Prolifération et financement public des partis politiques :Le laxisme de l’administration

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Le financement public accordé chaque année aux partis politiques par l’Etat dans le cadre du renforcement de la démocratie multipartite, est désormais perçu par bon nombre de Maliens comme du gaspillage. Aussi, certains  dénoncent le nombre pléthorique des partis politiques dans notre pays et le laxisme de l’Etat dans leur création.

En effet, chaque année, l’Etat alloue aux partis politiques un financement représentant les 0,25% du budget national, soit plus d’un milliard de francs CFA.

Ainsi, pour bénéficier du financement public de l’Etat, tout parti politique doit remplir un certain nombre de critères qui sont, entre autres : la participation aux élections générales (communales, législatives, etc.), avoir des élus communaux et nationaux, avoir un compte bancaire dans un établissement financier de la place, disposer d’un siège, tenir une comptabilité régulière digne de ce nom qui doit être déposée à la section des comptes de la Cour suprême, etc.

Malheureusement, ils sont très peu les partis politiques qui remplissent ces conditions. Et le constat ne date pas que de cette année. Pour preuve : sur plus d’une centaine, seulement une vingtaine ou une trentaine de partis politiques bénéficient, de façon plus ou moins régulière, du financement public. Au titre de l’année 2009 dont la décision vient de tomber, ils sont seulement une trentaine de partis politiques sur plus de cent à bénéficier de la précieuse aide. De cette situation, on est légitimement fondé à croire que c’est seulement une trentaine de partis politiques au maximum qui animent en réalité la scène politique. Et les autres, la grande majorité, sont tout simplement absents. On pourrait donc tout aussi  légitimement se poser la question de leur raison d’être s’ils sont totalement absents des compétitions électorales, objet essentiel de leur existence. Ce n’est pas là le moindre constat. On peut compter sur les doigts d’une seule main les partis politiques qui sont présents sur toute l’étendue du territoire alors que la loi exige qu’aucun parti politique ne soit cantonné dans une région, encore moins d’être conçu sur une base ethnique ou religieuse. Ceci sous entend que les partis politiques doivent être présents sur l’ensemble du territoire national et ouvert à l’ensemble des citoyens.

Cette situation, il faut le souligner, est due essentiellement au laxisme de l’administration qui accorde une grande facilité à la création des partis politiques. Soulignons, à ce niveau, que pour la création des partis politiques, la loi pose pourtant quelques barrières mais qui, en l’absence de contrôle,  se révèlent totalement inefficaces.

Aussi, l’administration n’a jamais rappelé à l’ordre, suspendu ou dissout un parti politique en raison d’une quelconque violation de la loi. Et Dieu sait qu’il se passe de violations de la loi par des partis politiques. Le ministère chargé de la tutelle des partis politiques n’effectue pas non plus de suivi de leurs activités. Il les considère comme des associations qui, dès qu’elles obtiennent leur récépissé, sont comme exonérées de toutes autres obligations. Or, les partis politiques sont loin d’être des associations classiques. Il s’agit de personnes qui veulent prendre en main la destinée de toute une nation.

Il ne sert donc à rien l’existence d’un nombre élevé de partis politiques, inertes ou inefficaces, juste là pour empocher gracieusement l’argent du contribuable à la fin de l’année. Se rend-on compte combien elles coûtent à l’Etat ces formations politiques aptes à amuser la galerie, surtout pendant les élections où il est question de l’établissement de bulletin pour chaque parti politique en compétition ?

En somme, l’Etat doit non seulement prendre des mesures plus sélectives pour la création des partis politiques, mais aussi exercer un contrôle régulier afin d’empêcher toute violation des textes qui régissent les formations politiques. C’est le débat sur le maintien ou non du multipartisme intégral au Mali qui attend.

                                                                         Moussa Touré.

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