Célébration du 1er mai sous tension sociale : Quand un nouveau contrat de confiance s’impose entre le gouvernement et ses partenaires sociaux

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Le Mali a célébré samedi dernier (1er mai 2021) la Fête du travail alors que le mercure social est monté d’un cran avec le dépôt le 26 avril 2021 d’un nouveau préavis de grève par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). L’influente centrale syndicale du pays a menacé de déclencher une grève de 4 jours allant du 17 au 21 mai 2021. Et elle n’a pas exclu une grève illimitée si ses revendications ne sont pas satisfaites. Au même moment, le gouvernement cherche à réunir tous ses partenaires autour de la conférence sociale annoncée pour ce mois afin que force puisse rester au dialogue.

 

Dans ce préavis de grève,  l’UNTM revendique l’application immédiate des accords dont les délais sont à termes échus ou dépassés par rapport à ceux du procès-verbal de conciliation signé le 5 février 2021 ; le traitement diligent des accords dont les délais ne sont pas arrivés à terme, en vue de l’extinction du procès verbal de conciliation ; la prise en main par le gouvernement de transition des salaires des travailleurs de la Compagnie malienne des textiles (COMATEX) en chômage technique depuis des mois ainsi que le redémarrage de la production dans l’immédiat…

De son côté, la synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 mettent la pression sur le gouvernement pour le respect strict des termes de l’accord signé le 11 septembre dernier avec le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP, la junte qui a renversé le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août dernier) et qui a permis la reprise des cours dans les écoles publiques du pays après de longs mois de grève. Sans compter que depuis la signature du PV de conciliation entre l’UNTM et le gouvernement, la synergie ne cesse également de rappeler au gouvernement son engagement à l’appliquer conformément à l’article 39.

Dans le cadre de l’harmonisation des grilles salariales, consistant à relever les grilles inférieures à 1382, le gouvernement a organisé (du 29 au 31 mars 2021) un atelier de réflexion sur «les conditions de vie et de travail dans les secteurs public et privé». Et les participants ont recommandé, entre autres, le rétablissement d’une grille commune (unique) pour tous les fonctionnaires à la hauteur de la meilleure grille selon les normes de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Pour la synergie, cette recommandation «viole» l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 (portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale) qui stipule que «toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignant fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale».

Le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi au préavis déposé par l’UNTM le 26 avril dernier.  Mais, lors d’un repas de rupture de jeûne offert à la presse le 26 avril dernier à la Primature, le Premier ministre Moctar Ouane a indiqué que la conférence sociale annoncée en décembre dernier sera organisée durant ce mois de mai. Pour le chef du gouvernement de transition, il s’agit de prouver que «le dialogue est la seule et unique voie pour surmonter nos malentendus passagers».

 

Bah N’Daw appelle à la solidarité pour sauver le pays

Dans un message publié vendredi dernier (30 avril 2021) à l’occasion de la Fête du travail, le président de la Transition a salué l’engagement des travailleurs à «oeuvrer au développement» du pays et a exhorté les syndicats à tenir compte du «contexte particulier de la transition» par rapport à leurs «nombreuses attentes sur le plan social». Pour Bah N’Daw, «les temps sont durs, mais de lendemains meilleurs nous attendent si nous restons unis et solidaires pour aller à l’essentiel, sauver notre pays», a déclaré le président Bah N’Daw qui a assuré pouvoir compter sur «chacune et chacun» pour cette «solidarité nationale».

Dans la situation actuelle de notre pays, un nouveau contrat de confiance est indispensable entre le gouvernement et ses partenaires sociaux. C’est la condition sine qua non pour qu’un vrai dialogue social prévale afin, comme l’a souhaité ex-PM Moussa Mara, d’éloigner notre pays des conflits sociaux pénalisants pour nous tous. Quelle que soit la bonne volonté du gouvernement, il ne pourra pas faire face en même temps à la mise en œuvre de la Feuille de route de la Transition et contenter ses partenaires sociaux.

C’est pourquoi nous devons tous nous oublier un moment pour œuvrer à la réussite des reformes indispensables à l’instauration d’une gouvernance vertueuse. Et cela d’autant plus que cela ne peut que bénéficier à l’ensemble de la nation. A commencer par les travailleurs qui ne peuvent que bénéficier des retombées d’une gestion rigoureuse des ressources et des richesses du pays. Ce nouveau contrat de confiance, attendu à l’issue de la conférence sociale annoncée pour ce mois, doit reposer sur la franchise, la sincérité… Mais, il ne faut pas se voiler la face parce qu’il sera difficile à obtenir avec des responsables luttant sur le terrain syndical avec des ambitions politiques personnelles.

Il est temps que chacun joue franc jeu à visage découvert pour sortir le pays de l’impasse dans tous les secteurs !

Naby

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