A la loupe : crise du Nord-Mali : Des négociations infiltrées

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MNLA
Mnla (Photo archives)

Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement serait en plein round de négociations avec les groupes armés qui sévissent dans le nord du pays, groupes armés qui empêchent, depuis plus d’un an, le Mali d’exercer sa pleine et entière souveraineté sur toute l’étendue du territoire national. Un schéma semble se dégager : cantonnement, désarmement, réinsertion. Pour mettre en scène ce scénario, les principaux acteurs conviés sont les responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla, groupe déclencheur de la rébellion armée, en janvier 2012), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua, une dissidence du Mnla), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Officiellement, le mouvement Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) sont exclus des débats en raison de leur appartenance à l’internationale jihadiste et de leurs connexion avec Aqmi (Al Qaëda pour le Maghreb islamique, le mouvement terroriste international). Officiellement seulement parce que, selon toute vraisemblance, des jihadistes participent bel et bien aux négociations.

 

 

 

Le Mnla, un ramassis de mercenaires venus de la Libye après la défaite de Kadhafi, de déserteurs des forces armées et de sécurité maliennes, de dissidents de l’Alliance de Bahanga et d’anciens du Mouvement national de l’Azawad est constitué essentiellement de ressortissants des communautés touarègues auxquels s’ajoutent quelques Songhays et Peuhls. Après le déclenchement de la rébellion, ce mouvement s’est allié aux groupes narcotrafiquants et terroristes qui avaient fait  du nord malien un sanctuaire où ils faisaient prospérer leurs activités criminelles, aidés par des relais locaux et de personnalités au sommet de l’Etat. Avec des revendications indépendantistes, le Mnla ne parviendra pas à faire durer sa lune de miel avec ses partenaires. Au cours de l’occupation forcée des régions du nord, plus précisément en juin 2012, les points de désaccord aboutiront à des affrontements sanglants entre le Mnla et, essentiellement, le Mujao, d’abord dans la région de Gao ensuite dans les autres régions du nord. Défaits, les indépendantistes sont contraints à la fuite. Leurs combattants qui n’ont pu se résoudre à partir, soit parce qu’ils ne savaient où aller soit parce qu’ils n’avaient pas les moyens de partir, ont rejoint en grande partie les rangs d’Ansar Eddine et du Mujao. Plus tard, le Mnla désargenté et mis en quarantaine par ses commanditaires occidentaux et sous-régionaux, d’autres combattants prendront la même destination que leurs prédécesseurs. Commence alors la traversée du Sahara pour les responsables de ce mouvement.

 

 

 

Ses membres qui ont rejoint Iyad Ag Ghaly, dans la perspective d’une intervention militaire dans le nord du pays et de négociations avec les autorités maliennes, ne tarderont pas à le «quitter» pour revenir dans leur fief naturel: Kidal où ils prendront le nom de Hcua. Pour la plupart d’origine touarègue, ces transfuges d’Ansar Eddine ont gardé des liens très étroits avec leurs frères du Mnla. Emanations d’Ansar Eddine, on peut donc logiquement dire que des jihadistes sont présents à des négociations dont sont, théoriquement, exclus les islamistes. Et ce n’est pas le pouvoir actuel qui va les exclure. En effet, ces mêmes terroristes sont revenus sur la scène politique nationale «grâce» au RPM qui leur a ouvert leurs listes législatives. Conséquence : des «anciens» d’Ansar Eddine sont élus députés et siègent à l’Assemblée nationale.

 

 

 

Quant au Mujao, il convient également de faire le distinguo. En 2012, le Mujao qui avait pris le contrôle de Gao était composé essentiellement de Sahraouis. Menant surtout des activités criminelles liées aux narcotrafics et à la contrebande, le mouvement est parvenu à s’adjoindre les services de nombreux jeunes désœuvrés et de responsables intéressés, notamment des chefs de tribus arabes et Kounta de la vallée du Tilemsi, les chefs de villages de la vallée du Niger. Après l’intervention de la France, à partir de janvier 2013, les principaux responsables du mouvement ont fui le pays. Ne sont restés que ses membres d’origine malienne, des autochtones Songhays, Peuhls et quelques rares Touareg. Ce qui fait qu’en ce moment, il n’existe pratiquement aucun étranger dans les rangs de ce que certains continuent d’appeler le Mujao. Il ne reste que des Maliens, des Arabes et Kounta qui ont créé le Mouvement arabe pour l’Azawad (MAA), des Peuhls et Songhays qui se noient parmi les populations et continuent de mener quelques activités terroristes ou ont rejoint les milices d’autodéfense sédentaires sous des couvertures diverses, des Touareg qui trainent derrière les groupes rebelles. Le Mujao ne connait présentement aucune unicité en son sein.

 

 

Les Arabes ne s’entendent pas entre eux et se disputent la légitimité de la représentation. Ils ne s’entendent pas non plus avec les autres composantes du Mujao, notamment les Touareg avec lesquels ils mènent une lutte sanglante pour le contrôle du devant de la scène nationale. Reconvertis dans le MAA, eux aussi sont introduits dans le processus de négociations après avoir également bénéficié de sièges à l’Assemblée nationale.

 

 

 

A leurs côtés, il y aura aussi les représentants des groupes d’autodéfense sédentaires. Beaucoup de leurs membres auraient collaboré activement avec le représentant du Mujao à Gao, Abdel Hakim, qui serait parvenu, à l’arrivée du Serval, à s’évanouir dans la nature grâce à cette collaboration.

 

 

 

Donc, autour de la table de négociations dont seraient exclus les jihadistes, s’assiéront bel et bien des représentants du Mujao et d’Ansar Eddine.

 

 

 

Reste Aqmi. La filiale maghrébine du réseau international de terrorisme n’ayant plus beaucoup d’argent, en tout cas pas suffisamment pour garder ses éléments a fortiori en recruter d’autres, il enregistre de plus en plus de nombreux départs vers les rangs d’Al-Mourabitoune, le nouveau groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar, ou du Mujao. Les autres regagneront bientôt le Mnla, qui se voit offert le rôle de vedette, et le Hcua qui ne sera pas à l’écart.

 

 

En définitive, ce qu’il faut retenir c’est que si la médiation est biaisée par une forte influence des Touareg du Mnla sur la France et le Burkina Faso, les négociations en cours sont déjà infiltrées par les jihadistes.

 

 

 

Cheick TANDINA

 

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17 COMMENTAIRES

  1. A quel jeu joue Maliweb..Journalisme ou propagande idiote ?

    “Le Mnla, un ramassis de mercenaires venus de la Libye après la défaite de Kadhafi ”

    Le ton est donné dès la première ligne .

    Le Mali indivisible et UNIQUE que nous voulons tous doit mobiliser toutes les forces toutes les bonnes volontés et la foi du charbonnier.

    Cheik TANDINA pensez y..Pensez plus aux populations qu’aux groupuscules politisés.Rapprochez les Maliens!!!

  2. Constatez avec quelle arrogance ce moimoi s’ exprime. La différence de culture qu’il évoque est purement raciste. Les populations blanches du nord qui sont à l’origine de toutes les rébellions sont convaincues qu’elles sont naturellement supérieures aux restes des populations noires du mali. Quelle que soit la volonté de l’etat pour résoudre les revendications posées; ils trouveront toujours le moyen de créer des dissidences, soufflant le chaud et le froid pour escroquer l’argent du contribuable car convaincus culturellement que l’argent des noirs (reste du mali) leurs appartient. Ils faut que l’etat se donne les moyens de les soumettre si les négoces échouent. C’est le seul langage qu’ils comprennent en tant que survivants naturels car ayant tjrs vécus de razzias pour survivre.

  3. Bonsoir, à vous. pourquoi on négocie un rebelle, on n’es tous Malien et Malienne, Pourquoi, Pourquoi, Pourquoi, Pourquoi.

  4. Quel genre de négociation vous parlez. Nous allons passé des siècles à négocier avec ses cornards ça ne résoudra rien. Il faut les communautés du Mali prennent leurs responsabilités. Je suis sure que ça dégénéré un jours.

  5. Quelle mauvaise analyse ,une honte .Rien d etonnant quanq on connaitle Pretoire et ses deconvenues. .!!!!

  6. Tout ça, c’est leur affaire! Ces voyous ne representent meme pas les Touaregs, à plus forte raison les autres communautés du nord!
    Je crois que cette fois ci, ils ont commis la rebellion de trop! Chacun maintenant se prepare pour le prochain conflit: les autorités, les autres communautés etc…
    Qui veut la paix……
    D’autre part, la communauté internationale sait maintenant, qu’elle affaire, je crois, à une bande voyous qui ne represente rien……En plus le coin est maintenant verouillé, et ils n’ont plus rien à voler ou de touristes à enlever et à revendre à aqmi….les temps sont durs pour les voyous….

  7. juste pour corriger quelques informations:
    tous les kountas sont avec le MNLA et non avec le MAA.
    Les négociations sont plutot infiltrées par la SE du Mali à travers quelques Arabes qui travaillent à Bamako et qui ne connaissent meme pas le chemin de l’Azawad
    Aucun membre du MNLA n’a rejoint le Mujao.
    Il n’y a pas de conflits entre les Arabes et les Touareg mais entres les narco trafiquants arabes du Mujao et une partie du MNLA.
    Pour finir, le MNLA et le MAA (le vrai MAA) ne participent pas à ces discussions à Bamako car ce n’est pas un terrain neutre.
    En plus le probleme azawadien date des indépendance et non de la chute de Kadhafi.
    Bonne journee à tous

      • Bien dit mon frère moimoi. Les petits maliens finiront par comprendre que le mali est trop insignifiant face au redoutable peuple arabo-touareg. Allah est avec nous, qui peut être contre nous? Amiin!

    • Moimoi

      Merci pour les rectificatifs, ils étaient nécessaires. Et notamment: “En plus le probleme azawadien date des indépendance et non de la chute de Kadhafi” qui est une évidence que beaucoup aujourd’hui font semblant d’oublier…

    • moimoi, j’attendais qu’on dise clairement la différence entre MNLA, MAA, HCUA, Ansardine, MUJAO et AQMI à part les le nom et les cigles. Nous n’avons pas besoin de charabia genre “le problème azawadien existe depuis l’indépendance” mais des preuves concrètes de ce qu’on avance. Autant la majorité des maliens reconnaisse les difficultés que vivent les populations du nord, autant elle ne comprend pas la violence avec laquelle on veut la résoudre. Que chacun se ressaisisse avant qu’il ne soit trop tard.

      • en Fait on ne peut confondre l’Adema ou sadi ou tout autre parti avec le Mujao, Ganda kay, ganda izo, Aqmi ou Boko haram pour la simple raison qu’il y a des peuhls, des Sonhrais ou bambaras par ci et par là.

        • Mais comme tous ces groupes armés ont la même zone de prédilection (les zones frontalières), le même mode opératoire (la violence), le même but (l’enrichissement par le trafic de humain et de drogue), la même composition (groupuscules de voyous), on est en droit de croire que MNLA = HCU= Ansardine = MAA = MUJAO = AQMI!!!!!!!!!

          • je comprends mieux quand tu m’expliques que tu ignores la vérité sur ce dossier et que tu as gardé les memes mensonges toujours la même haine envers ces gens et que tu ne changeras jamais de point de vue comme( tes semblables), tu as raconté toujours les mêmes ensongess. Mais assimilé un peuple qui n’a pas la même la culture, la même histoire les mêmes valeurs que toi à des bandits c’est un peu se tirer une balle en dessous de la colonne vertébrale, ton acharnement et ton ignorance ne changent rien au problème qui oppose les azawadiens et l’Etat du Mali. J’espère tous les politiciens à Bamako ne pensent pas comme toi.

  8. Une connaissance très nulle de la situation, que des mots (ancardine, mujao,aqmi,mnla) et rien d’autres mais comment les journalistes comme certains grands cadres de ce pays peuvent-ils ignorer toutes les réalités de leur pays?

    • Toi qui connais, avec tout mon respect, dis-nous quelques choses! De ce que j’en sais, M. Tandina a fait un bref ramassé de l’évolution des mouvements armés du Nord. Même si je ne suis pas d’accord avec sa conclusion car j’aurais usé du terme “collabos” de jihadistes, mais qui au nord n’a pas “collaboré” pour survivre sous le joug des jihadistes à l’époque! Dommages que certaines sensibilités (MAA-DINA et MNLA-BILAL-FRANCE-MAROC-BF) soient absentes.Il faut à mon avis encourager ces négociations pour arriver très rapidement au cantonnement, c’est à ce moment que le vrai “travail” va commencer parce que nous saurons qui est qui et qui a fait quoi! Merci.

      • euh ben , ce comme bcp de Kôrôbôrô sont aussi avec ATT &

        GANDA-KOYÎ 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯

        mãhibiyoôô !

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