L'Iran : Un Modèle d'Indépendance qui Dérange les Grandes Puissances

Alors, pourquoi l'Iran est-il si souvent dans le collimateur ? Qu'est-ce qui effraye réellement les grandes puissances face à cette nation ?

La réponse dépasse largement le discours habituel sur le nucléaire. Elle réside dans une réalité géostratégique que l’on préfère souvent ignorer : l’indépendance d'un État musulman qui refuse de se plier aux diktats extérieurs. Contrairement à de nombreux voisins qui dépendent des puissances occidentales, l'Iran a réussi à établir une autonomie impressionnante. Le pays ne se contente pas de raffiner son propre pétrole ; il dirige également un programme spatial souverain et innove dans des domaines tels que les biotechnologies, tout en développant des drones et des missiles balistiques de haute précision, le tout sous un embargo qui dure depuis plus de quarante ans.

Face à cette autosuffisance, les craintes autour du programme nucléaire iranien semblent moins justifiées. Après tout, aucune puissance nucléaire, même celle engagée dans de grands conflits — que ce soit la Russie, l'Inde ou Israël — n'a jamais utilisé l'arme atomique. Pourquoi l'Iran le ferait-il alors ? Ce qui dérange véritablement, ce n'est pas tant la menace d'une bombe atomique que le modèle d'indépendance que l'Iran incarne dans une région largement dominée par des puissances tutélaires.

L'offensive militaire dont l'Iran est la cible ne vise pas un danger immédiat, mais plutôt une idée subversive : celle d'un pays du Sud global qui refuse de se soumettre, qui développe ses propres outils de défense et qui construit sa souveraineté à tout prix. Ce défi à l'ordre établi ne plaît pas à une coalition hétéroclite, comprenant Israël, les États-Unis, le Royaume-Uni, ainsi que plusieurs monarchies arabes comme l'Arabie Saoudite et le Qatar, qui s'engagent dans une logique de "containment" souvent qualifiée d'acharnement.

Loin d'être un simple foyer de tensions, l'Iran devient ainsi le reflet inversé d'un Moyen-Orient qui, par moments, semble se complaire dans la soumission. C'est cette posture de défi qui le rend inacceptable aux yeux des grandes puissances. Si Téhéran parvient à maintenir sa position face aux sanctions, à l'isolement et aux menaces, il démontre qu'il existe d'autres voies possibles.

Ce qui se joue autour de l'Iran, c'est aussi le récit d'une émancipation pour un monde non-aligné, un monde où la souveraineté ne se marchande pas, où l'autonomie scientifique et militaire est considérée comme un droit, et non comme un privilège réservé aux puissants.

L'histoire jugera si cette voie est viable sur le long terme. Mais pour l'heure, il est essentiel de reconnaître à l'Iran sa constance, sa résilience et son refus d'abdiquer, et ce, malgré le prix à payer. Dans un monde où l'obéissance est souvent synonyme de paix, l'indépendance iranienne apparaît comme un acte de bravoure. Peut-être est-ce là un exemple à méditer pour les peuples du Sud qui aspirent également à leur propre souveraineté.

Source: https://www.seneweb.com/