André Bourgeot, anthropologue français : « Il ne faut pas appliquer l’Accord d’Alger à l’état, Il faut le renégocier»

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L’anthropologue français, André Bourgeot a eu à décrypter l’Accord issu du processus d’Alger lors d’une conférence de Rotary Bamako-Koulouba au sein de l’Ecole supérieure de Commerce (ECM-Mali). C’était en présence de plusieurs jeunes Rotary, dont la présidente élue, Françoise Kouamé, Bernard Jacquin membre et promoteur de l’ESC-Mali. André Bourgeot insinue qu’il ne faut pas appliquer l’Accord d’Alger à l’état, qu’il faut le renégocier.

Selon l’anthropologue André Bourgeot, ce document rédigé en 2015 est loin d’être appliqué en 2021. A ses dires, 6 ans après, on voit bien qu’il y a d’énormes difficultés pour l’appliquer avec des hostilités de plus en plus grandissantes. Il comporte plusieurs dangers selon lui, dont entre autres :

 Dangers sur le Plan militaire…

Nous assistons à la création de deux armées. Une armée nationale normale (FAMa) et une armée reconstituée constituée de 1/3 des FAMa, 1/3 CMA et 1/3 plateforme. On ne peut pas concevoir qu’l ait deux types d’armée dans un pays. Avec ce document, il est prévu une armée mais une politique territoriale régionale. Toutes les fonctions régaliennes qui sont complètement laminées.

Dangers sur le plan politique

Ce qui fait craindre dans l’Accord, c’est l’élection du Président de région avec les mêmes critères qu’un Président de la République. Le Président des régions est élu au suffrage universel au même titre et les mêmes modalités que le Président de la République. Il recèle les mêmes pouvoirs que le Président de la République. Le pouvoir d’ordre politique, économique et culturel. Si on tombe dans le cas d’une région où le Président élu d’une région est salafiste (djihadiste). Ce sera l’application, de la Charia. Et la police serait une police islamique. Il faut débattre du contenu, le diffuser et alarmer sur son application. Vu qu’il existe des relations de types organiques entre certains membres de la CMA et les djihadistes. On risque d’assister à des Emirats au Mali si 10 ou 15 régions tombaient par des voies de votes entre les mains des djihadistes.

Dangers sur le plan territorial

Si cette notion est appliquée à la lettre, ce serait la fin de l’Etat nation, l’Etat unitaire au profit d’un système fédéral qui ne nécessite une cartographie. Cette cartographie n’existe pas. Si on essaye de l’élaborer, on tombera sur le caractère ethnique des régions. Cela est extrêmement grave. Ce système fédéral renvoie à de l’ethnicité. Dans un Etat failli, c’est très grave, a-t-il expliqué.

« Il faut renégocier l’Accord… »

Pour l’Anthropologue, l’Accord d’Alger est inapplicable avec les conditions actuelles. Il ne faut pas le relire mais le renégocier. Il a été négocié donc il doit être renégocié, dit-il. La relecture ne sera pas suffisante. Il faut se mettre autour de la table et poser le vrai débat de nouveau. Car ce document va uniquement dans le sens de la revendication des groupes armés. C’est vrai ça ne doit plus fonctionner comme ça a toujours été.

Aux dire d’André Bourgeot, la bonne renégociation prendrait en compte toutes les nouvelles situations politico-militaires qui existent depuis 2015. Y compris Barkhane. Y compris la présence des militaires étrangers sur le territoire national. Il faut renégocier le contenu de l’Accord.

En cas d’échec de la renégociation…

André estime qu’il faut éviter l’accélération de l’application de cet accord de paix et de le transférer dans un contexte démocratique constitutionnel légitime. La transition pourrait transférer ce document à une retouche du prochain gouvernement. Car on ne peut pas l’appliquer sans l’aval de la Constitution. Ou dans un autre cas de procéder à une sorte d’assises nationales pour que le peuple soit impliqué pour donner son point de vue sur cet accord. Où il sera discuté par l’Assemblée nationale qui sera issue des élections de 2022. En l’en croire, la communauté internationale sera obligée de prendre en compte cet aspect.

Mettre les djihadistes dans leur dimension politico-religieuse 

Ceux qui sont appelés ‘’terroristes’’ doivent être catégorisés Salafistes dijhadistes qui est un mouvement qui existe dans l’islam. Il faut les catégoriser dans leur dimension théologique dont ils se revendiquent et qui est une dimension profondément politique. Ces gens, se légitiment par des hadiths et du Coran. Le prophète a eu recours à des armes pour se défendre. Et ces gens aussi se disent attaqués partout dans le monde comme en Palestine et autres.

Koureichy Cissé

 

 

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. Cette minorité de Touaregs qui veulent l’indépendance de l’Asawad finirons tous sous terre car l’ennemi qui veut les richesses minérales est à l’affût.Nous les premiers hommes noirs de la mélanine sur terre sommes cette couleur nom de DIEU UNIQUE et ETERNEL le blanc n’est que le noir délavé ,un dérivé du vrai

  2. Accord incontournable pour une paix let a réconciliation entre les fils de ce pays malgré tout .On ne peut le juger cet accord parce que elle n est pas encore mis en oeuvre ,mais l accord reste clair le mali est un un et indivisible avec un seul territoire reconnu par la communauté internationale. Cependant ,prenons en compte les spécificités géographiques ,de gouvernance ,écologique, culturel ,économique de chacun des terroirs qui composent le mali .Vaste territoire très diversifié le mali doit accorder beaucoup d autonomie a ces régions pas seulement celles du nord mais tous les régions pour une gouvernance locale qui connaît mieux les populations

  3. Bonjour,,

    Ne pas re-négocier l’accord de paix mais il est souhaitable de le relire en suivant son article 65 à travers des concertations inclusives inter-Maliens dans les différentes régions du Mali et dans la diaspora.

    Bonjour,

    En 2015, j’avais publié des répliques aux critiques d’André Bourgeot, sur le projet d’accord d’Alger.

    Ma contribution, publiée sur plusieurs médias (Mali web, Facebook, …) était intitulée :

    Accord d’Alger pour la paix et pour la réconciliation au Mali : Lettre ouverte en ligne au Président, aux Maliens et aux Partenaires portant sur les répliques de Dr ANASSER AG RHISSA aux critiques, d’André Bourgeot, relatives au projet d’accord d’Alger.

    Je disais, nous vous remercions André Bourgeot, Directeur de recherche émérite au CNRS, en France, pour votre analyse du projet d’accord d’Alger pour la paix et pour la réconciliation au Mali, qui, malheureusement, montre que vous n’aviez pas lu tout le projet d’accord (vous ne vous limitiez qu’à l’aspect institutionnel) et fait apparaitre certaines contradictions :

    D’une part, vous vous gardiez de dénaturer la philosophie générale du projet d’accord d’Alger,

    Mais, en même temps, vous stipuliez que ce projet d’accord n’apportera pas une paix durable car, entre autres, n’assurera pas le renforcement politique de l’Etat-nation et pas d’émergence du peuple Malien dans l’arène politique nationale.

    Vous disiez et vous continuez à dire que l’accord de paix (qui était projet d’accord) régionalise l’Etat, ethnicise la Nation et révèle une dérive régionaliste qui met à mal l’extrême fragilité de l’Etat-nation en voie de démantèlement et soumis à des pressions étrangères défendant, avant tout, leurs propres intérêts.

    Vous trouviez que l’élection des conseillers régionaux est démocratique et celui du président de la région, qui est fait en utilisant le même suffrage universel direct, ne l’est pas et ne serait pas proche du peuple : Quelle contradiction ?

    Vous disiez, qu’il faut, néanmoins, parapher le projet d’accord sans illusion.

    Avec ces contradictions et n’ayant pas lu tout le projet d’accord, pourquoi, André Bourgeot, aviez-vous conseillé de parapher un projet d’accord qui n’apportera pas, selon vous, une paix durable et qui n’implique pas le peuple Malien ?

    Vous dites cette fois-ci de re-négocier l’accord de paix sans tenir compte des conséquences et des effets de bords.

    Cette re-négociation ne serait-elle pas une boîte à Pandore ?

    Contrairement à ce que vous pensez, il est souhaitable, comme le recommande le dialogue national inclusif, de relire l’accord de paix que de le re-négocier au risque de soulever les démons de la division, de la discorde et d’ajouter des problèmes non résolus ou non pris en compte.

    Ce qui mettrait plus de temps ou rendra impossible d’aboutir à un accord consensuel vu la multiplicité des acteurs auxquels d’autres pourront s’ajouter avec de nouvelles revendications ou des revendications modifiant ou impactant sur celles déjà prises en compte.

    Espérons que le représentant (envoyé à Alger) de SEM le président de la transition, Assimi Goita, et SEM le président Algérien aient le temps d’échanger sur ces aspects.

    Pour cette relecture de l’accord de paix suivant l’article 65 et à travers des concertations inclusives dans toutes les régions du Mali et dans la diaspora, le plus tôt sera le mieux.

    Profitons de l’expérience de négociateur diplomate de SEM Abdoulaye Diop pour aider dans ce sens.

    AvanÇons ensemble pour cette relecture de l’accord de paix suivant l’article 65, promouvons notre accord et mettons-le en œuvre, de faÇon inclusive, indépendamment des bords politiques, en particulier en intégrant nos f r ères et sœurs du front de rejet de la mise en œuvre de l’accord de paix.

    Personne ne doit être mis de coté.

    Ensemble, nous y arriverons et nous ferons profiter tous les Maliens et toutes les collectivités territoriales, dans un Mali unitaire sans fédération ni confédération ni partition ni indépendance d’une partie du territoire, de ses dividendes.

    Dr Anasser Ag Rhissa
    Expert TIC, Gouvernance et Sécurité, TEL 78731361

    • Bonjour Dr Anasser
      Je trouve que l’analyse de Mr. Andre Bourgeot est claire et nette. Chaque nation a ses realites demographiques, socio-poliques, economiques et culturelles. Pour le besoin de pragmatisme et de rationalite, cet accord d’Alger est inapplicable au Mali pour les raisons ci-apres:
      – Aucun elu du peuple malien ne savait le contenu de cet accord, si ce n est le president a l’epoque et une groupiscule d’officiels. 97% des maliens ne reconnaissent pas cet accord.
      – Comme Mr Bourgeat expliquait, l’existance de deux armees avec differentes denominations et composants sur le meme territoire n ‘est qu’une incitation a une eventuelle guerre civile. Ce qui profitera aux colons de revenir nous vendre d’ineffective, ou d’inefficace solutions en attentand le kao final.
      – La meilleure solution passe toujours par le dialogue inclusif inter-maliens, y compris les jihadistes. Les USA sont la super-puissance mondiale, ils ont preconise le dialogue avec les talibans et autres comme voie de sortie de crise; alors pourquoi pas le Mali; Parceque l’ancien maitre veut instiguer la faillite de l etat pour venir vendre ses solutions en “grand sauveur”.
      Un accord qui n ‘a meme pas ete ecrit par des maliens, quand-t’est ce que ces francais comprendront notre intelligence et notre sens de dignite.
      DR Ag Rhissa, je vous conseille d’approcher Choguel et son equipe pour une meilleure collaboration aboutissant a la paix durable dans notre pays.
      Merci!

  4. ” … Ceux qui sont appelés ‘’terroristes’’ doivent être catégorisés Salafistes dijhadistes qui est un mouvement qui existe dans l’islam. Il faut les catégoriser dans leur dimension théologique dont ils se revendiquent et qui est une dimension profondément politique. Ces gens, se légitiment par des hadiths et du Coran. Le prophète a eu recours à des armes pour se défendre. Et ces gens aussi se disent attaqués partout dans le monde comme en Palestine et autres… ” …///…

    :
    Il est souhaitable en effet d’améliorer ce qui peut l’être dans les ACCORDS de BAMAKO issus du processus d’ALGER.
    Au Mali 90% de la POPULATION serait de confession musulmane.
    Bien que le mode de Gouvernance soit laïc, on ne peut pas dire que les MUSLSUMANS et l’ISLAM soient en danger au Mali…, au point que des CITOYENS Maliens prennent des armes contres d’autres CITOYENS Maliens, en faisant croire que l’ISLAM y est attaqué. L’ISLAM n’est pas attaqué au MALI.
    La guerre qui est faite au MALI et aux Maliens est politique, ethniciste, communautariste voire raciste. Des politiciens ont réussi à faire croire à la COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE que leur communauté est discriminée Mali.
    Certaines puissances occidentales et des ONG occidentales les ont crus. Raison pour laquelle…, au moment des négociations en ALGER, les Autorités Maliennes se seraient trouvées en difficulté. Car, certaines puissances occidentales et la COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE mettaient l’ÉTAT Malien et les rebelles sur le même pied d’égalité, avec même un avantage psychologique des rebelles. Dans la mesure où, à l’époque, cette même COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE obligeait l’ÉTAT Malien à faire évacuer des positions militaires que des loyalistes à l’ÉTAT Malien tenaient…, notamment Anéfis et à Ménaka.
    Donc, l’ÉTAT Malien n’avait ni le choix ni les mains libres. Il a signé sous la contrainte en quelque sorte. Le Président d’alors voulait plaire et aux Occidentaux et à la COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE. Cela en dépits des INTETRETS de son pays.
    L’ISLAM et les MUSULMANS ne sont pas en danger au Mali. Si les POPULATIONS musulmanes ou non sont en danger au Mali… Il est dû au fait que des Politiciens en rébellion armée contre l’ÉTAT Malien, avec leurs mercenaires se servent de la RELIGION comme prétexte pour des revendications politiques. Et cela, en effet, met les Maliens MUSULMANS ou non en danger au Mali.
    Il y a des Injustices sociales au Mali, c’est vrai. Il y a même cette abomination encore aujourd’hui au XXI ème siècle, qu’est l’esclavage par ascendance… Mais, il n’y a rien contre les RELIGONS en tant que telles en général.

    Vivement le Mali pour nous tous.

    • 𝔹onsoir

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  5. Si c’est à André Bourgeot que tu t’adresses, alors on peut dire que tu es le roi des cancres. Monsieur Bourgeot est l’un des très rares Français (pour ne pas dire le seul) qui a été constant, et ce, depuis des décennies, dans son engagement en faveur des peuples africains. C’est un monsieur sans peur et sans reproche, différent de tous ces “anthroplogues” et “chercheurs” qui en réalité travaillent pour les services secrets français, travaillent à diviser les peules africains. C’est le cas d’Helene Claudot-Hawad et de centaines d’autres. IL NE FAUT PAS DÉCOURAGER LES QUELQUES RARES INDIVIDUS COMME ANDRE BOURGEOT QUI EN FRANCE ESSAIENT DE SE TENIR A NOS COTES PENDANT QUE TOUT LE MONDE TRAVAILLE CONTRE NOUS.

  6. CERTAINS ASPECTS DE L’ACCORD NE SONT PAS ACCEPTABLES! NOUS NE POUVONS PAS AVOIR DEUX CATEGORIES DE CITOYENS AU MALI!

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