président Ibrahim Boubacar Kéïta, qui n’en finira jamais avec les musulmans, en face desquels il a eu l’imprudence de faire des promesses qui valent à leurs yeux paroles du Saint Coran.

Oumar Coulibaly   

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2 COMMENTAIRES

  1. Mais vous nous racontez des salades et surtout je vous prie de faire la mise à jour de vos vocabulaires(français trop vieillis, et qui ne sont plus employés à l'académie française) avant de les employer dans vos pub

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