ENQUETE SUR LES EPOUSES ABANDONNEES – Mme Nafissatou Soucko« Un homme a toujours des raisons d’abandonner sa femme »

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Mariée depuis plus de 15 ans, Nafi est aujourd’hui délaissée par son mari. Elle vit avec ses trois enfants dans un quartier périphérique de la capitale. Une évocation des raisons de la volte-face de son époux.

Les Echos : Pouvez-vous nous retracer le film de votre désaccord avec votre mari ?

Nafissatou Soucko : Mes parents m’ont donné en mariage quand j’avais 19 ans. J’étais en classe de 9e année fondamentale. Malgré mon opposition, l’union a été scellée. J’ai abandonné mes études. Mon mari est un cousin et comme il résidait en France, j’étais obligée de le suivre. Là-bas, nous avons eu trois filles. L’aînée a aujourd’hui 12 ans et la benjamine en a 5 ans. Nous sommes revenus au bercail il y a juste 4 ans. C’est à notre retour que mon mari a changé de comportement. Il n’était plus cet homme attentionné qui aimait ses enfants et qui s’occupait convenablement de sa famille. C’est ainsi que des problèmes ont commencé. On avait des comptes à régler tous les jours. C’est dans cette situation insoutenable que j’ai appris qu’il devait se remarier. Révoltée, j’ai voulu en toute responsabilité divorcer. Mais, mes parents s’y sont opposés. Deux mois après son mariage, il n’accomplissait plus ses obligations conjugales et pouvait faire quatre à cinq jours sans venir à la maison. Petit à petit, il nous a abandonnés (moi et mes enfants) dans une villa qu’il a construite. Ce sont mes parents qui prennent en charge les frais de scolarité des mes enfants. Ils ne veulent pas que je porte plainte pour ne pas diviser la famille…

Les Echos : Comment vivez-vous concrètement ?

N. S. : Dieu merci, j’ai appris à coudre en France, j’ai mes machines et je connais bien mon métier. J’arrive ainsi à joindre les deux bouts dans la dignité.

Les Echos : Qu’est-ce que les parents ont fait pour vous réconcilier ?

N. S. : Il se trouve que sa mère et mon père sont de même père, même mère. Dans notre société, il est inimaginable que mon père choisisse entre nous. Quant à ma  mère, elle n’a même pas le droit d’émettre son avis sur la question.

Les Echos : Qu’est ce que votre mari vous reproche au juste ?

N. S. : Vous allez m’excuser, sachez qu’un homme, pour abandonner sa femme, ne manque jamais d’arguments. Tous les hommes sont pareils…

Les Echos : Permettez-moi d’insister car ce que vous dites nous paraît court comme argument…

N. S. : C’est après 15 ans de mariage qu’il me trouve nerveuse, mesquine, peu attentionnée, jalouse… Du n’importe quoi ! Mais, une certitude : Dieu tranchera entre nous. Je ne lui souhaite pas le pire, car il reste le père de ces pauvres enfants innocents.

Les Echos : Et s’il veut revenir aujourd’hui… ?

N. S. : Je n’ai pas le choix ! Sinon, on ne peut pas vivre avec quelqu’un de mi-homme mi-ani… Ce qu’il m’a fait, il le fera à ma rivale, car c’est le genre d’homme qui pense qu’avec l’argent il peut s’acheter des… femmes.

Propos recueillis par

Idrissa Sako

 

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