Flambée des prix des denrées de première nécessité : Quand Boukadary Doumbia de la DGCC devient l’avocat des spéculateurs

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Depuis quelques jours, le marché malien est en passe de devenir une jungle. Des commerçants ont décidé de profiter de la crise sanitaire du Coronavirus pour devenir, qui le sait, exceptionnellement riches. Devenus des maîtres de la spéculation illicite, ils sucent sans honte le sang de leurs concitoyens. Dans le contexte de la pandémie du coronavirus et face à la flambée sauvage des prix des denrées de première nécessité, la sortie de Boukadary Doumbia, directeur général du commerce, de la consommation et de la concurrence, a été des plus inquiétantes. A l’écouter l’on a l’impression d’être en face d’un opérateur économique, du moins en face de l’avocat des spéculateurs.

Qui pour sauver les maliens et maliennes en cette période de grand désarroi ?  En attendant que des cadres maliens à des postes de responsabilités veuillent nous donner des réponses par des actes et des actions lisibles et rassurants, nous sommes au regret de vous dire que personne ne doit compter sur Boukadary Doumbia, Directeur général du commerce, de la consommation et de la concurrence.

Pendant que les maliennes et maliens désemparés par le comportement de certains commerçants, espéraient trouver un réconfort à la Direction générale du Commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCCC), c’est ce moment que Boukadary Doumbia, en sa qualité de Directeur général de cette structure étatique chargé de réguler le marché malien, fait une sortie très déconcertante. Incapable d’avouer son impuissance et son incapacité à trouver des solutions à hauteur de satisfaire les consommateurs maliens, il se calfeutre dans la posture d’un avocat défenseur des spéculateurs qui ont décidé de sucer le sang de leurs concitoyens. Sans porter des gants, il n’est pas passé par quatre chemins pour justifier le phénomène de la flambée des prix par la pratique de la liberté des prix au Mali. Heureusement, qu’il reconnaît que malgré le principe de la liberté des prix qu’il y a un seuil à ne pas atteindre, à plus forte raison à dépasser. Or, il se trouve qu’au Mali, des commerçants, surtout des grossistes, avides et assoiffés de se remplir les poches, ont allègrement dépassé les seuils tolérables. Et, comme la plupart de ces commerçants se réclament de la religion musulmane, ils doivent devant Dieu et les hommes admettre qu’en se comportant ainsi, ils ont tous consommé le « RIB ». Et, en la matière les paroles saintes sont claires : « Ceux qui mangent [pratiquent] de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu’ils disent: “Le commerce est tout à fait comme l’intérêt” Alors qu’Allâh a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant; et son affaire dépend d’Allah. Mais quiconque récidive… alors les voilà, les gens du Feu! Ils y demeureront éternellement ».

En Français facile, cela veut dire que le gain fait par l’usure n’est qu’illusoire, et il disparaîtra des mains de son propriétaire. 

Et, face à tous ces enseignements coraniques, en principe, Boukadary Doumbia avait eu une très belle occasion pour dire au peuple malien les actions et les actes posés par sa structure pour éviter que le marché malien ne devienne une jungle, où des individus mal intentionnés, au mépris des préceptes de leur religion,  se croient tout permis. Mais, malheureusement, dans un verbiage indescriptible par un esprit intelligent, dont il est le seul à percevoir le sens, il a tenté de noyer le poisson dans l’eau.

On lui dit que les commerçants n’avaient pas le droit d’augmenter de la sorte le prix des denrées de première nécessité, dont la liste a été allongée par le Gel hydro-alcoolique et les cache-nez. Et, lui, il répond par un verbiage du genre : « …oui face à l’annonce des fermetures des frontières, tous ceux qui n’avaient pas l’habitude d’acheter 2 kilogrammes de sucre, sont accourus pour acheter 1 sac. Ceux qui ne se lavaient pas la main avec les gels, ont décidé de l’utiliser. Et, c’est ce qui a fait grimper les prix ». Ces propos du directeur général du commerce, ne sont-ils pas inquiétants ?

Quand celui qui dirige le service étatique chargé du contrôle des prix, tente par tous les moyens de justifier une flambée sauvage des prix sur le marché, cela n’est pas du tout rassurant. Et, chose plus grave, comme pour justifier son impuissance, il tire une loi de son chapeau de magicien. « Je vous rappelle que conformément à la Loi n°2016-006 du 24 février 2016 portant organisation de la concurrence, les prix sont déterminés par le jeu de l’offre et de la demande. Toutefois, la même loi interdit les pratiques visant à faire obstacle à la fixation des prix par le jeu de la concurrence », a-t-il indiqué. Mais, ce qu’il refuse d’admettre et de dire, est que conformément à cette même loi, l’Etat a l’obligation d’intervenir lorsque la concurrence entre les opérateurs économiques qui doit réguler le marché est faussée par des attentes préalables qui ne disent pas leur nom pour l’augmentation sauvage des prix des denrées de première nécessité. Et, au Mali, nous sommes aujourd’hui dans ce contexte.

Plus royaliste que le roi, on finit par se trucider

Le directeur général qui  manque d’initiatives et contraint de constater comme un simple citoyen la flambée anarchique des prix, est d’accord avec nous qu’aucune rupture n’a été constatée dans l’approvisionnement des marchés en produits alimentaires. Dans ce cas,  rien ne saurait justifier ces augmentations sauvages, si ce n’est l’appât du gain, et des complicités soupçonnées qui ne disent pas leur nom.

Comment comprendre que des marchandises entrées au Mali depuis des semaines, souvent depuis des mois, dont certains importateurs ont bénéficié par moment d’exonération de la part de l’état, quant ils ne trichent pas avec la douane, se payent le luxe du jour au lendemain d’augmenter de façon anarchique le prix des denrées, et qu’aucune autorité ne lève le petit doigt ?

Face à cette situation, les maliens et maliennes déjà éprouvés par la sempiternelle conjoncture, espéraient que l’Etat, à travers la DGCCC allait bander les muscles pour ramener les commerçants véreux dans le droit chemin. Mais, hélas Boukadary Doumbia, directeur général du commerce, de la consommation et de la concurrence, n’est que l’avocat des opérateurs économiques. Et, il n’y a rien à tirer de son côté.

Et, face à la démission des Associations maliennes de défense des droits des consommateurs, il faut craindre que les maliens et les maliennes n’aient leurs yeux que pour pleurer face à un état dont certains responsables de ses démembrements ont décidé de démissionner, ou de s’accoquiner avec des opérateurs économiques, quand-t-ils ne sont pas eux-mêmes devenus des opérateurs économiques.

Boukadary Doumbia, Directeur général du commerce, de la consommation et de la concurrence, doit admettre qu’il n’est pas le ministre du commerce du Mali. Par conséquent, il ne doit pas chaque fois, même souvent sans les arguments, tenter d’aller au charbon en couverture de son ministre qu’on ne voit et n’entend jamais. Le Mali a-t-il un ministre du commerce ? Est la question que bon nombre de nos concitoyens se posent aujourd’hui.

Assane Koné

 

 

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