MALI : Le sida se fait retirer son permis de conduire

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KOLOKANI, 12 juin 2007 (PlusNews) – Parce que les populations le long des axes routiers sont exposées à l’infection au VIH, un projet vient d’être lancé dans la région de Koulikoro, dans le sud-ouest du Mali, pour limiter la propagation de l’épidémie le long de la nationale 3, qui traverse la zone sur 200 km.

Initié et financé à hauteur de 1,56 milliard de francs CFA (3,2 millions de dollars) par l’Union européenne, via le Fonds européen pour le développement (FED), le projet « Axe routier sans sida » doit permettre de sensibiliser les populations qui empruntent la nationale 3 et les habitants des localités situées le long de cette importante route, sur les dangers de l’épidémie et les moyens de se protéger de l’infection.

« Plus de 70 pour cent du trafic routier [de la région] passe par la nationale 3, or le trafic routier expose les populations [au risque d’infection au VIH] », a rappelé Mohamed Baby, président de l’ADERA (Association de développement par la recherche-action), l’ONG chargée par l’UE et le FED de mettre en oeuvre le projet, avec le concours de trois autres organisations locales.

Les populations mobiles, éloignées de leur région d’origine et parfois privées de moyens de subsistance, sont considérées comme des groupes particulièrement vulnérables à l’infection au VIH.

S’il participe au développement économique d’un pays, un axe routier peut en même temps contribuer à la propagation du sida en multipliant les contacts entre les populations qui l’emprunte et les habitants des localités qu’il traverse, a rappelé l’Union européenne, qui avec plus de 50 pour cent du volume net de l”aide au développement allouée chaque année au Mali, est le premier partenaire du pays.

Selon les statistiques nationales, le taux de prévalence du VIH est de 3,5 pour cent parmi les chauffeurs routiers, 6,8 pour cent parmi les vendeuses ambulantes et 28,9 pour cent chez les travailleuses du sexe.

La région de Koulikoro, située au nord de Bamako, la capitale malienne, affiche un taux de prévalence de 1,9 pour cent, contre 1,3 pour cent à l’échelle nationale.

« 170 000 Maliens sont touchés par la maladie et tous les jours 40 personnes [sont infectées au] VIH dans notre pays » a rappelé Malick Sène, secrétaire exécutif du Haut Conseil de lutte contre le VIH/SIDA, lors de la cérémonie de lancement du projet le 15 mai à Kolokani, chef-lieu de la région de Koulikoro.

Face à cette réalité et au risque de propagation de l’épidémie, le projet « Axe routier sans sida », qui doit durer un peu plus de deux ans et toucher les communes situées le long de la nationale, affiche l’ambition d’informer les populations pour les inciter à éviter les comportements à risque, via notamment la distribution de préservatifs, et d’éliminer la stigmatisation autour de la maladie.

Pour pallier la faible couverture télévision et radio dont bénéficie cette région rurale, l’ADERA, qui revendique 13 ans d’expérience dans la direction de projets de santé, veut mettre en place des ateliers d’information et organiser dans chaque village des réunions et des débats sur la place publique.

Les ateliers seront animés par des personnalités locales que l’ONG va recruter, a précisé M. Baby, qui a appelé les chefs de villages, les leaders traditionnels et plus largement tous ceux ayant une influence au niveau des communautés à s’impliquer dans cette action.

Le projet « Axe routier sans sida » vise également à offrir une prise en charge médicale aux personnes qui seront dépistées positives au VIH, notamment l’accès aux antirétroviraux (ARV), selon l’ADERA.

Il s’inscrit dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement, définis par les Nations Unies, qui, dans le cas du VIH/SIDA, consistent à parvenir à l’accès universel à la prévention et au traitement de l’infection d’ici 2010.

« Les médicaments [ARV] doivent aller aux malades, et non le contraire » a dit M. Sène.

sd/mj/ail
(IRIN)

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