Alain Giresse: «La France? Du n'importe quoi dans tous les domaines»

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 INTERVIEW – Le sélectionneur du Mali observe les matchs de la Coupe du monde en tant que consultant pour France Télévisions…

Il prend presque plus de plaisir dans sa cabine de commentateur que sur un banc de touche. L’exercice est «moins stressant, surtout quand on voit jouer deux équipes avec lesquelles on n’a pas vraiment d’affinités», juge Alain Giresse, l’un des consultants pour France Télévisions pendant la Coupe du monde. Ancien sélectionneur du Gabon, désormais en charge du Mali, «Gigi» a sa petite idée sur la faillite du foot africain sur son continent. Mais aussi celle de l’équipe de France.

Il n’y a qu’une seule équipe africaine au second tour. Comment l’expliquez-vous?
Il y a encore des manques. Le Nigeria rate des occasions immanquables. S’ils les mettent, ils passent. La Côte d’Ivoire, c’était plus compliqué, parce qu’ils avaient un groupe difficile. Derrière, ça progresse, mais il ne fallait pas s’imaginer qu’en arrivant en Afrique, ils allaient combler le retard qu’il y a sur les grandes nations.

Où se situent les «manques» dont vous parlez?
Dans les moments importants, quand il faut avoir la lucidité pour faire la différence. Il manque de l’expérience, de la maturité. On est dans la partie la plus difficile à appréhender. Tout le reste, la condition physique, la préparation, les grandes bases sont là. Mais là, c’est un plus un problème mental, psychologique, que technique.

Seule l’équipe du Ghana s’en est sorti…
Elle a su faire face. Elle a ce mélange d’impact physique, d’organisation, avec des valeurs techniques. Il y a du mouvement, c’est un jeu alerte, avec des joueurs habiles. Et puis, ce pays est un creuset de bons joueurs. Mais il n’y a pas de banc, ça peut être leur problème.

Etes-vous surpris par l’échec de la France et l’Italie, les deux finalistes de 2006?
Si on prend ce que représentent la France et l’Italie, oui. Maintenant, ce ne sont pas de bonnes équipes. Les noms sont des références. Le contenu n’est pas bon. La France, ce n’est pas une grande équipe. Le trou n’était pas assez profond, alors ils ont pris les pelles pour creuser un peu plus. On ne peut pas venir à la Coupe du monde avec le n’importe quoi qu’il y a eu dans tous les domaines. Ça dépasse l’entendement.

L’argument de la fatigue physique des joueurs européens en fin de saison est-il valable?
Mais non. Les Sud-américains, ils jouent où? Les Brésiliens, les Argentins, les Chiliens? C’est un argument si à un moment donné tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Là ce n’est pas le cas. Si on prend la France, c’est une fatigue, mais pas dans les jambes. C’est une fatigue dans la tête.

Quel 8e de finaliste vous a le plus étonné jusqu’à présent? Et quel joueur en particulier?
Si on dit Uruguay, Mexique, ce n’était pas attendu. La Slovaquie aussi. Regardez dans le haut du tableau, on va avoir un demi-finaliste surprise. Si je devais vous donner un joueur, je dirai Honda. On connaissait les motos, mais lui, il est très fort aussi.

Propos recueillis par Romain Scotto, à Port-Elizabeth
Créé le 26.06.10 à 16h11 – 20minutes.fr

 

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