Edito : Impossible rationalité

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Manifestement donc, Iyad Ag Ghaly n’a pas suivi Amadou Haya Sanogo dont l’argument central contre le Premier ministre démissionnaire est qu’il ne voulait rien faire pour l’armée, donc pour lui, la libération du Nord. Car dans un communiqué pour le moins intrusif, Ansardine s’est félicité, hier, du limogeage de Cheick Modibo Diarra qu’il trouvait un peu trop va t-en guerre. Les articles de presse, surtout hexagonaux, soulignent également que le démissionnaire était un partisan de l’action militaire.

Au même titre que le peuple qui ne digère toujours pas le revers de son armée au Nord et qui donnerait tout pour que vengeance soit faite immédiatement, totalement, une fois pour toute et sans aide extérieure. Un des problèmes de Cheick Modibo Diarra, sur lequel juraient nos quartiers populaires il y a peu, fut ses propos récents de Ouaga par contraste à ceux qu’il avait précédemment tenus et ici à Bamako devant la délégation algérienne par exemple et dans la presse française.  Le petit peuple qui ne s’attarde pas sur les réalités du terrain s’était accroché à lui, avant de le trouver comme les autres.

Or pour dire vrai, l’ancien Pm a varié selon les moments et les circonstances. Mais qui est resté constant ou cohérent ?  Car au départ, c’était soit la logique de la guerre soit celle du dialogue avant que  les lobbys bien pensants n’imposent les deux solutions simultanément : la guerre contre les islamistes et les narcotrafiquants, le dialogue pour tous les autres. L’Onu était la première à s’insurger contre toute négociation avec les « terroristes » ou leurs complices. Elle s’est adoucie depuis.

Même la France n’a pas osé dire qu’il ne faut pas négocier avec Ansardine dont le communiqué triomphaliste vient confirmer ses liens organiques avec Aqmi et Mujao, ces cibles désignées d’une intervention militaire dont personne ne connaît le moment. La vérité est que Cheick Modibo Diarra ou pas Ansardine avec lequel l’Etat malien a décidé de dialoguer, est pour l’instant l’autre nom d’Aqmi. L’amener à décrocher de cette nébuleuse est un objectif noble mais si Iyad Ag Ghaly fait cela, il ne sera plus un enjeu. Il sera comme Cheik Modibo Diarra qu’il moque aujourd’hui. Nous avons un défi de cohésion et nous ne sommes pas pressés de le relever, il semble.

Adam Thiam

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Plutôt que d’offrir ses millions mensuels à KATI, l’obligation de résultat du nouveau PM est patente: libérer le Nord et organiser les élections. Sinon coups de marteau? Licenciement? En tout cas, le satut quo est inimaginable à long terme: poursuite des amputations, lapidations, enlèvements, arrêt de tout processus de développement, etc. Etc. Hors, c’est le statu quo que souhaite sûrement le CNDERRIERE (ne plus aller au front), et apparemment la communuauté internationale qui ne veut pas financer notre guerre, en même temps déclare qu’on ne peut pas négocier avec les terroristes/ pirates/ djihadistes. Autrement dit, les ”fous de dieu” abandonneront d’eux-mêmes le Nord Mali, la charia, les enlèvements, le terrorisme. C’est très joli tout ça, puisque la majorité des maliens aussi, à l’intérieur comme à l’extérieur, ne proteste guère de façon COORDONNEE ET MASSIVE…

  2. Bonne analyse Thiam.
    Les USA, cest vrai ne negocie pas avec des terroristes comme leur”trompette qu’est l’onu”,mais les USA comme l’ONU ont une très mauvaise lecture de l’attitude des groupes armés au Nord MALI.
    Les Americains, l’ONU et autres n’ont pas compris que les cadres politiques qui sont invités au Dialogue n’ont aucune emprise sur les combattants sur terrains. Pire les combattant migrent quotidiennement d’un groupe à l’autre.
    Personne ne peut dissocier Ançardine d’AQMI,encore moins MUJAO d’Ançardine.
    il n’ya pas pire aveugle que clui qui ne veut pas voir: MUJAO et Ançardine ne different que par les Cadres de leur direction et en leur nationalité!

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