Halles de Bamako, foire de la fête de Tabaski Où sont passés les 1 000 000 FCFA débloqués par la CCIM?

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Halles de Bamako
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Depuis la fin des travaux de construction des Halles de Bamako, ce véritable joyau architectural, qui reste jusqu’à ce jour unique en son genre dans la sous-région, est encore loin de faire le plein en terme d’occupants. En dépit de tous les efforts consentis par les différents gouvernements, les commerçants trainent toujours le pas.

Le passage du PM, Moussa Mara, en compagnie du ministre du Commerce et de l’Industrie, aux Halles de Bamako, pour la réinstallation des commerçants déguerpis, prouve cependant à suffisance la volonté des présentes autorités de booster ce marché moderne.

A cause d’un manque de sensibilisation du gouvernement ATT, seuls les occupants des rez-de-chaussée des Halles de Bamako parviennent à tirer leur épingle du jeu. Les magasins de l’étage servaient plutôt de repaires aux malfrats qui écumaient ce marché.

Aujourd’hui, ce pan du marché n’est pas très fréquenté, malgré l’installation récente des commerçants déguerpis. Une situation que Kama Samaké, le Président de l’Association des commerçants déguerpis, déplore amèrement. «Les gens ne sont pas habitués à monter à l’étage pour faire leurs achats. On est là depuis quatre mois et on ne vend rien. On travaille nuit et jour, mais on ne gagne rien».

Il ajoute: «le ministre du Commerce nous a donné 625 magasins. Faute de moyens, la plupart des bénéficiaires sont venus uniquement pour boucler leurs magasins à clé. Il y a deux mois, nous avons fait le recensement les boutiques qui sont effectivement fonctionnelles et nous nous sommes rendu compte que ce sont seulement 219 boutiquiers qui travaillent effectivement. Mais la situation s’est beaucoup améliorée ces derniers temps».

La plupart des problèmes des commerçants de l’étage, indique Kama Samaké, sont causés par le rôle que la Fédération des associations et groupements de commerçants joue aux Halles de Bamako. «La Fédération, forte de ses 8 associations, devrait faire en sorte qu’on travaille ensemble. Mais elle privilégie plutôt les commerçants du rez-de-chaussée, au détriment de ceux de l’étage».

Pour preuve, selon lui, pendant la fête de Tabaski, le gouvernement avait promis d’organiser une foire à l’étage, afin de canaliser les populations vers cet autre pan du marché. A cet effet, la CCIM avait déboursé 1 000 000 de FCFA. Etrangement, la foire n’a pas eu lieu. On a bel et bien procédé à son ouverture, mais, une fois la cérémonie terminée, les membres de la Fédération sont descendus avec le ministre, et s’en était fini pour la foire. On ne sait pas ce qu’ils ont fait de l’argent.

«Nous sommes en train de nous organiser pour la foire de fin d’année. Si le ministre veut bien nous aider, qu’il ne nous laisse plus entre les mains d’une fédération qui ne s’occupe que des commerçants d’en bas. Nous pensons que nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Surtout quand on exige de nous de passer uniquement par la fédération, des gens bien assis, alors que non seulement on a été déguerpis, mais qu’aussi on a tout perdu».

Aujourd’hui, les commerçants sont confrontés à plusieurs problèmes. «Concernant la location des magasins, le ministre, ayant compati à notre sort, nous a accordé la gratuité jusqu’en fin juin 2015. Maintenant se pose le problème de gardiennage. La fédération ne veut pas prendre en compte le gardiennage des déguerpis, (les occupants de l’étage), elle dit qu’elle ne peut prendre en charge que les boutiques d’en bas. On se voit obligé de sauvegarder nos marchandises, et par conséquent de prendre en charge le gardiennage.

En plus de cela, l’association des déguerpis vient de débourser 125 000 FCFA pour réparer les toilettes et 40 000FCFA pour l’entretien de l’étage. Que fait donc la fédération? Aussi demandons-nous au gouvernement de nous accorder un fonds de roulement, tout en faisant la part des choses entre les commerçants de l’étage et ceux d’en bas, entre une fédération qui s’occupe uniquement des commerçants d’en bas et l’association des déguerpis, des gens qui ont tout perdu et qui occupent l’étage des Halles de Bamako» poursuit Kama Samaké.

Pour sa part, Mme Fanta Dembélé, 1ère Vice-présidente de la Fédération des associations et groupements des commerçants des Halles de Bamako, affirme que la distribution des magasins a été faite normalement. Seulement, selon elle, les commerçants de la ville ont refusé d’occuper leurs magasins. Raison avancée: il faut beaucoup de sacrifices pour se faire connaître.

Concernant la foire de la fête de Tabski, elle dira que le temps imparti (3 jours) était trot court pour son organisation. En outre, plusieurs commerçants se sont désolidarisés. Aussi l’argent débloqué a-t-il servi, entre autres, à la sensibilisation tous azimuts.

«Nous sommes en train de nous préparer pour la foire de fin d’année, qui va débuter le 1er décembre et durer jusqu’au 1er janvier, mais il faut beaucoup de sensibilisation. Les Maliens n’aiment pas monter à l’étage. Il faut que les gens sachent que les Halles de Bamako sont désormais fréquentables».

Pierre Fo’o Medjo  

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