Djibril Traoré, reporter sportif du Mali : «Mon modèle est et restera le grand journaliste guinéen feu Boubacar Kanté»

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Grand de taille et fort sympathique, cet homme, qui a le sens de l”humanisme, est très connu dans le monde sportif au service de l”Office de Radiodiffusion Télévision du Mali. C’est aussi est un grand admirateur et lecteur du magazine Bamako Hebdo. Lui? C”est Djibril Traoré, ou Touramakan chi. Généreux, humble et modeste,  le grand reporter surnommé Kovac par ses intimes a bien voulu nous recevoir. Il nous parle ici à cœur ouvert.

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Homme d”une cinquantaine d’années même si on ne le dirait pas, Djibril Traoré est issu d”une grande famille qui a quitté Bozofala, plus précisément Négèbabougou, à 70 km de Bamako dans l”arrondissement de Néguela, cercle de Kati dans le Bélédougou profond, pour  Bamako. Ce qui fait qu”il est né et a grandi dans la capitale mais reste toujours rattaché à son terroir, à ses origines.

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A cause de son amour pour le football, dès le plus jeune âge, on lui a donné le surnom de Kovac, du nom d”un entraîneur roumain qui a inventé le football total. Ainsi, ses amis d”enfance et même son épouse l”appellent Kovac, un nom qui lui va bien. Il a d”abord entamé l”école à Dio gare, ensuite à Dravela, et poursuivra après après au lycée technique, où des problèmes avec un enseignant, feu Cyr Mathieu Keita, pour sa turbulence, le feront partir. Il est par la suite allé en Côte d”Ivoire où il a étudié la comptabilité.

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A son retour au bercail, Dioncounda Samabally très connu dans le monde sportif, a écouté l’une de ses cassettes. Très impressionné, l”homme l”a approché, conseillé et suffisamment aidé à obtenir un poste de collaborateur extérieur à la Radio Télévision Malienne. Deux ans plus tard, en 1979, il a intégré la boîte nationale comme contractuel, pour ensuite devenir  fonctionnaire d”Etat. C”est bien après qu”il est allé faire des études de journalisme à  l”Ecole supérieure de journalisme de Paris. Il en est actuellement à sa 28e  année de service à l”ORTM.  Marié à une Soninké, Djenebou Dramé, stagiaire à Orange Mali, Djibril est père de quatre enfants, un mignon garçon et trois filles.

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Son amour pour le sport tire sa source d”un grand reporter sportif guinéen. Il s”agit du regretté Boubacar Kanté, qui l”a, dès l”enfance, beaucoup marqué.

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Il avait, dans la fleur de l”âge, une équipe de football qui s”appelait les Lionceaux et qui rivalisait avec l’Africa Sport. Cette équipe a formé beaucoup de jeunes, entre autres Gaoussou Samaké, Vieux Samaké, Ousmane, Ousmane Kaloga, Platini. Plus tard, Djibril aura de l”admiration pour feu Demba Coulibaly  et Boubacar Diallo, actuellement à l’OMS qui animaient "Sport et musique ". Ils lui ont  beaucoup appris, selon ses propres dires. 

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A son arrivé à la radio, Dioncounda lui a dit d”être tolérant, en essayant de convaincre ses collègues par la qualité de son travail.  Chose qu”il a réussie car ses cadets de la boîte, notamment Sory Ibrahim Keita, Alassane Diombélé, Directeur de la chaîne II, Kalifa Nama Traoré, Yaya Konaté et Oumar Moussa Traoré, Rédacteur en chef du journal télévisé, sollicitent très souvent ses conseils pour mieux exercer leur profession.

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En tant que journaliste sportif, Djibril Traoré estime qu”il n”y a pas d”entente, ce qui fait que c”est difficile pour que cela marche. Car, dans tout regroupement, la principale force c”est l”entente, même si la discipline est très importante.

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Pour lui, le sport malien, de façon générale, traverse une crise, à cause de problèmes d”organisation et du manque de moyens. " Je crois que c”est la goutte d”eau qui a fait déborder le vase ".

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De 1984 à aujourd”hui, Djibril a suivi 12 coupes d”Afrique et couvert 5 coupes du monde et 2 jeux olympiques.Il a été correspondant d’Africa N°1 pendant 12 ans, de Radio France Internationale un moment et, depuis toujours, de Canal France International.

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En matière de politique, le Mali est un exemple affirme le journaliste sportif. Il a eu la chance de beaucoup voyager, et, partout où il est passé, les gens parlent politiquement bien du Mali. C”est déjà une fierté et un acquis. L”homme suit de très près la politique et a son opinion, en bon citoyen. Il milite même à sa façon pour le bien-être du pays.

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" C”est vrai qu”il y a des échéances qui pointent à l”horizon, mais les uns et les autres doivent raison garder, essayer de voir en face la réalité tout en évitant surtout les problèmes, car notre pays n”en a pas besoin. Beaucoup de choses, de réalisations, ont été faites, mais beaucoup reste encore à faire "

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Par ailleurs, concernant  la presse malienne, l”homme que l”on surnomme Kovac a un avis assez complexe, car à chaque fois qu”on essaye de parler objectivement de cette presse, on se place en ennemi de quelqu’un.

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«Ce n”est pas propre au Mali seulement, c”est comme cela un peu partout en Afrique. Cet état de fait a commencé depuis l”avènement de la démocratie, car les gens ont trop jumelé presse et démocratie jumelé. La presse, par la suite, est devenue un refuge pour ceux qui n”avaient rien d’autre à faire».

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Djibril estime toutefois que ceux qui viennent dans le métier par amour peuvent s”en sortir, par contre ceux qui sont là pour s”enrichir perdent leur temps. On peut se faire des relations en gagnant le minimum mais "on ne peut pas éternellement arnaquer les gens et vivre de ça. Un jour viendra où ça va s”arrêter".

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«Les meilleurs journalistes sont  ceux formés sur le tas, mais il faut accepter de se remettre en cause». " C”est dommage, ce problème de la maison de la presse " a souligné l”homme, qui a de bons rapports  avec tous ses confrères, de l”ORTM et d”ailleurs.

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Lors d”un match Guinée-Mali, en 1984 à Bamako, notre interlocuteur, alors jeune reporter, a vu, lors de l’épreuve des tirs au but, un journaliste demander aux supporters de faire beaucoup de bruit au moment du tir de l”adversaire. Ça été une expérience nouvelle pour lui, qui a beaucoup apprécié et qui a également compris qu’en matière journalistique, il faut créer pour surprendre les téléspectateurs et l”auditoire.

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C”est sa plus grande satisfaction dans la presse. Côté déception, l”homme en a eu deux. D”abord l”élimination du Djoliba par les Stationneries Stol, alors qu’il faisait le reportage avec l”actuel ministre de la Communication et des nouvelles technologies de l”information, Gaoussou Drabo et Youssouf Traoré,  présentement à la retraite. Au match retour, confiant Djoliba a été déçu et suffisamment affecté. Il a, dès lors, compris que rien n”est acquis en football avant la findes 90 minutes.

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Ensuite lors d”un match au Zaïre en 1983, lors d”une fouille de la délégation malienne dans le bus, un dirigeant malien a été retrouvé avec du sel. Les forces de l”ordre se sont mises à le traiter très mal et Djibril, dans son coin, n”a pas pu digérer cet état de fait et les a traitées de sauvages en bambara. Les agents se sont mis à le bastonner. 

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Après le boulot, l”homme consacre son temps à la télévision, la lecture de journaux nationaux et internationaux, surtout sur le sport et de livres, surtout les romans.

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Sa référence professionnelle n”est autre que feu Boubacar Kanté, pour son amour, son dévouement à sa profession. Cet homme l”a motivé par sa manière de présenter les matchs et l’a aidé à devenir le grand journaliste qu”il est aujourd”hui. Il lui en est reconnaissant. Ils étaient très liés malgré l”écart d”âge entre eux. La mort de ce grand journaliste a été un choc terrible pour Djibril. Boubacar s”apprêtait à rentrer dans son pays, à la  demande du Président de la République, pour le poste de chef de bureau de presse de la présidence. Juste à la veille de son départ sur Conakry, il fut assassiné. En l’écoutant, on dent vraiment Djibril très ému.

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 La jalousie, l”égoïsme  et la méchanceté  sont des défauts que Kovac déteste dans la vie. Il a été trahi dans l”amitié souvent, ce qui a fait que "Je ne sais plus qui est qui". C”est pour cette raison qu”il a décidé de vivre retiré des stades, car  " ce n”est plus un milieu sain ".

rnFatoumata Mah THIAM DOUMBIA

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