Malversations au Fonds mondial : De nouveaux interpellés à la DAF du ministère de la Santé – Les personnes incarcérées commencent à s’impatienter

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Depuis trois mois, une dizaine de personnes, parmi lesquelles le Directeur administratif et financier du ministère de la Santé, Ousmane Diarra, la Coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT), Dr Halima Nako et son adjoint Mohamed Berthé, sont incarcérés à la Maison centrale d’arrêt de Bamako et à la prison pour femmes de Bolé. Au même moment, le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, qui a octroyé les marchés fictifs ou surfacturés et qui, selon toute vraisemblance, a reçu sa part du pactole issu de cette malversation, se la coule douce bénéficiant de son statut privilégié de ministre de la République. Pour combien de temps encore le Procureur anticorruption va-t-il attendre pour l’écouter  et certainement…le confondre ?

Les faits sont quand même têtus. Après l’arrestation de certaines grosses pointures, à l’image de Ousmane Diarra, le tout-puissant DAF du ministère de la Santé, qui était parmi les rares privilégiés à manger à la table du ministre, c’est maintenant le défilé, à partir d’aujourd’hui, de certains agents du département de la Santé, parmi lesquels une dame, devant le Procureur du Pôle économique et financier de Bamako, le très redoutable Sombé Théra.

En attendant, ce sont donc les seconds couteaux qui sont convoqués chez le Procureur alors que, même avec la présomption d’innocence, c’est le ministre de la Santé qui devait précéder tous ceux-ci dans les bureaux de Sombé Théra. Il s’agit, maintenant, pour les personnes incarcérées de savoir quand le ministre Oumar Ibrahima Touré répondra à l’appel de la vérité et de la dignité.

Car, il est inadmissible, ici comme ailleurs, que certaines personnes payent à la place d’autres. Alors qu’elles sont toutes incriminées dans la même affaire de détournement des subventions du Fonds mondial. Si tel devait être le cas, tous ceux qui sont incarcérés doivent alors être élargis au motif que le principal intéressé est hors d’accès.

 

La justice est-elle égale pour tous ?

Tant que le ministre de la Santé n’ira pas répondre à la convocation du Procureur, l’opinion croira, et à juste raison, que le pouvoir l’a protégé.

Dans ce cas, pourquoi ne pas alors libérer tous ceux qui croupissent aujourd’hui en prison suite à cette affaire de malversation et de détournement au Fonds mondial ?

L’opinion ne comprend toujours pas pourquoi Oumar Ibrahima Touré continue à vaquer tranquillement à ses occupations, alors que des opérateurs économiques qui sont impliqués dans la même affaire que lui sont incarcérés. Serait-il  au-dessus de la loi ? Ou bénéficie-t-il de la protection au plus haut niveau de l’Etat ? Ne cessent de s’interroger des parents de personnes emprisonnées.

En tout cas, il serait injuste de croire que ceux qui ont été arrêtés puis incarcérés sont les seuls à être incriminés. S’il s’agit d’arrêter tous ceux qui ont eu à signer un document compromettant, dans cette affaire du Fonds mondial, la première tête qui doit tomber est, naturellement, celle du ministre de la Santé qui a signé, d’abord, la lettre de dérogation adressée à la Direction générale des marchés publics (DGMP), puis les documents ayant été à la base des marchés fictifs ou surfacturés à des opérateurs économiques qui, par la suite, auraient eu à remettre, aux uns et aux autres, leur part du gâteau.

C’est ça la réalité. Et aucunement, l’opinion ne peut se méprendre et accuser seulement les menus fretins actuellement dans les mailles  de la justice.

C’est seulement quand le ministre de la Santé sera interpellé que les langues vont se délier pour, de toute évidence, le confondre pour avoir agi de manière illégale voire malhonnête dans l’attribution des marchés relatifs au Fonds mondial.

On se demande quel argument va-t-il brandir pour récuser des accusations nettes et précises qui vont tomber tel un couperet ?

Les cadres et agents de la Santé, qui sont incarcérés depuis quelques mois, se demandent même s’il y aura, un jour, un jugement dans cette affaire qui est, en tout cas, loin de connaître son épilogue. C’est pourquoi, certains prévenus seraient même prêts à vendre leurs biens (des villas et immeubles pour la plupart) afin de  rembourser le montant dont ils sont accusés afin de dédommager le Fonds mondial.

Combien le Mali doit-il à cet organisme? On parle dans les coulisses de quelques milliards FCFA qui ont été détournés. Et cela uniquement sur le Fonds mondial. Qu’en est-il des autres fonds tels GAVI et PPTE qui ont été, également, très mal gérés au niveau du ministère de la Santé ?

Afin d’éviter qu’il n’y ait un "Quartier général (QG) de la Santé" à l’intérieur de la Maison centrale d’arrêt de Bamako-coura, il faudrait que les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes : en envoyant devant la justice tous les vrais coupables, soient-ils chefs, éloignés ou proches du pouvoir.

Aux dires d’un opérateur économique, qui a requis l’anonymat, "Seuls le ministre Oumar Touré et son DAF Ousmane Diarra savent qui a fait quoi".  

En tout cas, tous les barons qui ont eu à détourner, parfois des deux mains, les deniers publics n’ont pas leur place à la maison mais…en prison.

                                  Mamadou FOFANA

 

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