Fabrique illicite d’armes à feu : La police du 4e arrondissement fait tomber une base à Baco-Djicoroni

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Après le nettoyage de son territoire des prédateurs nocturnes, le commissariat de police du 4e arrondissement s’attaque avec force à une autre face du grand banditisme dans le district de Bamako. Il s’agit de la fabrication illicite d’armes à feu, source de la prolifération des armes légères et d’insécurité pour les paisibles citoyens. A la guerre comme à la guerre, le divisionnaire de police Moumini Séry, chargé dudit commissariat et ses éléments jurent de relever le défi.rn

Cette autre victoire sur les seigneurs du mal de la Commune V du district de Bamako, est partie d’un honnête citoyen qui, après  avoir eu connaissance de l’existence des ateliers clandestins de fabrique d’armes à feu à Baco-Djicoroni, a discrètement saisi la brigade de recherche du 4e arrondissement. Avec précisions et détails précis, il indique le fief des clandos et explique la stratégie à adopter pour mettre le grappin sur eux. L’inspecteur de police Bourama Doumbia dit « Dracula » informe son chef hiérarchique, le divisionnaire de police Moumini Séry. Celui-ci, vu la gravité de l’affaire, lui donne aussitôt carte blanche pour sévir. Sur le champ, « Dracula » et ses hommes montent leur plan. Il s’agissait de se déguiser en clients une fois arrivés sur les lieux. Le terrain bien investi, ils secouent le cocotier. Ce message bien compris, ils foncent à Baco-Djicoroni, un quartier populaire réputé refuge des dieux du mal.

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A leur arrivée, les vrais faux clients se présentent dans la famille où les clandos travaillent dans leurs ateliers fermés à clef. Ils tapent à la porte, car c’est le mot de passe. Ils ouvrent la porte et accueillent les visiteurs avec tous les honneurs. Ils commencent à négocier les marchandises pour prendre toutes les dispositions afin qu’aucun des suspects n’ait une échappatoire. Sachant que toutes les issues sont bouchées, les policiers déclinent leur identité. Ce fut comme une pavée dans la mer. Les suspects, au nombre de trois personnes, restent sur place comme électrocutés. En lieu et place des billets de banque, les malfaiteurs se font passer les menottes aux poignets. Les policiers démontent les trois ateliers avant de les transporter à leur base avec leurs propriétaires, mettant ainsi fin à une poudrière sous les pieds des populations de Baco-Djicoroni.

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Des faiseurs d’insécurité

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A la police où les trois hommes ont élu domicile, ils ont tour à tour décliné leur identité avant d’avoir droit à une place au fond de la garde-à-vue en attendant leur audition sur procès-verbal. Ils se nomment respectivement Lamine Diallo, Bekaye Koné et Moussa Kassongué. Interrogés sur les faits qui leur sont reprochés, ils ne pouvaient pas nier l’évidence. D’après eux, ils exercent ce métier depuis plusieurs années à Baco-Djicoroni dans la clandestinité. Aux heures de travail, poursuivent-ils, ils ferment à clef porte et fenêtres de leur atelier pour se mettre à l’abri des yeux indiscrets. Dans cette prison de fortune, les armuriers fabriquent toutes sortes d’armes à feu. Celles-ci se composent de pistolets de fabrication artisanale, de fusil de chasse, de carabine. De sources policières, les suspects s’essayeraient dans la fabrique des pistolets-mitrailleurs artisanaux. Le produit ainsi fini, est mis à la disposition du premier venu, peu importe le plus offrant, car, n’ayant pas d’autorisation de l’administration pour exercer ce travail. Ils n’ont pas non plus besoin de savoir l’identité de leurs clients à plus forte raison leur moralité.

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C’est ici que la pègre bamakoise se ravitaille à souhait. La suite est connue, c’est la bienvenue au grand banditisme avec ses conséquences parfois tragiques. La question qu’on se pose, c’est de savoir comment les associations de lutte contre la circulation et la prolifération des armes légères dans notre pays peuvent-elles venir à bout de leurs missions ? C’est à cette question cruciale que le commissariat de police du 4e arrondissement entend donner une réponse en s’attaquant non seulement aux fabricants illicites d’armes à feu, mais aussi aux trafiquants d’armes d’où qu’ils viennent pour chuter dans notre pays, signataire de la mise en œuvre du moratoire sur les armes légères de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

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Moratoire sur les armes légères ?

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On se rappelle le 31 octobre 1998, à Abuja au Nigeria, un moratoire sur les armes légères a été signé par les Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Dans sa préface, son Excellence Lansana Kouyaté, alors secrétaire exécutif de la CEDEAO, actuel Premier ministre guinéen, avait attiré l’attention des Chefs d’Etat ouest-africains en appuyant sur la sonnette d’alarme en ces termes : « …les armes et les munitions abandonnées dans le sillage des conflits (et les fabricants illicites d’armes NDLR) servent à alimenter la criminalité et l’anarchie qui privent l’Afrique de la stabilité dont elle a besoin pour son développement économique et social. » Il poursuit toujours « La lutte contre la prolifération des armes légères est une cause qui nous interpelle tous, tant elle est importante pour l’avenir de l’Afrique. » S’agissant du Mali, les plus hautes autorités sécuritaires doivent s’impliquer corps et âme dans ce combat noble. En mettant dans les conditions morales et financières les forces de l’ordre et de sécurité qui viennent de donner le ton.

rnO. BOUARE

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