Edito : La prorogation de la transition à l’ordre du jour

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L’on s’achemine infailliblement vers la prorogation de la transition au Mali. Beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que la camisole de force que la Communauté Internationale et une partie de la classe politique veulent soumettre le Mali serait une gravissime erreur. Car le Mali, après cet énième coup d’Etat, doit se doter de tous les arsenaux juridiques, politiques et même institutionnels pour sortir définitivement de cette série noire d’instabilité.

Pour rappel, depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1991 jusqu’à nos jours, les élections, surtout présidentielles, ont toujours été tenues, mais elles n’ont jamais empêché les militaires de faire irruption sur la scène politique pour renverser les régimes « légalement et légitimement constitués ». Ne devrons-nous pas nous interroger sur les raisons profondes de ces coups d’Etat à répétition, de cette rupture constitutionnelle, au lieu de faire de la fixation sur un hypothétique délai. On peut répondre sans risque de se tromper que la mauvaise gouvernance avec son corollaire de corruption, de concussion, d’insécurité, d’instabilité politique, est la raison fondamentale de la dramatique situation dans laquelle le Mali se trouve. La solution passe par un soutien aux autorités de la transition. Loin d’être un chèque en blanc, elles doivent être soutenues afin qu’elles mènent à bon port le bateau Mali.

En effet, après ce troisième coup d’Etat, et certainement le dernier, l’heure de l’introspection et de la mise en cause du passif semble venue pour permettre enfin aux maliens d’avoir un Etat à la hauteur de leur souhait. Ils ont désormais leur destin entre leurs mains et ne doivent ni céder à la pression de la communauté internationale, encore moins à celle des partis politiques dont la majeure partie est non seulement comptable du calamiteux bilan du régime défunt, mais aussi et surtout, n’a d’autres agendas que la préservation de leurs chapelles politiques, de leurs intérêts égoïstes et cela quel que soit le prix à payer.

Il est à noter que cette prorogation, loin d’être de la fanfaronnade ou une quelconque boulimie du pouvoir des autorités, s’impose eu égard à l’immensité et à la délicatesse des missions qui leur sont confiées. Il faut nécessairement réaliser les quatre indispensables axes du Plan d’Action du Gouvernement Choguel pour le Mali Koura tant espéré par le peuple. Du renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, en passant par les réformes politiques et institutionnelles, à la promotion de la bonne gouvernance jusqu’à la tenue d’élections générales crédibles, transparentes, dont les résultats ne souffriront d’aucune contestation.

Qu’il soit clair dans les esprits que le Mali post 18 Août 2020 ne ressemblera au Mali d’il y a trente ans, donc la rupture avec le passé devient un passage incontournable. Il doit être le Mali de nos rêves, de nos ambitions, c’est à dire débarrassé de certaines pratiques et de certains délinquants financiers qui ont mis à genou le pays. Il devient alors très urgent de doter notre pays d’institutions fortes qui résisteront aux turpitudes et autres assauts des hommes politiques. Pour ce faire, l’on doit se donner les moyens et le temps nécessaires pour opérer les changements auxquels le peuple aspire. Vivement donc une prorogation de la transition.

Youssouf Sissoko

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2 COMMENTAIRES

  1. Qu’on le sache le processus démocratique entamé en 1991 pouvait continuer sans COUP D’ÉTAT,si la CRISE SÉCURITAIRE ne s’était pas invitée dans L’ESPACE POLITIQUE.
    MAIS UNE MOBILISATION POPULAIRE ALLAIT OBLIGER LE SUCCESSEUR D’ATT À RÉFORMER L’ETAT.
    Toute mobilisation populaire n’aboutit pas nécessairement à un COUP D’ÉTAT.
    Elle est L’EXPRESSION POPULAIRE comme le vote.
    Le Mali n’a jamais envié ses voisins depuis 1992 contrairement
    à la période de la dictature militaire où l’humiliation était le lot des maliens incapable d’assurer le minimum pour ses citoyens.
    EN TERME DE GOUVERNANCE POLITIQUE NOS VOISINS,À COMMENCER PAR LE SÉNÉGAL,N’ONT PAS FAIT MIEUX QUE NOUS.
    Les insuffisances qu’on a connues pendant les trente dernières années sont une réalité dans ces pays.
    DES FONCTIONNAIRES MILLIARDAIRES PULLULENT AU SÉNÉGAL DEPUIS SOUS ABDOU DIOUF.
    Des hommes politiques sénégalais qui ont exercé le pouvoir se sont tous enrichis par les surfacturations et autres procédés car ils se savent intouchables.
    L’actuel président sénégalais est devenu président de la république milliardaire.
    Il n’avait rien quand il était aux côtés de WADE en 2000 pendant son élection.
    LE SYSTÈME POLITIQUE EN VIGUEUR DANS TOUS NOS PAYS EMPÊCHE DES SANCTIONS JUDICIAIRES CONTRE LES TENANTS DU POUVOIR.
    Le bon diagnostic,c’est accuser le SYSTÈME POLITIQUE en vigueur depuis le 8 juin 1992.
    Le mauvais diagnostic,c’est accuser les HOMMES POLITIQUES qui ont exercé depuis 1992.
    Depuis le COUP D’ÉTAT de 2012 tout le monde dénonce les comportements des hommes politiques en croyant qu’un HOMME PROVIDENTIEL est capable de résoudre le problème d’où l’élection “triomphale” d’IBK qu’on a appelé KANKELETIGUI.
    La recette proposée par ALPHA OUMAR KONARÉ à la fin de son deuxième quinquennat a été ignorée.
    D’abord avec ce système,on n’aura jamais un homme politique qui n’a pas participé à la gestion de l’Etat élu à la présidence de la république.
    Des cadres révélés pendant la présidence IBK se sont ajoutés aux anciens.
    Bien que très jeunes,personne ne peut affirmer que c’est une mentalité autre qu’ils véhiculent.
    Des jeunes avec une autre mentalité ne peuvent pas émerger.
    L’ABSENCE D’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS EMPÊCHE LA MISE À L’ÉCART DE CEUX QUI ONT PARTICIPÉ OU ENCOURAGÉ LA MAUVAISE GOUVERNANCE.
    Le Mali n’est pas le seul pays indexé pour la mauvaise gouvernance.
    C’est toute l’Afrique francophone pour parler de ce qu’on maîtrise.
    SI UN PAYS DOIT CONNAÎTRE UN COUP D’ÉTAT POUR LA MAUVAISE GOUVERNANCE,C’EST LE SÉNÉGAL.
    Ce sont les mêmes hommes politiques honnis par le peuple au pouvoir depuis 1960.
    Même les plus respectueux sous ABDOU DIOUF et WADE se sont mouillés sous MACKY SALL.
    Ce pays n’a pas de culture de COUP D’ÉTAT pour la simple raison que ces différents présidents ont accepté la soumission au NÉOCOLON comme la côte d’Ivoire d’ Houphouët et le Gabon d’Omar Bongo.
    C’EST LE SYSTÈME POLITIQUE QUI FAIT ÉMERGER LES PLUS SALES ET ÉCARTE OU CORROMPE LES PLUS HONNÊTES.
    Au Mali,c’est la CRISE SÉCURITAIRE provoquée par le NÉOCOLON qui a favorisé l’intervention de L’ARMÉE sur la scène politique malienne.
    Au lieu de profiter pour faire le bilan du SYSTÈME POLITIQUE en vigueur depuis 1992 afin de corriger les insuffisances,on s’est précipité à organiser les élections.
    Le NÉOCOLON n’avait pas intérêt qu’on corrige les insuffisances.
    ORGANISER LES ÉLECTIONS,SANS CORRIGER LES INSUFFISANCES,C’EST DONNER LA POSSIBILITÉ À UN HOMME POLITIQUE SALE DE S’ACCROCHER AU POUVOIR.
    Il suffit de constater qu’en CÔTE D’IVOIRE ,en GUINÉE les présidents sont entrain de faire un troisième mandat grâce au SYSTÈME POLITIQUE en vigueur et vont le passer à un homme de confiance,même si le peuple est contre.
    Que MACKY SALL s’apprête à faire de même alors qu’il a combattu WADE pour ça.
    Qu’ au Ghana et au Nigeria,il est impossible qu’un président de la république modifie la constitution pour faire un troisième mandat.
    Au Mali,on a l’avantage d’accéder à la période multipartiste grâce à la mobilisation populaire,de se mobiliser contre un homme politique qui a trahi le peuple qui l’a élu pour changer les habitudes de gouvernance.
    Ça veut dire que les maliens sont différents des autres peuples de la région qui acceptent les agissements des tenants du pouvoir sans agir.
    C’EST CETTE MENTALITÉ QUI VA SUSCITER UNE PROCHAINE CRISE SOCIALE,SI ON SE PRÉCIPITE À ORGANISER LES ÉLECTIONS.
    Les maliens ne vont plus jamais accepter qu’un homme politique vient diriger en laissant ses collaborateurs s’enrichir indûment.
    Une mobilisation populaire similaire à celle du 5 juin avec d’autres acteurs publics différents de ceux de 2020 est en vue,si les élections sont organisées en février 2022 sans corriger les insuffisances.
    Les militaires interviennent car c’est devenu une tradition depuis l’intervention héroïque d’ATT en 1991.
    Les personnes en compétition sont majoritairement soutenues par des hommes d’affaire(disons des délinquants pour ne pas les confondre avec les vrais hommes d’affaire) qui sont motivés par l’utilisation frauduleuse des DENIERS PUBLICS.
    La crise sécuritaire a eu raison d’ATT car il était inimaginable que les maliens se soulèvent contre l’homme du consensus,mais tous ses successeurs seront dégagés par la mobilisation populaire,si le SYSTÈME POLITIQUE reste en vigueur.
    Il nous faut nécessairement L’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS pour empêcher que les hommes politiques agissent impunément.
    Un PRÉSIDENT ÉLU en février ne le fera pas.
    C’est sûr et certain.
    Il va indéniablement rentrer dans le club des pays francophones qui sont entrain d’instituer la présidence à vie c’est à dire passer le témoin à un homme de confiance comme l’a fait Senghor.
    C’est maintenant qu’il faut réformer l’Etat.
    C’est d’autant plus juste que c’est une mobilisation populaire qui a favorisé le départ du traître IBK.
    Il va de soi que les partisans du statu quo vont tout faire,en passant par la France,pour qu’on organise les élections en février 2022.
    Ce serait trahir la lutte du M5-RFP.
    OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue.

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