Edito : L’arrestation de Chouala Bayaya ne fait-elle pas planer une menace sur la liberté d’expression?

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Le prêcheur et leader religieux malien Chouala Bayaya Haïdara a été mis sous mandat de dépôt le mercredi 20 décembre 2023 pour atteinte au crédit de l’Etat et trouble à l’ordre public. Désormais incarcéré à la maison d’arrêt de Diola, cette arrestation est intervenue après celle d’un autre prêcheur surnommé Ba Mariam Ka Bathio. A ces prêcheurs s’ajoute une longue liste des personnes et personnalités arrêtées pour avoir émis leurs opinions. Elles sont entre autres  Rose la vie chère, une influenceuse, le chroniqueur Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath, l’homme politique Clément Mamadou Dembélé, pour ne citer que ces quelques leaders. La question que l’on est en droit de se poser  est celle de savoir si les autorités de la transition ne sont-elles pas  en train de réunir les conditions d’une grave crise sociopolitique ? Il y a à coup sûr  une grave menace contre la liberté d’expression au Mali.  En muselant toutes les voix discordantes, les autorités sont en train d’enfreindre à l’un des principes sacrosaints de la démocratie, à savoir la liberté d’expression. En multipliant des actes à la fois impopulaires et inopportuns, surtout dans un contexte marqué par une profonde crise sécurito-sociale, les gouvernants contribuent à une exacerbation de la tension sociale.

L’arrestation du leader religieux Chouala Bayaya Haïdara suscite en ce moment un tollé général, même si son association qui est le Haut Conseil Islamique, qui est censée monter en première ligne semble opter pour une résolution à l’amiable. L’association du guide spirituel Ousmane Chérif Madani Haïdara, a-t-il capitulé face au rouleau compresseur du régime actuel qui est décidé à faire taire toutes les voix dissidentes ? En tous les cas le leader religieux  Chouala Bayaya  est en train de méditer sur son sort à la prison.

Pour rappel il est le deuxième leader religieux à être mis sous mandat de dépôt, pour dit-on, atteinte au crédit de l’Etat et trouble à l’ordre public. Le hic est que  les autorités multiplient les fronts au moment où elles ont le plus besoin de soutien et d’accompagnement. La posture belliqueuse à laquelle  elles ont  opté est loin d’être la solution pour éteindre les fronts qui sont déjà en ébullition, à savoir le front sécuritaire, le front social le front  économico-financier  et même le front diplomatico-politique. Elles sont en passe d’engager le Mali dans une brouille diplomatique avec la grande voisine Algérienne. En effet,  l’arrestation de Chouala Bayaya Haïdara, qui est venue rallonger la longue liste des prisonniers d’opinion sonne comme une entrave à la liberté d’expression au Mali, et une volonté manifeste d’enfreindre à toutes les libertés. Ne s’achemine-t-on pas vers un régime totalitaire ? Les démocrates sont interpellés face au péril en la demeure.

Ce que les autorités doivent  véritablement craindre aujourd’hui c’est la grande retrouvaille de tous les blasés de la République pour former un seul front commun contre le régime transitoire qui semble s’installer désormais à demeure dans la répression et le musèlement de toutes les voix contradictoires, voire opposées. Ces fronts pourraient être composés d’anciens travailleurs des ONG, de la MINUSMA, de toutes les victimes  de la crise énergétique, des associations religieuses, des promoteurs et travailleurs d’écoles privées, des jeunes désœuvrés et diplômés sans emplois, des partis politiques. La coupe risque d’être pleine et les conséquences incommensurables. En somme,  les autorités de la transition semblent avoir la ferme volonté de faire taire toutes les voix discordantes en mettant entre parenthèses les libertés individuelles et collectives.

                                                                                                                                       Youssouf Sissoko

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