MALI : ATT réélu à la présidence

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BAMAKO – Le président sortant du Mali, Amadou Toumani Touré, a remporté l’élection présidentielle dès le premier tour en obtenant 68,31% des voix lors du scrutin du 29 avril, selon des résultats complets, contestés par la principale coalition de l’opposition.

Le président sortant recueille 1.563.640 suffrages sur 2.288.993 exprimés, soit 68,31% des voix, selon les résultats annoncés devant la presse par Boubacar Sow, directeur national de l’administration du territoire. Le président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéita, principal adversaire du président Touré, arrive loin derrière avec 425.609 suffrages (18,59% des voix).

Viennent ensuite Tiébilé Dramé et Oumar Mariko, avec respectivement 2,9 et 2,7% des voix, les quatre autres candidats se partageant le reste des suffrages.

Dès le lendemain du scrutin, le camp présidentiel avait revendiqué la victoire, alors que l’opposition dénonçait des fraudes.

La principale coalition de l’opposition, le Front pour la démocratie et la République (FDR, 16 partis), a annoncé mardi son intention de déposer un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle.

"Les conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées rendent caducs les résultats. Nous allons saisir la Cour constitutionnelle pour obtenir l’annulation et la reprise de cette élection", a annoncé Soumeylou Boubèye Maïga.

L’avocat du FDR, Me Mamadou Gakou, a confirmé mercredi qu’il était en train de rédiger une plainte pour demander "l’annulation pure et simple" du scrutin.

Cette coalition présentait quatre candidats (MM. Keita et Dramé, Soumeylou Boubéye Maïga et "Blaise" Mamadou Sangaré) qui avaient signé un pacte électoral en vue d’un éventuel deuxième tour.

Les observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) qui ont suivi le déroulement du scrutin avaient qualifié le premier tour de "libre et transparent", malgré quelques imperfections. Les responsables du FDR, qui n’étaient pas disponibles pour réagir aux résultats, jeudi après-midi, devaient participer à un "grand meeting" en fin d’après-midi dans un stade de Bamako.

Le taux de participation du scrutin du 29 avril a été de 36,17%, avec 2,3 millions de votants sur un total de 6,9 millions d’inscrits, selon le responsable du ministère de l’Administration territoriale, qui a précisé qu’il s’agissait de résultats "définitifs (complets, ndlr) et provisoires".

Des records d’abstention battus

BAMAKO,- Les électeurs maliens ont pour habitude de bouder les urnes lors des scrutins successifs organisés depuis l’avènement du multipartisme en 1992, faisant de ce pays sahélien très pauvre, un des détenteurs des taux d’abstentions les plus forts du monde.

En 1992, le taux de participation n’avait atteint que 43,5% des inscrits lors du référendum sur la nouvelle constitution, premier scrutin organisé un an après la chute du régime du général Moussa Traoré (1968-1991).

Mais il a ensuite gravement chuté, avec moins de 25% en moyenne lors des présidentielles de 1992 et 1997, 38 et 30% lors des deux tours de 2002 et à peine plus de 36% le 29 avril pour l’élection présidentielle qui a vu la réélection au premier tour de Amadou Toumani Touré.

L’"International Institute for Democracy and Electoral Assistance" (International IDEA), une organisation intergouvernementale de promotion de la démocratie basée en Suède, classe le Mali à la 172ème place sur 172 pays – après l’Egypte et Djibouti -, dans son classement de la participation électorale dans le monde depuis 1945.

Pour Mamadou Samaké, professeur de sociologie politique à l’Université de Bamako, des facteurs d’ordre technique expliquent en partie ce constat.

"Le Mali a pris l’option d’inscrire d’office tous les Maliens de plus de 18 ans sur les listes électorales, à partir desquelles sont constitués les fichiers. Or beaucoup ne savent même pas qu’ils sont inscrits", explique-t-il.

"En plus, poursuit-il, cette liste est légèrement gonflée à cause de doubles inscriptions lors des recensements : certains sont inscrits à la fois en ville ou à l’étranger et au village et les personnes décédées ne sont pas toujours radiées".

Quotidien Le Soleil (Sénégal)

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