Présidentielle de Dimanche prochain : Le phénomène du “bétail électoral” n’arrange aucun candidat

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Le microscome bamakois est familier du fait. Mais, son ampleur dépasse cette année toute proportion acceptable et risque de fausser le calcul de presque tous les postulants au scrutin de dimanche.

Le terme est courant dans notre vocabulaire politique et a toujours désigné la propension des hommes politiques et des partis à abroutir les masses et à les utiliser uniquement pour les besoins de leurs causes. De ce point de vue, l’électeur dressé comme du bétail n’a pas la perception de la portée de l’acte qu’il pose ; il agit presque par instinct au service de mentors ayant en réalité très peu de considération pour lui. C’est du reste ce rapport ambiguë qui a toujours valu à la classe politique la méfiance des citoyens et leur désaffection vis-à-vis de la chose politique. Le phénomène du bétail électoral est un frein à l’expression libre et consciente des suffrages et à l’émergence de citoyens capables d’influer sur les évènements.

Plus ou moins circonscrit au départ, le phénomène s’est outrancièrement généralisé dès lors que nos mœurs politiques ont connu ce nivellement appelé consensus. En effet, à l’époque où le combat politique opposait une majorité et une opposition clairement identifiées, il était plutôt prêté aux tenants du pouvoir le penchant de se servir de l’électorat comme simple réservoir. Les militants de l’opposition étaient en principe considérés comme la frange conscientisée du corps électoral, celle qui est imprégnée des enjeux de la bataille. Par contre le consensus a eu entre autres conséquences la focalisation de l’électorat sur les mêmes valeurs (les avantages immédiats et sans lendemain) et l’atténuation de son esprit de discernement.

C’est ce qui explique aujourd’hui le fait que les mêmes foules reçoivent le même jour deux ou trois candidats à quelques heures d’intervalle et leur promette la même chose. Le ballet des candidats qui choisissent de débarquer ensemble dans les mêmes localités ne perturbe nullement les populations qui n’ont souvent que le temps de changer de site pour accueillir le prochain sur la liste du jour. Si fait qu’il est très difficile d’identifier à quelques jours du scrutin un corps électoral appartenant sans aucun doute à telle ou telle chapelle.

Cette confusion n’arrange les affaires de personne.

Même dans les démocraties bien ordonnées cela donnerait du fil à retordre aux instituts de sondage.

Certes, toute élection comporte une dose d’incertitude, mais lorsque les principaux candidats intègrent les mêmes données dans leurs calculs il y a mal donne. Le danger pour ces candidats est qu’ils comptent sur les mêmes électeurs. Dans ce jeu certains seront déçu dans leurs espérances puisqu’ils auront gonflé leur potentiel avec de fausses estimations.

Nul ne saurait se frotter les mains avec un électorat fonctionnant à l’instinct, que la classe politique elle – même aura contribué à désaxer en lui faisant croire pendant au moins quatre ans qu’il n’y avait plus d’opposants sur la scène politique. L’inconvénient du bétail électoral aujourd’hui est qu’on ne sait vraiment pas avec exactitude vers qui il va en définitivement se tourner, si tant est qu’il soit animé de la volonté d’aller aux urnes. Parce que de ce point de vue la réticence des électeurs à retirer leurs cartes est expressive de leur état d’esprit.

Personne ne sait présentement ce qu’il vaut réellement sur l’échiquier, il n’y a que des apparences et des slogans d’état – majors.

Voilà ce qui arrive à une classe politique qui suscite et cautionne la confusion.

Malick Sy

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