Les candidats malheureux du Front pour la Démocratie et la République (FDR) à l’élection présidentielle du 29 avril dernier, avec à leur côté Me Mamadou Gakou, étaient face à leurs militants le samedi dernier au centre International de conférence de Bamako. C’était à la faveur d’un meeting d’information par rapport aux orientations à prendre après leur défaite électorale au scrutin présidentiel. Ce meeting s’imposait pour galvaniser les troupes gagnées par le découragement après le silence radio entretenu par IBK et sa petite bande depuis la confirmation de la victoire de Amadou Toumani Touré par la Cour Constitutionnelle le 12 mai dernier.
On se rappelle que ce jour, les reporters de l’ORTM, qui entendaient recueillir à chaud les réactions des candidats du FDR, ont été gentiment remerciés par les frontistes. En lieu et place d’une apparition publique pour prendre position, IBK et ses camarades se sont contentés d’un communiqué laconique pour dire qu’ils prenaient acte de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle. Comme conséquence de ce manque de courage politique de la part de leurs candidats, le fossé commençait à s’élargir entre les militants du FDR et leurs responsables. Le suspense était de tel que qu’on signalait des cocus entre les quatre candidats qui ne parvenaient pas à se mettre d’accord par rapport à la marche à suivre. Toutes choses qui étaient corsées par les déclarations de candidature de certains leaders frontistes. Des déclarations faites de façon disparate et à la grande surprise des militants à la base. Il fallait donc réagir vite. Et IBK et compères l’ont compris, d’où le meeting du samedi dernier.
Mais, au delà de ces considérations, le soi-disant meeting d’information est une véritable supercherie visant à voiler le conflit interne qui s’était mue dans ce regroupement de façade, avec au centre de ce mal vivre latent, une divergence de vue criarde sur l’appréciation et la position à prendre concernant la présidentielle du 29 avril. Ce faux fuyant d’IBK et ses camarades de fortune tiendra-t-il route quant on sait qu’ils sont entrain de négocier leur sort avec certains partis membres de l’ADP ? Que de duperies donc ! Décidément, le Mandé Mansa et sa bande ont du mal à rompre avec l’imposture
La base déçue du comportement du sommet
Croyant qu’ils allaient entendre quelque chose de nouveau de la bouche de leurs premiers responsables, les militants FDR avaient pris d’assaut la salle de conférence du CICB. Malheureusement pour eux, ça n’a été que du déjà entendu. A commencer par la plaidoirie lugubre de Me Gakou qui a eu du mal à monter pièce par pièce les fallacieuses requêtes en annulation du scrutin présidentiel dont le caractère infondé a été démontré point par point par les neuf sages de la Cour Constitutionnelle.
Parlant justement de ces requêtes du FDR, plus d’un malien a été sidéré d’en apprendre les contenus le jour de la proclamation des résultats définitifs. Quelle piètre prestation de la part d’un pool d’avocats plus politiciens que juristes ? Une prestation qui, à regarder de près, repose beaucoup plus sur le militantisme que le droit, voire d’un manque de respect envers les textes de la république que de l’ignorance. Le plus choquant aura été d’entendre dire que les responsables du FDR incriminent le bulletin unique qui serait imposé à la classe politique de notre pays. N’est-ce pas un mépris que de tenir de tels propos ?
Sinon le bulletin unique est plutôt une initiative de la classe politique malienne dans son ensemble, y compris les partis qui cherchent aujourd’hui à le remettre en cause. Après donc les interventions des femmes et des jeunes du FDR, avec toujours le même relent de répétition, place fut faite à IBK, président du regroupement. Et là, la déception fut à son comble. Les centaines de militants venus à la rencontre de leurs leaders s’attendaient à voir un IBK plus déterminé que jamais. C’est plutôt un IBK plus défaitiste qu’ils ont vu derrière la tribune. Celui-ci, intervenant dans un premier temps en bambara, a cité le nom d’Allah près d’une centaine de fois comme si ce dernier, dans sa plénitude, devait descendre sur terre pour régler les problèmes à leur place. IBK prêcheur ?
C’est pourtant ce qui a été donné aux militants FDR de constater le samedi dernier. Ceux-ci n’avaient jamais pensé que leur président était un éminent théologien qui n’hésiterait pas une seconde à se cacher derrière Dieu pour se disculper de ses inconséquences politiques. Mal leur a pris, car, IBK ferait mieux de changer de vocation. Au lieu de la politique, il parviendra sûrement à se faire un nom en tant que grand prêcheur international. Le Mansa du Manding contemporain ignore peut-être que les vrais religieux sont dans les mosquées et dans les couvents, pas dans la rue. Les militants FDR ont dû comprendre l’amalgame d’où des cris de désapprobation forçant IBK à lancer plusieurs appels au calme “s’il vous plait, An Ka gnokon namè”, “An ka gnokon bogna”, s’est-il vu obliger de lancer à l’endroit de la foule qui bourdonnait.
Les raisons de la participation du FDR aux législatives
Conscients certainement que leur candidature a été parachutée sur les militants, IBK et ses compagnons improductifs ont mis à profit le meeting du samedi dernier pour justifier leur participation aux législatives de juillet prochain. Et d’après la Mandé Mansa, le FDR ira aux élections législatives parce que les responsables et militants sont des démocrates, des républicains. C’est aussi pour cela qu’ils n’appelleront pas, à l’image du défunt COPPO, le président de la république “M. Amadou Toumani Touré”, mais plutôt “M. le président de la République Amadou Toumani Touré”, et cela, sans complexe aucun. C’est pour cette même raison que le bande des quatre n’insultera point le président de la République. “Nous ne l’insulterons pas, nous n’avons rien contre sa personne, nous sommes plutôt contre le système” a déclaré IBK. Aveu d’impuissance ou peur bleue ?
Seuls IBK et le reste des marchands d’illusions peuvent répondre à cette question. Une déclaration qui surprend plus d’un observateur de la scène politique nationale, IBK, principalement lui, ayant passé le clair de son temps à insulter ATT, et sa famille bien avant les élections. Des injures translucides devenues des insultes ouvertes et directes, et de façon nominative, tout au long de la campagne électorale pour la présidentielle. Un comportement qui frise avec le principe républicain ; et même des valeurs cardinales de notre société. On pouvait même accorder un peu de crédit à cette déclaration d’IBK si les autres candidats du FDR n’en avaient fait autant. Mais hélas, ils ont tous prouvé aux Maliens qu’ils sont loin d’être des démocrates lors de la campagne présidentielle passée comme en témoignent leur fuite en avant, avec à l’appui, des injures, désinformations, diffamations intoxications et mensonges grossiers.
Que faut-il donc retenir de ce meeting du FDR ?
Rien, sauf que de la capitulation ! Le FDR capitule et cette fois-ci pour de bon. Le moins qu’on puisse dire, c’est que lors du meeting, le FDR et ses responsables essayent de se repositionner dans la sphère politique de notre pays après leur dégringolade. Rien de plus ! Et de cette bataille de repositionnement, le FDR s’étiolera à jamais. Car, s’il y a FDR encore, il se limite au quatuor perdant du scrutin présidentiel. Inutile donc de dire que ces quatre auront toutes les peines du monde à accorder leur violon, puisqu’ils n’ont, en réalité, aucune vision politique commune, a posteriori le même tempérament.
Cela est tellement vrai que seule élection présidentielle les unissait. Et chacun y est parti sur la base de son propre intérêt, d’où la défaite cuisante du 29 avril dernier pour chacun d’eux. Une chose est cependant claire, les Maliens ne seront plus surpris de voir IBK, Tiébilé Dramé, Mamadou Blaise Sangaré revenir dans la mouvance présidentielle, car, seuls les intérêts personnels les harpentent. Soumeyloi Boubèye Maïga devra tout d’abord chercher à regagner la Ruche au risque d’aller à la retraite politique. Ah politique, quand tu nous tiens !
Adama S DIALLO
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