L’émigration en débat à Kayes : Le Parena appelle à l’organisation d’une seconde table ronde

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En 1997, une première table ronde sur l’émigration avait réuni, à Kayes, différentes sensibilités concernées par le phénomène de l’émigration. Des stratégies et moyens avaient été définis pour atténuer les difficultés. Treize ans après cette initiative qui avait abouti à la mise en œuvre de la politique de Co-développement, les enjeux restent les mêmes et les difficultés s’amplifient. C’est pourquoi le Parti pour la renaissance nationale (Parena), en conclave à Kayes, a invité les autorités maliennes et les partenaires techniques et financiers à l’organisation d’une seconde table ronde.

Il s’agit là d’une recommandation forte du parti du bélier blanc qui a tenu, les 11 et 12 juillet 2010 à l’Assemblée régionale de Kayes, un séminaire-atelier sur le thème : «mondialisation et émigration, enjeux et perspectives : cas du Mali.» L’enjeu est révélateur d’un intérêt primordial pour le parti : 3 à 4 millions de Maliens émigrés dans le monde transfèrent au pays plusieurs dizaines de milliards chaque année. Le parti du bélier blanc exprime la nécessité d’organiser cette seconde table ronde qui évaluera le parcours de la décennie précédente et définira une vision claire et réaliste pour les années à venir.                        

Il faut dire que les départs, à la recherche de fortune, sont encouragés voire conseillés, depuis des siècles, comme un acte de bravoure dans la société malienne. Aujourd’hui, la jeunesse trouve de plus en plus de plaisir en tentant «sa chance ailleurs». Et le monde occidental, particulièrement l’Europe, est perçu pour eux comme un eldorado qu’il faut coûte que coûte franchir. Pour le Parena, la tendance trouverait son explication dans des réalités objectives du monde contemporain : sécheresse grandissante, fragilité écologique, besoin de survie face à des conditions de vie très précaires. «Quant le terroir ne produit plus, le départ devient une stratégie de résistance et de subsistance», a souligné Tiébilé Dramé, président du parti. Selon lui, le monde globalisé a favorisé la libre circulation au détriment de celle des hommes. A cet effet, les nations riches ont beaucoup plus de facilité à se déplacer que les nations pauvres. Pour le premier vice-président, l’honorable Me Amidou Diabaté, le nouveau traité de Lisbonne, en vue, de l’union européenne va amplifier les conditions d’entrée de nos compatriotes en Europe.

 

Diviser pour régner !        

Il faut dire que l’Europe a décidé de se refermer sur lui à travers des politiques répressives et des mesures draconiennes : érection de murs aux frontières, pacte européen sur l’immigration, etc. «Tout cela exprime une inégalité des échanges», a dénoncé Tiébilé Dramé.                 

La problématique touche les relations d’Etat et l’Europe semble avoir opté pour la stratégie de diviser pour régner. Le Parena salue la «grande résistance du Mali» face à l’Europe dans le cadre des négociations de la situation des Maliens sur le sol européen. Pour Dr. Salabary Doumbia, représentant de la fondation Friedrich Ebert (partenaire dans l’organisation du séminaire atelier), les migrants, dans la plupart des cas, partent pour leur famille et leur communauté. Se fondant sur une étude de la banque mondiale, Salabary Doumbia a indiqué que l’argent envoyé par les Maliens de France a contribué à la construction de 60 % des infrastructures au Mali. Selon une récente évaluation, les émigrés maliens ont transféré en 2009 la somme de 177 568 000 000 francs CFA au Mali. Et cela n’est certainement qu’une partie puisqu’elle ne concerne pas les transferts des canaux officieux. Au-delà de sa contribution financière importante, les émigrés maliens contribuent au rayonnement et à la vulgarisation de l’image du pays. «C’est aussi un atout diplomatique redoutable», conseille le parti. 

Le Parena estime que la réflexion est en panne en Europe, les visas de courte durée favorisent la clandestinité, etc. Il est donc indispensable pour l’Afrique de proposer une stratégie, affirme le parti. Dans le rapport de session que les responsables entendent défendre à différents niveaux, le parti souligne, entre autres, la nécessité pour la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Guinée (le bassin du fleuve Sénégal) de se mettre ensemble pour négocier des stratégies de migration avec l’Europe. Aussi, ont-ils ajouté, la nécessité de définir une doctrine claire sur la migration dans nos pays, de proposer la création d’un fonds d’appui aux initiatives des migrants et une fondation nationale pour les bassins d’émigration. «La réalité des pays exige aux jeunes de partir», a fait savoir Tiébilé Dramé.

Seydou Coulibaly


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