Transition : Le dialogue inter-Maliens est – il mal parti ?

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Après leur retrait fracassant de l’Accord d’Alger, les pouvoirs maliens de transition n’auront pas tardé à activer le schéma alternatif annoncé par le chef de l’Etat. L’option d’Assimi Goìta pour les ressorts internes de décrispation a ainsi amorcé sa phase de concrétisation, la semaine dernière, avec l’entrée en vigueur de deux de décrets successifs : l’un consacrant l’avènement du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, l’autre la désignation de ses membres qui seront, du reste, aussitôt installés par le président de la Transition. La démarche annonce le début d’une tâche d’autant laborieuse qu’elle ne rassure aucunement avec des claudications aussi saillantes. Pour la première fois, par exemple, une mesure présidentielle de pareille envergure est publiée dans le Journal Officiel avec des anomalies aussi grossières que celles qui transparaissent dans le décret 2024 – 0061/PT-RM du 31 janvier 2024. On y relève par exemple des légèretés aussi triviales que la confusion entre SMTD (Société Malienne de Transmission et de Diffusion) et CMDT (lire : Centre Malien de Diffusion et de Transmission) inexistant dans le répertoire des organismes maliens en tant que structure d’appartenance de membre. Y figure aussi une pléiade de personnalités dont l’allusion à l’origine ethnique ou géographique en dit long l’ampleur des défis d’ordre identitaire à relever par le nouveau comité de pilotage. Ce faisant, le décret présidentiel manque toutefois l’occasion de corriger le malaise consécutif à la reprise de Kidal par la force, en ne faisant la moindre place nominative aux chefferies traditionnelles de cette contrée. Or il est de notoriété publique et même indéniable qu’aucun résultat durable en la matière n’est envisageable dans l’ostracisassions de composantes nationales au nom de leur attachement aux mécanismes et instruments du processus d’Alger. Dont l’inapplication aura sans doute contribué, par ailleurs, à la métastase de la crise malienne ainsi qu’à son extension au Centre du pays où de nombreuses équivoques participent au confort des clivages intercommunautaires : problèmes Peuls – Dogons avec sa cohorte de déplacés et de disparitions de villages entiers, abus et expéditions punitives meurtrières à consonance technique, tueries massives, etc. Autant d’équations auxquelles se greffent les fractures inhérentes à l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale peu consensuelle ainsi que les frustrations imputables aux procédures judiciaires à forts relents de nettoyage politique ayant contraint à l’errance de nombreux acteurs publics indissociables d’une dynamique de réconciliation nationale. À la vague d’exilés politiques est en passe de s’ajouter le célèbre leader religieux et ancienne autorité morale de l’aile politique de la Transition, l’imam Mahmoud Dicko, au cœur d’un malaise diplomatique entre le Mali et son nouveau pays d’accueil.

Face à la complexité de la gageure, les autorités ont recours à un attelage XXL de personnalités de divers horizons – dont le choix n’a probablement obéi à aucune démarche participative, à en juger par la récusation de certains éléments par leur provenance politique. S’y ajoute que la qualité et la compétence de la locomotive laissent également à désirer pour deux raisons au moins. Primo, elle est conduite par une personnalité à la neutralité douteuse en tant qu’avatar affiché du contrepoids ethnique à certaines communautés du Nord. Principale tête de pont d’un quatuor où figure un certain Jean Bosco Konaré comme adjoint, le conglomérat dirigé par Ousmane Issoufi Maiga comprend d’autres figures célèbres comme Aminata Dramane Traoré avec qui l’ancien Premier ministre Maiga avait précédemment cheminé dans une entreprise similaire : le Dialogue National Inclusif (DNI) qui aurait pu épargner aux Maliens l’exercice actuel s’il avait été un succès. Tout porte à croire, en définitive, que le dialogue inter-Maliens va s’ajouter à la montagne d’initiatives onéreuses sans résultat.

I KEÏTA

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Dialogue direct inter-Maliens :

Sans la Cma et la Codem

Composé de 140 membres, le comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale sera piloté par l’ancien premier ministre, Ousmane Issoufi Maiga. Ainsi en a décidé le président de la Transition, le colonel Assimi Goita, par décret en date du 31 janvier. Alors que Jean Bosco Konaré, ancien professeur d’histoire à la retraite est nommé vice-président, les postes de rapporteur général et son adjoint reviennent respectivement à Boubacar Sow et Abdoulaye Nantoumé. Le Comité de pilotage aura la charge d’élaborer les termes de référence du dialogue et les soumettre à la validation d’un atelier national qu’il organise. Il assure également, la programmation, la coordination et la supervision des différentes activités du dialogue à l’intérieur et à l’extérieur du territoire national. Les personnalités chargées de piloter le dialogue inter-Maliens conçoivent et veillent à la mise en œuvre du plan de communication. Enfin, elles élaborent le rapport final du dialogue et le rapport d’exécution de sa mission.

Sans la Cma et la Codem….

La fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, est passée par là. Si ce dialogue a pour finalité une paix négociée entre Maliens, il se tiendra sans les représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad et plusieurs bords politiques, notamment la Codem, qui ne se reconnait pas dans un certain Amadou Aya comme membre au comité. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, la Convergence pour le Développement du Mali de Ousseyni Amion Guindo affirme n’avoir pas été consulté ni sollicité pour la désignation d’un représentant devant siéger dans le comité.

Quant aux ex-rebelles exilés pour la plupart en Algérie, suite à la reprise de Kidal, ils ont perdu le statut de Malien ordinaire au profit de celui de terroristes. Avec leurs têtes désormais mises à prix ils seront également aux abonnés absents. Et contrairement au Dialogue National inclusif organisé par IBK, ils ne sont même pas assurés de pouvoir prendre le train en marche.

Amidou Keita

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2 COMMENTAIRES

  1. Eh Amidou, si la cma et la codem qu´ils y participent mais dans le cas contraire le chien aboie la caravane passe. ils peuvent eternellement attendre. à bon entendeur salut

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