Corruption au sein du Gouvernement : Un haut responsable de l'URD révèle qu'un ministre ADEMA a perçu 600 millions FCFA de pot-de-vin…et n'a jamais pas été sanctionné par ATT

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La nouvelle a été révélée lors de la rencontre entre les députés URD et l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, tenue le 9 novembre 2010 à Koulouba. Si une telle information se confirmait cela voudra dire que les discours officiels tentant à dénoncer la corruption ne sont que "volonté politique de façade", comme l’a si bien dit le vice-président du Conseil national de Société civile, Amadou Bocar Téguété, lors d’un débat tenu, le samedi 11 décembre 2010 au Centre Djoliba, dans le cadre de la Semaine de lutte contre la corruption.

Si le président de la République Amadou Toumani Touré est félicité par des partenaires extérieurs, notamment le Directeur exécutif du Fonds mondial, Michel Kazachkine, pour "la fermeté dont il fait preuve dans la lutte contre la corruption", tel est loin d’être l’avis de l’opinion nationale qui pense, en la matière, tout le contraire. Quand le président ATT soutient, devant micro et caméra, qu’il ne souhaite pas humilier un chef de famille, c’est-à-dire un voleur à col blanc, cela passe mal, voire très mal au sein de l’opinion publique.

En effet, le citoyen lambda, qui passe la journée à la recherche du pain quotidien et cela parfois sans succès, assimile un tel langage présidentiel à un encouragement tacite aux sangsues de la République pour leurs sales œuvres menées en toute impunité. D’où, aujourd’hui, le scepticisme grandissant au sein de la population qui doute réellement de la volonté des plus hautes autorités à lutter de manière efficace contre la corruption et l’impunité. Cela est fort regrettable.

A voir seulement le temps que le gouvernement a consacré à maintenir en son sein l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, fortement soupçonné d’avoir pris des pots-de-vin avec des opérateurs économiques coupables de surfacturations et de marchés fictifs et aujourd’hui incarcérés, est révélateur du peu d’empressement de l’Exécutif à balayer devant sa propre porte.

Cette attitude est irrespectueuse vis-à-vis des citoyens. Surtout qu’il a fallu que le Fonds mondial tape du poing sur la table pour que l’ex-ministre de la Santé soit démissionné. Et encore là, selon le communiqué officiel, "sur sa demande". Quel euphémisme ! Tout cela pour essayer de masquer la réalité qui est, en tout cas, palpable. Si l’ancien ministre n’est, pour le moment, qu’un suspect parmi tant d’autres, sa responsabilité n’est pas moindre comparativement à celle de ceux qui croupissent en prison et cela depuis cinq mois déjà. C’est dire que cet ancien ministre pourra difficilement éviter la prison même si tout est fait aujourd’hui pour le présenter comme un agneau sacrificiel, victime d’un acharnement médiatique mené par de méchants loups. Que nenni!

Dans l’affaire du Fonds mondial, c’est le gouvernement qui a plutôt pêché par manque d’anticipation. Résultat : des partenaires ont douté de sa bonne foi qui, il faut le reconnaître, a mis du temps également avant de se matérialiser. Voilà ce qui agace l’opinion. Qui, laissée à ses propres supputations et suppositions, finit par mettre les dirigeants et les dirigés corrompus dans le même sac. A-t-elle tort ?  

En tout cas, si le président de la République laisse la corruption, le laisser-aller et la gabegie s’installer progressivement et en toute impunité, les Maliens lui en voudront…à vie. Ce qui n’est pas souhaitable surtout pour un homme de sa trempe, Héros de la Révolution du 26 mars, encore adulé par une frange importante de l’opinion nationale qui croit qu’il peut encore sauver la République de ce fléau.

Le ministre ADEMA sera-t-il «démissionné» ?

 Le ministre en question, membre du parti de la Ruche, dont le nom aurait été évoqué lors de la rencontre entre les députés URD et l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, va-t-il démissionner ou sera «démissionné» par le président ATT dans sa volonté de lutter, de manière efficace et sans pitié, contre la corruption? Surtout quand cela concerne un membre du gouvernement censé donner le bon exemple. L’homme qui est l’objet de ce soupçon de corruption est à son second portefeuille ministériel au sein de l’équipe du Premier ministre Modibo Sidibé.

Suite à cette affaire de commissions perçues sur un gros marché public, ledit ministre a changé de poste alors que l’opinion s’attendait à qu’il soit remercié à jamais.

Pourquoi une telle mansuétude à l’égard de quelqu’un qui surfacture un marché public afin de brouter le tiers, voire la moitié dudit marché ? Y a-t-il connivence ou complicité ? Ne cesse de se demander le citoyen lambda qui en a fait un sujet de débats autour du thé dans les grins. Il est temps que le président de la République sonne la fin de la récréation. D’abord au sein du gouvernement dont les membres sont les plus gâtés de la République avec carnets de tickets d’essence et, parfois, une bonne demi-douzaine de véhicules au domicile, de nouveaux meubles tous les six mois, des plantons, en plus d’une kyrielle d’indemnités qui font qu’ils oublient même qu’ils sont dans un pays pauvre.

Pourquoi, alors en plus de tout cela, certains de nos ministres carottent sur des fonds des partenaires et octroient sans appel d’offres des marchés publics à des amis et copains opérateurs économiques. Quelle cupidité et quelle imprudence !

Aujourd’hui, voilà que les proches d’un ancien ministre sont recherchés pour avoir pris 4 millions FCFA avec un opérateur économique à qui ils auraient, en présence dudit ex-ministre, fait une promesse de marché.

Malheureusement pour les deux parties, le ministre en question a été viré du gouvernement avant qu’il ne puisse s’exécuter. Une affaire qui est pendante devant de la Police et sur laquelle nous reviendrons. C’est dire que le gouvernement du Mali n’est pas la meilleure école à recommander à un chercheur dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière.

Dans ce cas, n’est-il pas temps, au vu également de l’ampleur que le phénomène est en train de prendre dans notre pays et dans les rangs du gouvernement, que le président ATT fasse de la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des deniers publics son cheval de bataille en fin de ce second et ultime mandat ?

En tout cas, l’opinion nationale l’attend impatiemment sur ce terrain. Surtout que, d’après un slogan du ministère de la Justice : "La corruption est la pire ennemie de la démocratie et du développement". Pensent-ils la même chose au sein du gouvernement de Modibo Sidibé et au sommet de l’Etat ?                   

Mamadou FOFANA

 

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