Coupe du Monde de Basket ball Espoirs : Les dessous d’une débâcle

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Le népotisme, la négligence, le trafic d’influence, les mauvaises conditions du voyage…, autant de causes qui ont entraîné la débâcle de l’équipe nationale féminine Espoirs, lors de la coupe du Monde à Moscou (Russie), au début de ce mois.

Pourtant, rien ne présageait cette déroute de nos Espoirs féminins. En effet, nos basketteuses ont décroché le trophée continental au Mozambique, l’année dernière, et surtout, le seul ticket pour l’Afrique toute entière. C’est dire que le Mali représentait tout le continent. Et c’est la première fois qu’un pays africain participe à une coupe du monde de cette catégorie.

Pour rappel, en plus de la coupe obtenue au Mozambique, les Aiglonnes Espoirs avaient obtenu des titres honorifiques, notamment celui de meilleures joueuses du tournoi et de meilleures rebondeuses. Juste après leur sacre, les amazones avaient été accueillies en héroïnes par tout le peuple malien et avaient été reçues par le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré.

Depuis 2005, le basket-ball malien a connu une ascension fulgurante, avec le sacre des Dames du Djoliba AC en coupe d’Afrique des clubs champions, offrant ainsi au Mali sa première coupe africaine, toutes disciplines confondues. En 2006, ce fut l’apothéose avec le sacre des Espoirs filles au Mozambique, et des juniors filles au Bénin. Au moment où tout le public sportif pensait que cette discipline allait monter encore plus haut, on assista alors à des dissensions internes au sein de la famille du basketball. Ce qui a négativement influé sur le résultat des Espoirs filles, lors de cette coupe du monde, à Moscou


De quoi s’agit-il ?

Après le sacre des Espoirs filles au Mozambique, l’ossature de l’équipe tournait autour de Fatoumatou Touré “Mami”, Nagnouma Coulibaly, Minata Kéïta, Adam Sissoko, et Ouleymatou Coulibaly. C’est grâce à ce noyau que l’équipe s’est parfaitement illustrée, avec le résultat que l’on sait. Naturellement, tout entraîneur censé devrait garder et reconduire le même noyau, à moins que les joueuses concernées soient malades ou blessées. Mais lors de la compétition mondiale, l’entraîneur principal, Cheick-Oumar Sissoko “Yankee” fit appel à des joueuses qui ne pratiquaient plus le basket depuis un ou deux ans.

A la surprise générale, il choisit une certaine Djénébou Sidibé dite “la vieille”, et pire, des filles cardiaques, comme Ramata Goïta, qui a même été déclarée inapte par la police. Ces filles ont été sélectionnées au détriment du meilleur pivot du championnat national, Minata Kéïta, et de deux autres filles : Ouleymatou Coulibaly et Adam Sissoko, les vrais artisans du succès au Mozambique. Aucune explication n’a pu être donnée au sujet de la mise à l’écart des ténors.

D’ailleurs, à la veille de leur départ à Moscou (Russie), une des joueuses a déclaré : “Les trois joueuses nous manqueront. Leur non sélection risque de peser sur nos résultats”. Selon d’autres sources, la mise à l’écart de ces 3 filles, surtout de Minata Kéïta, est due au fait qu’elles auraient rejeté les avances du coach national.


Rivaldo,au secours !

Toujours est-il qu’aucun responsable de la délégation officielle n’a mentionné de cas d’indiscipline de ces joueuses. En plus du choix des joueuses, les mauvaises conditions de voyage ont constitué un handicap majeur. D’ailleurs, les joueuses maliennes sont arrivées par tranches à Moscou. Malheureusement pour le coach Cheick Oumar Sissoko, les 2 joueuses retenues, Djénébou Sidibé et Ramata Goïta, ont été disqualifiées pour toute la compétition. Ce qui a contraint l’équipe à jouer à 7 dans certains matches, alors que le nombre normal est de 12.

En effet, Djénébou Sidibé, atteinte de dysenterie, a été isolée durant tout le tournoi. Quant à Ramata Goïta, ses problèmes cardiaques se sont réveillés, et elle fut obligée d’abandonner définitivement la partie. Le Mali a ainsi disputé tous ses matches en infériorité numérique, sans parler des blessés. Les joueuses ont, en plus, perdu leurs bagages et leurs maillots de compétition. Il a fallu le secours du joueur de football, Dramane Traoré “Rivaldo”, qui évolue au Locomotiv de Moscou, pour leur trouver des maillots, mais sans le flocage du drapeau malien. C’est dire que le Mali, représentant l’Afrique, ne pouvait espérer remporter quelque chose à Moscou. En 6 matches, nos Espoirs filles ont subi 6 défaites, arrivant donc bonnes derrières : 12e sur 12


Que retenir de cette débâcle ?

Le Mali était parti à Moscou pour décrocher une place honorable. C’est pourquoi le Président de la République s’est personnellement investi pour que tous les moyens soient mis à la disposition de ces Espoirs filles. Cette débâcle doit donc être justifiée, tout comme le comportement de l’entraîneur qui se serait permis de violer la règle, en matière d’éthique sportive.

En tout cas, cette participation vient de mettre à nu les comportements révoltants de ceux qui étaient chargés du voyage de ces joueuses, et surtout, certaines pratiques anti-sportives qui minent le sport malien. Car ces enfreintes surviennent au moment où tout le monde croyait que le sport malien est en passe de sortir de l’auberge.

Sadou BOCOUM
SB du 20 juillet 2007

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