Côte d’Ivoire : Gbagbo crache ses vérités aux soldats

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Des militaires ivoiriens s’estiment être des laissés-pour-compte, eux qui ont combattu sur les fronts, eux qui sont morts, mutilés à vie ou qui ont transpiré pour que la Nation reste debout, ne comprennent pas que le chef de l’Etat les oublie dans les distinctions, que leurs arriérés de primes ne leur soient même pas reversés, etc.

Ces mécontentements ont été exprimés au cours d’une rencontre avec le président Laurent Gbagbo, le 14 août dernier. Après avoir dit tout ce qu’ils avaient sur le cœur, les militaires frondeurs attendaient certainement de leur chef suprême, des paroles qui apaisent, pour guérir leurs cœurs des frustrations et de la colère. Il n’en a rien été, sinon une désillusion. Laurent Gbagbo aurait renvoyé ces militaires à leur copie, en leur disant qu’il n’a pas, absolument pas 5 F CFA à leur donner et qu’il n’est pas le président des militaires, mais de toute la Côte d’Ivoire.

Le président Gbagbo les aurait opportunément rappeler qu’ils n’ont pas gagné la guerre, raison pour laquelle il est obligé de négocier une sortie pacifique de la crise. Le président ivoirien se serait dit surpris de voir des gens qui n’ont pas gagné une guerre, venir réclamer des primes et des récompenses à la fin de celle-ci. Six millions de F CFA par soldat. Il ne peut consentir à une telle revendication, qui coûterait à l’Etat pas moins de 300 milliards de F CFA. Le chef de l’Etat aurait profité de l’occasion pour faire remarquer que lui aussi, s’est senti trahi par le grand commandement de l’armée.

Car lorsqu’en 2002, les Forces de défense et de sécurité (FDS) avaient, sous l’impulsion du ministre de la Défense d’alors, Moïse Lida Kouassi, lancé l’offensive de reprise de Bouaké, il a été étonné de constater qu’au moment où il appelait pour ordonner la prise de l’aéroport de ladite ville, les chars avaient déjà replié sur Yamoussoukro. Au regard de cet échec, le président Gbagbo aurait haussé le ton pour mettre en garde ses soldats contre les plaintes et les revendications intempestives, en indiquant que celui qui se rendra coupable de manquement s’expose à des sanctions pouvant aller jusqu’à la radiation.

Le chef de l’Etat aurait prévenu qu’il rit beaucoup, mais que là, il est très sérieux. Selon des sources concordantes, l’ambiance n’était pas bonne quand se terminait un peu après 19 heures, la rencontre. Econduits, les militaires n’auraient même pas daigné répondre au cri de garde-à-vous de leur chef d’Etat-major, le général de division Philippe Mangou, qui aurait même été hué.

La rupture serait donc réelle entre Mangou et ses troupes. Les soldats persistent à croire que leur chef d’Etat-major a bloqué leur prime en dépit de toutes les explications. Cette situation délétère a été aggravée par Laurent Gbagbo avec son discours aux allures de réprimande. « Si le chef de l’Etat dit qu’il ne nous doit rien parce qu’on n’a pas gagné la guerre, pourquoi a-t-il alors récompensé Mangou et ses camarades ?

A quel titre et pour quel acte de guerre donne-t-il des grades comme des bonbons à Mangou ? », se plaint un officier qui a pris part à la rencontre.

Sidwaya (Burkina Faso)

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