Nomination d’un Premier ministre : Pourquoi Pinochet doit rester

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Dans son entourage, on dit qu’il est fin prêt à faire la passation. Mais, c’est plus par crainte de voir ATT lui renouveler sa confiance dans ce contexte nouveau. C’est vrai que la fermeté de l’homme a été soumise à de rudes épreuves. Mais, il tient encore bon. Au point que s’il ne devait s’en tenir qu’à son bilan, sa loyauté, son impartialité (à équidistance des formations politiques), Att devrait le reconduire. Le temps de voir plus clair dans les ambitions et de tester le degré d’impatience des uns et des autres qui l’ont soutenu.

Même le Malien lambda a compris que le corollaire de toute élection législative est la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale. Si l’équipe actuelle que dirige Ousmane Issoufi a survécu à toutes les épreuves, y compris la démission et récemment encore, la disparition d’un de ses membres, n’est-ce pas parce que les élections législatives étaient déjà à l’ordre du jour. Elles devaient conclure les alliances scellées, les crocs-en-jambe, les empoignades dont les Maliens ont été, ces derniers temps, les témoins désintéressés. Voyez-vous qu’ils ne sont pas massivement allés aux urnes. Mais, le partage a tout même eu lieu. Sur fond de part plus ou moins belle pour les uns, de déception aiguë et de portion congrue pour les autres.

Pinochet, puisque c’est comme ça qu’on l’appelle pour sa fermeté, a été un des acteurs de ce dénouement. En ce sens que c’est son gouvernement, son administration qui a organisé ces élections législatives. Une élection de plus à son compte donc, après les municipales réussies en 2004.

L’opposition malienne a dénoncé ce qu’elle a appelé le manque de neutralité de l’administration malienne. Mais il ne s’est trouvé personne à accuser directement le chef de l’administration qu’est Oumane Issoufi. Globalement, face à la question politique, il a personnellement fait preuve d’une impartialité digne d’un chef de gouvernement de la République. Toujours au plan politique, il n’y a pas d’homme plus que lui à espérer engranger des points tant auprès du parti Adéma que de l’Urd. Plusieurs fois ministre du régime Adéma, Ousmane Issoufi n’est pas un inconnu au bataillon de l’Urd. N’est-ce pas en effet, Soumaïla Cissé qui a posé, pour lui, la première marche qui a conduit ce technocrate éprouvé au sommet de l’Etat.

A la lecture des résultats provisoires de cette législative, les partis Adéma et Urd sont à près des deux tiers (2/3) des nouveaux élus ; plus qu’une majorité simple. Reste à savoir jusqu’où iront ensemble ces deux partis. Et aussi, jusqu’où ils vont l’envie d’en imposer à ATT dans la nomination d’un nouveau Premier ministre. Dans tous les cas, il n’est nullement exagéré d’affirmer que Ousmane Issoufi peut être l’homme du consensus de cette nouvelle majorité parlementaire qui attend d’être traduite en réalité politique.

Par ailleurs, nous n’avons jamais été témoin d’un désaveu public d’ATT à l’endroit de Ousmane Issoufi. Avant de l’appeler à cette haute, ATT lui-même avait succombé au charme du gestionnaire et à l’audace de ce grand commis de l’Etat. Depuis qu’il est en fonction, l’homme Pinochet aurait eu raison à se plaindre. Mais, pas forcément d’ATT mais de son entourage. Il n’est donc pas à exclure, en presque quatre ans de collaboration au sommet, que les deux hommes aient envie d’envisager autrement leurs relations. Mais, de toute évidence ce ne ç’aurait être sur un ton de dos à dos, de rupture.

Malgré sa forte personnalité, Pinochet n’a été jamais surpris par ATT en train de grignoter sur ses prérogatives encore moins de lorgner sur son fauteuil. Bien au contraire ! Faisant profil bas, le chef de gouvernement s’est même souvent laissé marcher sur les pieds, notamment par ATT. Pour être loyal, il l’a donc été jusqu’au bout. Or, la loyauté est loin d’être la moindre des qualités d’un Premier ministre.

Comme nous l’avons dit plut haut, ces élections législatives ont été l’aboutissement des alliances scellées, des crocs-en-jambe et des empoignades de ces cinq dernières années. Plus rien ne sera comme avant. Mais il est déjà trop tôt pour décrypter dans les vraies intentions, les ambitions des uns et des autres. ATT a donc intérêt à garder Pinochet, le temps de voir les choses se préciser. ATT lui-même sait que l’heure n’est pas venue pour lui de se dévoiler. Le moment n’est pas venu pour lui de se lancer dès maintenant dans une nouvelle aventure au plan politique. Aucuns des fusibles en place n’a encore pété. Et le moins qu’on puisse affirmer est que, même à la retraite, Pinochet tient encore haut la barre. Son bilan l’atteste à suffisance. Son goût prononcé pour le résultat, c’est dire le concret milite en sa faveur.

Belco TAMBOURA

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