L’exigence de la réconciliation nationale en cette année du cinquantenaire du Mali : ATT va-t-il opter pour une Loi d'amnistie ou pour une Commission vérité et réconciliation?

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Beaucoup de gens parmi ceux qui doutaient encore de la nécessité de la réconciliation nationale sont en train de se raviser. Car, lentement mais sûrement, le sujet  refait surface et ne manque plus d’adeptes depuis les dernières sorties médiatiques du président de la République. C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle on assiste, par-ci par-là, à des débats à l’intérieur soit des partis politiques soit des grins. Le MPR de Dr Choguel Maïga, qui n’a de cesse d’appeler  à la réconciliation nationale, a été l’unique formation politique à saisir cette opportunité. Afin qu’on tourne définitivement les pages sombres de notre histoire commune.

Hier encore, dans la salle des banquets du Palais de Koulouba, le président de la République est revenu sur le sujet de la réconciliation nationale. Comme s’il s’agissait d’une véritable obsession chez le Chef de l’Etat, le père de la Nation. Assurément, la question se trouve aujourd’hui au cœur des préoccupations présidentielles. Après les ponts, les routes et leurs multiples échangeurs, c’est la réconciliation nationale qui semble être désormais la priorité du Programme du Développement Economique et Social (PDES) du président ATT.

C’est dire qu’ATT est en train d’apporter de l’eau au moulin des partisans de la réconciliation nationale, naguère taxés d’opportunistes, de réveilleurs du chat qui dort ou tout simplement de caciques conservateurs voire  de criminels revanchards.

En effet, pour plusieurs raisons, parfois très différentes les unes des autres, le sujet de la réconciliation nationale a longtemps peiné à se frayer du chemin. Tout le monde s’en méfiait comme s’il ne pouvait que fâcher, diviser les Maliens alors qu’on se réclame tous avec une égale fierté de notre histoire commune. Car, en dépit de tout ce qu’on peut reprocher à l’histoire multiséculaire de notre pays, nous sommes tous unanimes que nous formons une seule et même nation riche de ses différences, de ses cultures et de ses couleurs. L’histoire étant faite de haut  et de bas, c’est indéniable que la politique a, en un moment ou un autre, opposé voire divisé des Maliens. Beaucoup de crimes et beaucoup d’injustice ont été commis. C’est indéniable.

Mais cinquante ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, et presque vingt ans de vie démocratique ne sont-ils pas suffisants pour envisager de cicatriser les plaies, refermer les pages noires et, pour paraphraser le Président ATT, afin " que les fractures se referment et génèrent des attitudes positives riches de fraternité et de spiritualité ".

S’il y a un parti qui a compris cette nécessité de réconciliation nationale, cela bien avant la lettre, c’est le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), présidé par Dr Choguel Maïga. Déjà, en février 1999, quand le MPR battait encore le pavé, ces dirigeants ont toujours soutenu l’exigence de la réconciliation nationale car, pour eux à l’époque " trop de frustrations contenues, trop d’injustice, trop d’appétits, d’ambitions et de prétentions, trop de ruses…le tout conjugué au manque de vision, du sens de l’histoire, du sens de la mesure et de l’humilité risquent, si l’on n’y prend garde, de précipiter l’effritement de l’Etat et de mettre en péril l’unité de la Nation ".

 Onze ans après cette déclaration, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, mais l’exigence de la réconciliation nationale est demeurée telle une arête dans la gorge d’un affamé. Pourquoi ne pas alors franchir le Rubicon et, à la suite du président de la République, prendre le train de l’unité, de la cohésion et de la réconciliation. Comme vient de le faire le MPR, par la voix de son président Dr Choguel Maïga, qu’on pourrait même assimiler aujourd’hui à un chantre de la réconciliation nationale. Plus récemment encore, à la faveur d’une conférence-débats, Dr Choguel Maïga rappelait un passage de l’intervention du Président ATT qui, dans son discours du 22 septembre 2010, a demandé, avec insistance, " à notre peuple et à l’ensemble de la classe politique et de la société civile, de se joindre à (lui) pour réfléchir, à la manière la plus adéquate, pour avancer sur le chemin de la réconciliation nationale ".

ATT, l’apôtre de la réconciliation nationale

Vu l’engagement du président de la République dans cette voie de la réconciliation nationale, il est à espérer que d’autres personnalités du pays, des représentants de partis politiques ou de la société civile vont bientôt emprunter le train afin de soutenir cette dynamique réconciliatrice dont le peuple malien a aujourd’hui plus que jamais besoin. Même si certains continuent à penser que cela n’est pas nécessaire, qu’il n’y a pas de conflit entre nous. Si l’on tournait alors les sujets qui fâchent, qui révoltent relativement au non-respect des droits de l’Homme dont de nombreuses personnes ont été victimes durant les différentes Républiques que notre pays a connues. D’ailleurs, ATT a conscience de tout cela et c’est pourquoi il veut faire de la pédagogie, en évitant soigneusement des formules mathématiques et des solutions prêtes, pour laisser le peuple, et surtout sa jeunesse, faire des propositions en vue d’une véritable réconciliation.

Hier au Palais de Koulouba, lors de la cérémonie de remise du          " Grand Livre des Postes et des Télécommunications ", le président de la République est revenu, devant des personnalités de divers horizons, sur la problématique de la réconciliation nationale. Un sujet qui, apparemment, l’empêcherait de dormir les poings fermés.

Et pourtant, toutes les grandes formations politiques, qui disent soutenir la politique menée par le président ATT, auraient dû saisir la balle au bond et voler en appui à cette initiative présidentielle. Mais là c’est motus et bouche cousue. Même le PDES de Hamed Diané Séméga, qui doit maintenant prouver qu’il est le " parti d’ATT ", affiche un silence de cimetière alors que son mentor se trouve être en difficulté, ne parvenant pas à se faire entendre.

 Quel parti présidentiel alors ! Ou bien Séméga et ses amis vont-ils attendre d’abord de connaître la position de grandes formations telles l’ADEMA, l’URD, le RPM, avant de s’afficher derrière telle ou telle option. Car, il s’agit maintenant d’option à privilégier dans la démarche malienne qui vient d’être enclenchée. Allons-nous vers la création d’une " Commission vérité et réconciliation " ou vers le vote d’une " Loi d’amnistie " couvrant tous les crimes et auteurs de crime depuis l’accession de notre pays à l’indépendance ?

En tout cas, le Mali n’a que faire d’un grand déballage qui risquerait de rouvrir les plaies de l’histoire plutôt que de les cicatriser. Le vote d’une Loi d’amnistie par l’Assemblée nationale peut paraître la solution idoine dans le cas malien.

En tout cas, le débat est ouvert sur la question et cela depuis que le président de la République a décidé de ne rater aucune occasion pour en parler. Certainement que la jeunesse, comme l’a souhaité ATT, fera bientôt entendre sa voix. De même que serra brisé le mutisme qu’observent les partis de la majorité dite présidentielle. 

                                  Mamadou FOFANA

 

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