Dr Oumar Mariko : «Il ne faut pas compter sur la transparence de l’administration malienne»

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1-On vous présente comme le candidat de la rupture. Qu”est ce que vous voulez changer ?rn

Dr Oumar Mariko. Il y a tellement de choses à changer dans ce pays. Nous avons passé quinze années d”expérience démocratique. En quinze années de pratique, nous nous sommes rendus compte qu”en réalité, au fond, nous avons un Etat dont l”orientation et la nature doivent véritablement changer. Nous avons besoin, en ce moment, d”un Etat qui protège l”économie nationale, un Etat proche des préoccupations des populations. Nous avons besoin d”un Etat qui permet l”accumulation interne des richesses dans notre pays et leur distribution équitable. Nous avons aussi besoin d”un Etat qui sur le plan international affirme notre souveraineté, non seulement dans le domaine de la coopération, mais aussi dans celui de la protection des citoyens maliens.

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2- Votre parti, le SADI a quand même actuellement un ministre dans le gouvernement du président ATT. Est ce que vous n’êtes pas comptable du bilan ? 

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Nous ne sommes pas comptables de la gestion du gouvernement du président ATT et nous ne le serons  jamais. La politique, nous la faisons avec la culture de notre pays. Celle-ci a fait qu”à un moment donné nous nous sommes retrouvés ensemble. Mais notre position a été très claire à l”avance, c”est-à-dire que nous participons à la construction nationale, mais nous ne nous interdisons pas le droit, le devoir de critiquer et de donner une autre orientation que celle pour laquelle les tenants réels du pouvoir veulent qu”on y aille. De ce point de vue là, nous ne sommes pas comptables du bilan ATT. Peut-être, nous sommes comptables du bilan du ministère de la culture dont nous avons la charge et si encore une fois, on nous avait laissé  les mains libres pour travailler correctemeant. Amadou Toumani Touré, de par les orientations qu”il a données à son gouvernement, à son régime, est seul comptable du bilan des cinq ans de gestion.

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3- Dans votre programme, vous insistez sur ceci : il faut que les paysans soient aidés. Vous êtes contre les privatisations, celle de la Compagnie Malienne de Développement Textile (CMDT) par exemple ?

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Ce n”est pas seulement que nous sommes contre la privatisation, nous sommes pour la re-nationalisation. Au-delà de la privatisation de la CMDT, nous sommes contre celle de l”HUICOMA, de la Régie des Chemins de Fer du Mali et nous sommes d”avis pour que la terre soit une propriété des paysans. L”Etat doit soutenir ceux-ci pour que la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire puissent être garanties, faire en sorte qu”à partir de l”agriculture, nous puissions réussir l”épanouissement des paysans. De ce point de vue, nous sommes pour un Etat qui n”extravertit pas l”économie, mais un Etat qui soit tourné vers l”orientation des projets d”appui. Très souvent, j’aime redéfinir la nature de l”Etat parce que la problématique qui est posée aujourd”hui est : quel Etat pour notre peuple ? Voilà en fait le nœud de la rupture.

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4- Encore un coup d”œil sur votre programme. Vous parlez beaucoup également sur l”immigration. Vous dites attention, il y a des milliers et des milliers de Maliens à étranger qu”on doit protéger davantage.  Comment vous entendez le  faire ?

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D”abord au SADI, nous sommes pour l”ouverture des frontières. Je pense que la misère en France voire en Europe n”est pas due aux immigrés. Au contraire, les immigrés maliens apportent à l”économie française tout comme ils apportent à celle du Mali. De ce point de vue, nous disons qu”il faut permettre aux gens d”avoir accès aux visas. Même avec ça tout le monde n”ira pas en France. Ensuite, les expulsions telles que ça se passe sont peu orthodoxes. L”on expulse les gens sans qu”on leur permette d”avoir accès à leurs droits. Imaginez un peu : des gens qui ont travaillé dix, vingt ans en France sont renvoyés sans qu”on leur paye des cotisations. Si on veut bien les mettre dehors, je demande à la France de mettre à tous ces Maliens ayant contribué, d”une manière ou d”une autre, au développement de la France, dans leur droit avant de leur montrer la porte de sortie.

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5- Dr Oumar Mariko, pouvez-vous nous donner deux raisons  pour lesquelles vous appelez les Maliens à voter pour vous ?

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Durant quinze ans, je me suis battu pour la démocratie au Mali, mais malheureusement, celle-ci est en train de devenir une démocratie des riches. Dans ces conditions, nous avons besoin d”un Etat où les véritables préoccupations des Maliens puissent être prises en compte. Pour cela, il faut un nouvel Etat pour un nouveau Mali. Je demande aux Maliens de se battre à nos côtés pour cela.

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6- Vous insistez sur des élections crédibles et transparentes ?

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Vous savez, nous ne sommes pas à six millions d”électeurs, c”est faux. Nous avons à peine cinq millions d”électeurs et la manière dont la distribution des cartes électorales se fait en ce moment est source de problème. Ce qu”il faut retenir, c”est toute cette activité en amont qui a eu lieu et qui a fait que des candidats comme nous avons été sevrés de l”utilisation correcte des médiats publics, des candidats comme nous avons eu d”énormes difficultés avec la caution qui a été imposée ainsi que le parrainage qui, du reste, s”est avérée anti-constitutionnelle. Malgré tous ces problèmes, nous allons, certes, nous battre pour ces élections, mais il ne faudrait pas compter sur une quelconque transparence en provenance de l”administration malienne.

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Transcrite par  Alassane Diarra

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