Un camouflet de Aboubacar Eros Sissoko, auteur de «Chakozy, un drôle de chat» aux autorités du Mali : rn«Les jeunes émigrent vers l’Europe car nos dirigeants ne font pas leur travail»

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«Les jeunes partent en Europe pour chercher quelque chose de meilleure, car nos dirigeants ne font pas leur travail correctement. C’est d’ailleurs avec leur complicité que nous sommes enchaînés et ramenés manu militari dans nos pays. Un pays qui n’a pas de reconnaissance pour ses enfants n’ira jamais de l’avant…». Tels sont les propos de Aboubacar Eros Sissoko, l’auteur de «Chakozy, un drôle de chat» à l’endroit des dirigeants africains et, plus précisément, maliens. C’était hier, jeudi 8 février, à l’aéroport de Bamako-Sénou, lors d’une conférence de presse.

eudi 8 février 2007. Aéroport de Bamako Sénou. Il est environ 10 heures. Sur la piste, un gros porteur de la compagnie Ethiopian Airlines se positionne pour prendre son envol. Au secteur des vérifications des documents de voyage, un agent de police tue le temps en lisant un bouquin.

Pendant ce temps, le service de nettoyage tente de polir les vieux carreaux du hall d’enregistrement. Au même moment, un haut parleur invite les passagers à destination de Nouakchott de rejoindre la salle d’embarquement. C’est le décor que Aboubacar Eros Sissoko a choisi pour son point de presse sur le livre «Chakozy, un drôle de chat». «C’est un lieu symbolique, car c’est ici que l’immigration commence et c’est aussi ici qu’elle prend fin». A-t-il expliqué.

Avant d’en venir au livre qui relate l’histoire de Chano, l’ancêtre des chats qui devait être sacrifié pour sauver la vie du chef de village. Chano s’enfuit en Cefran où il s’installe. Là, il rencontre Chacha, belle et splendide chatte-blanche comme neige. De cette union, naîtron cinq chatons dont Chakozy qui se lance dans la politique. Tour à tour, il devient Chat Maire à Griboully, Député à la Chassemblée, ministre de la Sécurité Féline et président du PMU.

Dans cet ouvrage à la fois teinté d’humour et de sarcasme, M. Sissoko critique sans complaisance «Chakozy» que beaucoup de lecteurs n’hésitent pas à transformer en Sarkozy. Et, Aboubacar Eros Sissoko n’hésite pas à franchir le pas entre son appellation littéraire et celle que les lecteurs lui donnent. «Quand je cause avec les gens de ce livre, ils sont tirés vers le nom Sarkozy. Je laisse alors le livre et je parle de Sarko, un danger public pour tout le monde. Un homme virulent et brutal» martèle-t-il.

«Sarkozy a oublié que l’Afrique a contribué pour libérer la France et qu’elle contribue encore aujourd’hui, à la prospérité de la France. On nous fait toujours savoir que les sans papiers ne sont pas une bonne chose pour l’hexagone. Ce qu’on ne dit pas, c’est que quand ces sans-papier travaillent avec une fausse carte de séjour, ils contribuent pour la sécurité sociale, l’assurance chômage, l’allocation à la formation et au reclassement et à la retraite. D’ailleurs, plusieurs Maliens, qui ont été refoulés, ont leurs comptes bloqués en France» a continué l’orateur.

Quand vient le tour de l’Afrique et, plus particulièrement, celui du Mali, Aboubacar Eros Sissoko n’est pas plus tendre : «Si nous partons en Europe, notamment en France, c’est parce que nos dirigeants n’ont pas fait correctement leur travail. Quand on enchaîne nos compatriotes et qu’on les renvoie au Mali, je me dis souvent que c’est avec la complicité des autorités. C’est d’autant plus vrai que ceux-ci ne lèvent pas le petit doigt pour critiquer cette politique. On décore les petites gens par complaisance alors que ceux qui ont construit le Mali sont aux oubliettes. Un pays qui n’a pas de reconnaissance pour ses enfants n’ira jamais de l’avant. On continuera à mentir et à tourner autour des mensonges pour voiler la vérité au peuple. Cela ne nous grandira jamais». No comment !

Aboubacar Eros Sissoko, qui en est à son troisième livre, ambitionne de s’installer prochainement dans l’ex-royaume bambara de Ségou. Il veut, enfin, «démontrer à la jeune génération que le Mali a regorgé dans le temps des hommes intègres. Contrairement à nos jours où le vol est devenu monnaie courante et objet de fierté».

Paul MBEN

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