Entre Nous : ATT, un bon chef d’Etat ?

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Président du Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP, de mars 91 à juin 92, président de la république du Mali dix ans après, c’est à dire depuis juin 2002, Amadou Toumani Touré a eu ce qu’aucun homme d’Etat malien n’a jamais eu. Il s’agit du soutien de la quasi-totalité des partis politiques, l’indulgence de ses compatriotes, le profil bas de l’opposition si l’on peut l’appeler ainsi tout le long des trois premières années de son mandat qui s’achève. rn

Jamais les Maliens n’ont autant accompagné un président dans les actions qu’il a initiées ou encouragées. Mais en analysant leur vécu politique et social de ces cinq dernières années, il y a de quoi émousser leur enthousiasme. Les laudateurs des différents régimes ont fait trop de mal à ce pays-là, surtout ceux grouillant autour d’ATT à qui ils rendent le plus mauvais des services. En se servant de son aura et de son charisme – toute chose qui l’a desservi en réalité- pour cacher leur incompétence et leur malhonnêteté.

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Le Mali démocratique est ce que nous avons rêvé et des sacrifices, dont la vie de nos nombreux frères et sœurs ont été consentis pour en arriver – là. Plus question de faire régner la pensée unique dans ce pays ! La question à laquelle il faudrait sans doute essayer de trouver – courageusement et honnêtement- réponse aujourd’hui est la suivante : ATT a-t- il su être un bon chef d’Etat? En clair, le populisme et la gestion à vue sous-tendus par un inopportun battage médiatique ne l’ont-il pas éloigné des objectifs qu’il s’assignait ou qu’il caressait pour son pays au départ ? ATT n’est-il pas en train de glisser dans la peau d’un messie ?  Il a plus écouté et penché du côté de ceux- là qui, pour des intérêts partisans et particuliers, ont usé et abusé de la potion magique : ‘’C’est ATT qui a fait ça. ATT a dit de faire ça. ATT est une chance pour le Mali, ATT, ATT….’’

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Raymond Barre, un homme d’Etat français, ancien Premier ministre du président Valery Giscard d’Estaing, a trouvé trois qualités essentielles dont un chef d’Etat devrait se prévaloir. Ce sont :

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– Le jugement ;

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– La maîtrise de l’information nationale et internationale, c’est-à-dire l’ouverture ;

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– Le refus de la cour.

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L’homme qui croit toujours en sa vision pour un Mali qui bouge et qui change peut-il aligner ces trois qualités ? Mais qu’est ce qui a réellement changé depuis le départ du président Konaré ?

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Porteur d’espoirs des millions de ses compatriotes qui ne doutaient un seul instant de sa foi de patriote sincère et de démocrate convaincu, ATT s’était pourtant fait ovationner à l’annonce seulement de la possible candidature d’ATT à la succession du président Konaré. Son retour aux affaires promettait à leur entendement  la fin de la corruption, du vol des deniers publics, du trafic d’influence, du népotisme, de la couardise politique, mais aussi de la préservation de tous les acquis du 26 mars. Mais très tôt, les Maliens se rendront à l’évidence.

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Se sont-ils trompés dans leur choix ? Ils sont en tous cas nombreux à déplorer que l’aigle annoncé soit bien arrivé, mais avec une aile brisée et des serres atrophiées. Deux faits majeurs leur ont suffi pour asseoir leur conviction : l’affaire des exonérations en céréales avec son lot de délits d’initié et la dissidence de l’Alliance du 23 mai.

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Si, dans le premier cas, le président ATT, contrairement aux attentes des millions de Maliens, s’est plus contenté de dénoncer que de châtier, alors qu’il s’est publiquement ouvert sur les fautes graves commises sur le dos et de l’Etat et du peuple, dans l’affaire de la crise de Kidal, il a engagé des discussions avec des individus sans s’en référer aux autres institutions du pays. Pas même, son Premier ministre.  Le parlement, assemblée des élus de  la république, a appris en même temps que le citoyen ordinaire, la signature des Accords d’Alger, loin des bords du Djoliba. L’humiliation dans l’affaire s’est traduite par le fait que les Algériens n’ont mandaté pour une si sensible affaire, que leur ambassadeur en poste à Bamako. On n’a même pas eu droit à la présence, à la cérémonie de signature, du ministre algérien de l’Administration du territoire. Aujourd’hui, après le folklore organisé tout autour, et appuyé par un tintamarre médiatique, on n’en parle plus. Même le discours de nouvel an du président de la république les a superbement ignorés. Longue que soit la nuit, le jour finit par poindre, dit -on. On a vite qualifié de va –t-en guerre cette frange non négligeable de la population pour avoir critiqué lesdits accords, notamment le Rpm et une partie de la presse.

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Incroyable, mais vrai ! Le président du Mali est l’un des rares responsables de premier plan d’un pays au monde à ne jamais prendre en compte, ce que sa presse pense des grandes questions du pays. Si elle n’est pas pour, elle est contre, donc ennemie du régime. Pire, on méprise la presse internationale, lorsqu’elle est critique. Seule est écoutée une certaine presse, exerçant sur les bords de la Seine, et chargée de vendre l’image du chef et de ses réalisations, et à quel prix ?

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Du refus de la cour ? Jamais, les laudateurs n’ont autant prospéré sous nos cieux.. C’est ici, qu’on ferme les yeux sur des crimes économiques avérés des « amis », pour harceler jusque dans leur dernier retranchement, ceux qui refusent de courber l’échine. Que voulez- vous, à ‘’Fatobougou le pays de Toundourou’’ tout devient possible .

rnPar Sory Haïdara

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