Côte D’Ivoire : La fin de Gbagbo

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Laurent Gbagbo est devenu un os au travers de la gorge, depuis qu’il refuse, contre tout bon sens, d’écouter les conseils de ses amis qui l’ont soutenu au temps des revers, les menaces de ses « ennemis » et même l’appel au bon sens de la Communauté Internationale, partie pour pacifier son pays. Gbagbo n’entend plus rien. La Communauté Internationale non plus, n’entend pas le lâcher.

 Pour une fois la langue de bois diplomatique et confuse, a fait place à la fermeté dans le ton et à l’unanimité dans la répugnance au crime contre la Démocratie. Même nos amis européens, très friands de chocolat et de bols de café ont accepté le risque de s’en priver pour soutenir la vérité et le choix de tout un peuple. Gbagbo est donc dos au mur. Le temps où les « jeunes patriotes », (version gbagboienne) du peuple, imposaient leur loi en Côte d’Ivoire est bel et bien révolu. Leur mentor a excellé dans l’art de la diversion et a régné, jusque là, par la terreur qu’il inspirait à tous. Aux pays voisins c’est la menace des pogroms contre leur nombreux ressortissants qu’il brandissait à toute occasion, aux européens c’est celle de l’expulsion et de l’abandon de leurs biens sur place, aux ivoiriens celle de la guerre civile. Gbagbo est devenu ainsi tour à tour et au gré de ses intérêts, un opposant redoutable, un ami de la démocratie, un despote, un maître chanteur et finalement un con. Les dieux, disait-on dans la Grèce antique, enlevaient le bon sens à celui qu’ils veulent conduire à sa propre perte. Sur ce point ils semblent bien avoir eu Gbagbo. Il complique la vie à tout le monde et surtout à ses amis, opposants dans certains pays, qui ne peuvent dire mot en sa faveur, au risque de se retrouver un jour dans la situation de Ouattara.

Mais la fin de Gbagbo c’est la lucidité et la détermination de toutes les Institutions de la planète. C’est leur courage de ne plus fermer les yeux sur la tricherie, la tuerie et, de préférer s’il y’a lieu « l’injustice », (en s’opposant au juge constitutionnel ivoirien), au désordre qui pourrait coûter la vie à des milliers d’innocents ivoiriens. La fin de Gbagbo c’est la résiliation de sa signature à la BCEAO, source inépuisable de devises. C’est la fin de non recevoir opposée à son appel au départ des forces impartiales. La fin de Gbagbo c’est l’intelligence qu’a eu Guillaume Soro de demander aux forces nouvelles, de ne pas tirer, ne serait-ce qu’un coup de feu, contre leurs frères de l’armée restée attachée jusque là à l’usurpateur. Laurent Gbagbo est ainsi fait comme un rat. Surtout si la réunion d’hier lundi du conseil de Sécurité dont nous n’avons pas les résolutions quand nous mettions sous presse, venait à prolonger le mandat de l’ONUCI  et à donner un autre aux troupes de la CEDEAO pour intervenir sur le terrain. Dans tous les cas les chances de salut du Fou d’Abidjan sont bien minces. Il a fait plus de victimes que tous les régimes qui se sont succédés dans ce pays. Les 50 morts avec le sang desquels il s’est souillé les mains, resteront gravés dans la mémoire collective, comme sa façon bien à lui, macabre et funeste, de signer le cinquantenaire de son pays, jadis espoir de tous les ouests africains en quête de survie. Il s’est essayé à tordre la main au destin, à insulter les convictions pour lesquelles il s’est pourtant battu, à insulter la patience de l’ONU et la traditionnelle passivité africaine, mais, il a échoué. Demeuré sourd,  aveugle et ne parlant qu’avec la bouche de ses valets, Gbagbo donne aujourd’hui à l’humanité entière, l’image même de la solitude, d’un surnaturel abandon.

 

Karim FOMBA

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