Journée mondiale de la liberté de la presse : « Les médias maliens sont soumis à des pressions officielles »

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Comme à l’accoutumée, le monde célèbre, ce 3 mai 2021, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le thème retenu pour cette édition est : « L’information comme bien public ». Une célébration qui a lieu dans un contexte difficile pour les journalistes de part et d’autre le monde en raison notamment de la pandémie de la covid-19.

« Les “déserts” médiatiques se multiplient car les organes de presse ferment, fusionnent ou réduisent leurs effectifs dans de nombreuses régions de la planète et des groupes d’intérêts politiques en profitent pour prendre le contrôle des médias en difficulté », indique l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). La révolution numérique n’a pas épargné les médias indépendants. Elle a affaibli leurs modèles économiques et porté atteinte à leur viabilité. « En 2020, la perte de revenus du secteur est estimée à 30 milliards de dollars», précise la même source.

La covid-19, facteur entravant la liberté de la presse

Selon une enquête de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), deux tiers d’hommes de médias salariés et indépendants du monde entier ont connu des diminutions de salaire, des pertes de revenus ou d’emploi, des annulations de commandes, ou une détérioration de leurs conditions de travail en raison de la pandémie de covid-19. Près de 40 % des journalistes interrogés par l’International Center For Journalists (ICFJ) et le Tow Center de l’Université de Columbia aux États-Unis ont déclaré avoir perdu plus de la moitié de leurs revenus.

En plus de cette baisse des revenus, la pandémie de covid-19 a également « entraîné une forte augmentation des attaques contre les journalistes et un affaiblissement des réglementations protégeant la liberté d’expression », déplore l’UNESCO qui précise que selon une de ses études à paraître sur la violence en ligne contre les femmes journalistes, 73 % de ces femmes interrogées déclarent avoir subi des violences en ligne liées à leur travail. « Ces violences, qui se traduisent souvent par des attaques sexistes en meute, peuvent aller de propos haineux jusqu’aux menaces de violence sexuelle ou physique », précise la même source.

L’Afrique subsaharienne en rouge ou noire

À l’International Press Institute (IPI), plus de 400 violations de la liberté de presse liées à la crise du Covid-19 ont été signalées, rapporte l’UNESCO. Des violations qui vont des restrictions d’accès à l’information aux réglementations excessives visant les « informations mensongères prétendument destinées à lutter contre la désinformation liée au COVID-19 ».

Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de Reporters sans frontières (RSF), le Classement mondial de la liberté de la presse, édition 2021, « montre que l’exercice du journalisme, principal vaccin contre le virus de la désinformation, est gravement entravé dans 73 des 180 États du Classement établi par RSF et restreint dans 59 autres, soit au total 73 % des pays évalués ». Cette édition laisse comprendre que l’Afrique subsaharienne se trouve en « rouge ou en noir » sur cette carte du classement mondial de la liberté de la presse. Il s’agit des zones où la situation de la liberté de la presse est considérée comme difficile, voire grave.

L’information, un bien public

Selon les précisions du RSF, sur les questions relatives à la sécurité, « les médias maliens sont soumis à des pressions officielles », car les « critiques de l’armée peuvent conduire à une arrestation et à une inculpation pour “propos démobilisateurs de troupes”. » Ce n’est pas tout, selon le RSF, « même si la presse malienne jouit d’un grand pluralisme, elle souffre d’un manque cruel de moyens et peine à s’affranchir des diktats éditoriaux de ses promoteurs ».

Pourtant, en raison de leur rôle de producteur et de diffuseur d’informations, les journalistes jouent un rôle important dans les sociétés. « Qu’il s’agisse de dénoncer la corruption, de nous alerter sur des conflits ou de lutter contre la désinformation sur le COVID-19, les informations qu’ils [les journalistes ndlr] fournissent doivent être reconnues comme bien public », souligne l’UNESCO.

La célébration de cette Journée mondiale de la liberté de la presse coïncide cette année avec le 30e anniversaire de la Déclaration de Windhoek, rédigée par des journalistes africains militant en faveur d’une presse africaine libre, indépendante et pluraliste, en 1991. Une Déclaration qui est d’ailleurs à l’origine de la proclamation du 3 mai comme Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale de l’ONU.

Togola

Source : https://saheltribune.com

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