Droit d’en parler :18 élections en 2011 sur le continent : Le syndrome Gbagbo et le message tunisien inspireront-ils ?

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Laurent Gbagbo, 5 mars 2011, Abidjan

Si le ridicule tuait, l’Afrique, j’en suis sûr, aurait connu moins de drames liés aux élections. Parce que, dans chacun de nos pays, les plus hauts dirigeants seraient toujours morts avant la fin de leurs mandats. Et il y aurait eu moins de candidats à la mort. Malheureusement, le ridicule ne tue pas ; pire, il semble ennoblir ces hommes politiques qui se rient de la souffrance, de la misère et de la mort des peuples pour lesquels ils prétendent prendre le « risque de gouverner », peuples auxquels ils disent « rendre service ».

Et c’est parce que nos dirigeants sont des monstres nombrilistes et inconséquents que j’ai peur pour cette année 2011.

 Dix-huit élections sur le continent ! Y compris la prochaine présidentielle en Tunisie. Et celle de la République centrafricaine dont le premier tour a eu lieu le dimanche 23 janvier. Dix-huit élections, cela suppose dix-huit menaces et autant de risques pour le pays concerné de sombrer dans un chaos anti-démocratique. Comme en Guinée, plus récemment. Comme en Côte d’Ivoire, où la chienlit et les charivaris de la haine distillés par la radio et la télévision de l’Etat persistent grâce aux ego qui résistent. Comme, moins récemment, au Togo, au Zimbabwe, au Kenya, pour ne citer que les cas les plus flagrants, les plus violents, les plus sanglants, les plus révoltants.

Cependant, le sentiment de révolte ne vient pas seulement de l’expression par la violence pré ou post électorale d’un pouvoir « para théocratique », mais surtout des résultats grossiers et fantaisistes à la soviétique qui infantilisent des citoyens frustrés, volés, humiliés, écrasés par le poids d’une dictature omnipotente qui a tout pour faire taire ceux qui pensent autrement. L’exemple du Burkina-Faso dont le président sortant a été plébiscité par les Burkinabé avec plus de 80% des voix, est le meilleur indice de l’hyper-puissance de ces pouvoirs africains aux réflexes «démocratophages». Des pouvoirs qui nous font reculer dans un processus de sous-développement mental. Au grand dam d’une jeunesse chosifiée quand elle est docile, ignorée quand elle se montre critique, matraquée quand elle revendique.

2011. Dix-huit élections ! Le syndrome Gbagbo et ses conséquences sur les populations ivoiriennes aideront-ils les candidats à la présidence à comprendre que la sagesse exige que la volonté du peuple mérite d’être respectée et qu’il y a plus de dignité à reconnaître sa défaite qu’à s’opposer à la victoire de son adversaire ! Je veux bien l’espérer. Je veux espérer que les dirigeants de l’Afrique subsaharienne comprendront aussi le message tunisien. A travers ce soulèvement inattendu toujours en cours qui a ébranlé bien des certitudes et qui brisera bien des rêves. Nos dirigeants doivent donc se rendre compte que le peuple tunisien est en train d’ouvrir la porte de tous les possibles contre eux. Ainsi, des hommes et des femmes, jeunes et vieux, peuvent décider de relever le défi de la force, du bâillonnement, du musellement et de l’endoctrinement pour affronter le mur de la dictature, la colère des cerbères, les armes des gendarmes. Des hommes et des femmes, jeunes et vieux, peuvent se lever, spontanément, pour crier leur trop-plein de frustration et d’humiliation. Pour dire « NON, trop c’est trop ! », quand le vase déborde d’injustice, d’insouciance, d’iniquité et de perfidie.

Pour le moment, les peuples africains, même ceux qui ne sont pas directement concernés par les élections, sont dans la galère de la misère. Les prix flambent sur le marché. Le riz, le sucre, l’huile, le gaz, le charbon, entre autres, deviennent quasiment inaccessibles sinon introuvables.

Comment donc le citoyen ordinaire pourra-t-il s’en sortir dans ces conditions ? Surtout que les autorités, dans chaque pays, semblent plus préoccupées par la conservation de leur siège et ne réagissent pas à la grogne sociale qu’elles minimisent ou banalisent. Peut-être la foi ici devra jouer longtemps en faveur de l’espérance qui sait faire attendre un nouveau jour. Mais jusqu’à quand ? Une chose est claire : quand les éléphants se battent, ce sont les herbes – et tout ce qui y vit – qui meurent. Malheureusement. Triste réalité dans une Afrique en plein tango !

Bien à vous !

 Minga S. Siddick

 

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