Club de la presse de Radio-Kledu : Passe d’armes entre l’opposition et la majorité

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La majorité présidentielle et l’opposition naissante avaient sans doute hâte de  s’affronter. L’occasion leur a été donnée, samedi, par la Radio Keldu, lors de sa tribune qu’elle offre aux composantes de la classe politique et de l’élite maliennes.   
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rn‘L’Assemblée Nationale : mission et fonctionnement’. C’est le thème du 48ème Club de la Presse de Radio Kledu que l’hémicycle a abrité, avant-hier, dans la Salle Aoua Keïta, sous le parrainage de Dioncounda Traoré, président de l’AN. Dirigés par le confrère Kassoum Traoré, les débats ont débouché sur une réelle confrontation entre représentants de la majorité et de l’opposition parlementaires, qui en ont profité pour afficher des divergences sur certaines réalités politiques. Au nombre desquelles figurent, entre autres, le taux de participation des récentes élections générales, la fraude électorale, la mutation d’un contexte démocratique consensuel à l’apparition d’une opposition, les questions d’endettement et de séparation des pouvoirs, etc. Comme il est aisé de le comprendre, il s’agit pour la plupart de sujets qui se sont invités à la tribune au détriment du thème central : les missions et le fonctionnement de l’Assemblée Nationale.
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rnLe consensus s’est imposé par realpolitik

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rnParmi les questions lui ayant volé la vedette figurent notamment le point de vue émis par le président de la Cour constitutionnelle, à l’issue des dernières élections législatives. Rappelées pour la circonstance par le confrère de Kledu, les allusions antérieures du juge Salif Kanouté ont inspiré des réactions divergentes aux principaux invités àde l’émission, selon qu’ils appartiennent à l’opposition ou à la majorité. Pour le 2ème vice-président de l’AN, la fraude tout comme le taux de participation, sont deux filles du mécanisme administratif des élections au Mali. La première, selon  Assarid Ag Imbarcaouane, est favorisée par l’insuffisance de garde-fous, tandis que le second – le niveau de participation en l’occurrence – est à relativiser à cause d’un système d’inscription peu favorable.

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Le président de l’Assemblée Nationale ne souffle pas dans une trompette différente. Illustration à l’appui, Dioncounda Traoré soutient au demeurant que la démocratie malienne n’a pas rougir sur la question. « Notre démocratie est de bonne qualité ; il ne faut pas se laisser embarqué par tout ce qui vient d’ailleurs parce que nous n’avons aucun complexe à se faire », a-t-il défendu, en présence de personnalités comme Ali N. Diallo, ancien président de l’AN, de Zéini Moulaye et Amadou Keïta, co-auteurs d’un ouvrage récemment paru sur le système parlementaire malien.
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rnNaturellement, le représentant de l’opposition au Parlement, Oumar Mariko, n’est pas de même avis que ses deux collègues. Il partage au contraire l’opinion de Salif Kanouté auquel il en veut tant pour avoir validé des élections qu’ils juge lui-même entachées d’irrégularités. « Les propos (de Kanouté Ndlr) sont justes, mais la légalisation des élections lui enlèvent toute crédibilité », a indiqué Oumar Mariko, en laissant entendre que la Cour constitutionnelle a failli à son rôle de censeur.

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rnPoursuivant sur les péripéties de l’apparition d’une opposition au Mali, le Secrétaire général de SADI trouve que le consensus est le fruit du comportement et de l’attitude peu responsables de la majorité vis-à-vis des opposants déclarés. « Que n’a-t-on pas fait au Bara ? », s’est-il interrogé, comme pour soutenir que les persécutions des pouvoirs sont si insupportables qu’elles ne favorisaient guère une opposition à visage découvert. Et de justifier sont choix d’y aller finalement par les propos ci-après : « Nous avons rejoint nos convictions politiques et sommes partis à l’opposition parce que le système faisait chaque jour des misérables ». Oumar Mariko aurait-il ainsi participé et adhéré au consensus par manque de courage politique ? Loin s’en faut, s’est-il défendu, en laissant entendre qu’il faut plutôt le comprendre comme une realpolitik.
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rnRéaction de Dioncounda Traoré :  « Il n’y a aucun mérite singulier à appartenir à une opposition »

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rnLe président de la Commission des Affaires Étrangères ne s’est guère montré moins tranchant sur les rapports entre pouvoirs exécutifs et législatifs. Pour ce représentant de l’opposition, chaque composante du pouvoir législatif, indépendamment de sa couleur politique, gagnerait à préserver ses prérogatives contre les tentatives d’usurpation par l’Exécutif. Et d’en déduire au passage que le Parlement malien, au lieu de contrôler l’action gouvernementale, se trouve plutôt à la solde du Gouvernement. Allusion est ainsi faite à l’usage abusif des lois d’habilitation, aux fins d’une émission massive d’ordonnances au détriment des lois.

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Même si elles découlent de mesures constitutionnelles, celles-ci, aux yeux de Oumar Mariko Mariko, mettent les députés devant le fait accompli par rapport à des engagements d’autant plus lourds qu’elles concernent des dettes insupportables contractées au nom des générations futures. Tout en convenant qu’un usage abusif semble fait des lois d’habilitation, à travers notamment le recours excessif à la ratification d’ordonnances, le président de l’Assemblée Nationale ne partage point l’opinion de son jeune collègue sur la dette. Pour Dioncounda Traoré, le mal n’est pas de s’endetter mais le pis est de mal s’endetter. Il faut en effet contracter les dettes assez conséquentes pour des réalisations significatives, a-t-il tacitement soutenu, rappelant par ailleurs que les nations les plus endettées ne sont pas les moins riches.

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Dans la même veine, le président de l’AN devait poursuivre, pour ajouter que l’évidence de certains avantages profitables à l’ensemble devrait pouvoir conduire opposition et majorité à parler le même langage et partager les mêmes avis et opinions. Il n’y a du reste « aucun mérite singulier à appartenir à l’opposition ; cela ne confère pas plus de vertu particulière », en a déclaré Dioncounda Traoré.
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rnA. Keïta
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