Ces Maliens qui vivent comme si la guerre n’était pas proche

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Vu de l’extérieur, le Mali est au bord de l’implosion. Pourtant, dans la capitale, Bamako, certains continuent de vivre dans une étrange ferveur et une forme d’insouciance. Reportage.

Des maliens qui jubilent lors d’un match de Coupe d’Afrique des nations, 3 janvier 2002 / REUTERS

Un de nos confrères nigériens qui nous a rendu visite, il y a peu à Bamako, n’a pas manqué de nous faire remarquer son étonnement quant au flegme adopté par les populations, qui vaquent à leurs occupations habituelles, comme si de rien n’était.

«Du dehors, on imagine que les Bamakois sont sur le qui-vive et n’ont de souci que pour l’invasion islamiste qui a déjà occupé le nord du pays, alors que votre capitale n’a rien perdu de son bouillonnement et de son animation d’antan», avait confié ce confrère.

Avant d’ajouter:

«En côtoyant les gens dans leurs activités quotidiennes, on n’a pas l’impression qu’ils sont conscients de la situation dans laquelle se trouve leur pays. C’est seulement en discutant avec eux que l’on peut percevoir leur angoisse

Se refaire une image à l’international

Effectivement, les informations distillées par certaines chaînes internationales basées en Europe affolent et tendent à faire croire que c’est presque fini pour le Mali.

Les faits sont grossis et le tableau noirci au point que les investisseurs et autres partenaires au développement ont tôt fait d’interrompre tous leurs programmes à destination de ce pays.

C’est pourquoi, à travers son jeune ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, nommé à l’occasion de la formation du tout nouveau gouvernement dit d’union nationale.

Le Mali essaie de prouver à l’opinion nationale et internationale que la situation du pays n’est pas désespérée et que, en dehors de l’espace sous contrôle des groupes salafistes au nord du pays, les activités se déroulent correctement au niveau du reste du territoire.

C’est vrai que le coup d’Etat du 22 mars 2011 est venu en rajouter, semant la chienlit au sud du pays, notamment dans la capitale, Bamako, pendant presque quatre mois.

La tentative d’assassinat du président intérimaire, Dioncounda Traoré, que des manifestants ont trouvé jusque dans son palais pour le tabasser copieusement, en l’absence de sécurité pour le protéger, avait fini de ternir l’image du Mali et d’ancrer un sentiment de méfiance à l’étranger.

Mais, actuellement, on note un retour à la normale et la junte militaire du capitaine Amadou Sanogo, même si elle n’a pas totalement lâché la gestion des affaires publiques, se fait plus discrète.

Vivre sans stress ni peur

Si les choses tendent à se tasser sur le plan politique, c’est parce qu’actuellement, un semblant de consensus national est en train de se dessiner sur deux objectifs essentiels: d’abord, la libération des territoires occupés au nord du pays par ce qu’on appelle ici «l’Alliance du mal»(Ansar Dine-Aqmi-Mujao) et, ensuite, l’organisation d’élections libres et transparentes avec le fichier biométrique qui a été initié par le président renversé, Amadou Toumani Touré alias ATT, mais qui avait connu des retards dans sa mise en place.

En attendant, les Bamakois essaient de vivre sans stress ni peur. Pour eux, en effet, ce serait même donner raison aux islamistes que de leur montrer un brin de panique.

Bien au contraire, il faut garder la sérénité pour ne pas tomber dans leur jeu car de la zone où ils se trouvent, ils essaient d’envoyer des messages pour mettre le restant du pays et surtout la capitale sous tension, afin de pouvoir éventuellement en profiter avec leurs cellules dormantes.

«Le Mali plie, mais ne rompt jamais!»

Requinqués par ce slogan optimiste, les Maliens  tentent tant bien que mal de mener leur vie sans aucune pression. Et ce que cette pression vienne des islamistes ou de la Cédéao.

Seulement, voilà, malgré la sérénité affichée, il y a des  faits têtus qui rappellent la crise institutionnelle et sécuritaire: l’économie nationale est en train de s’effondrer, ouvrant la voie à certaines difficultés dont la plus durement ressentie est la flambée des prix des denrées de première nécessité.

Mais le Malien, pour ceux qui ne le savaient pas encore, est habitué à se débrouiller pour surmonter ce genre de crises économique et financière qui étaient une des principales caractéristiques des dernières années de règne du général Moussa Traoré (président de 1968 à 1991). Lequel disait à propos de la débrouille des fonctionnaires maliens qu’ils ne gagnaient pas beaucoup, mais qu’ils étaient riches.

A l’heure du Bamako by night

Il faut comprendre que le Malien est imbu de sa fierté et de sa dignité, c’est pourquoi il ne se laisse pas abattre par l’adversité et tente toujours de garder le moral.

C’est aussi à cause de cette fierté que des diatribes ont fusé de toutes les régions du pays contre la Cedeao qualifiée de «nouveau colonisateur».

En attendant de «bouter dehors les envahisseurs», comme on le dit à Bamako pour faire allusion aux islamistes qui occupent les régions de Tombouctou, Gao et Kidal plus une partie de celle de Mopti (la ville de Douentza), on travaille la journée et la nuit on chante et on danse.

En effet, celui qui fait une tournée dans Bamako-by-night aura du mal à croire que c’est ce pays qui est sous les feux de l’actualité et dont on est en train de discuter du sort aux Nations unies.

Et pour cause, les bourlingueurs n’ont pas changé d’habitude et les bars, restaurants et boîtes de nuit continuent leurs activités. Le dimanche et le jeudi, jours de mariage à Bamako, on est réveillé, tôt le matin, par les klaxons des cortèges interminables qui forment des bouchons au niveau des carrefours.

L’envers du décor est constitué par le secteur hôtelier et touristique qui souffre terriblement de la situation sécuritaire, au point que la plupart des hôtels sont presque devenus des édifices abandonnés.

Les Sénégalais doivent comprendre que le Mali est un énorme pays qui fait six fois la superficie du Sénégal. De sorte que la distance qui sépare les Bamakois de la zone occupée au nord du pays est presque égale au trajet Dakar-Bamako.

Pour dire quoi? Que ceux qui vivent dans la capitale malienne entendent seulement les informations sur la situation au nord du pays, mais ne la vivent pas directement.

Seuls ceux qui sont originaires des localités sous contrôle salafiste sont constamment sur le qui-vive et se sont même regroupés en Collectif  des ressortissants du nord (Coren) pour hâter le processus de libération des zones occupées.

Amadou Bamba Niang, Correspondant à Bamako du journal sénagalais Le Témoin

slateafrique.com – 10/01/2012

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15 COMMENTAIRES

  1. coco=blanche neige sanene ba kulé fakulé den kulé itaklou bakou ❓ 🙄

    Regarde ta fass blanche katain des bois: ————–> 😳

  2. …”Les faits sont grossis et le tableau noirci au point que les investisseurs et autres partenaires au développement ont tôt fait d’interrompre tous leurs programmes à destination de ce pays.”…

    Affirmation totalement stupide! Les faits sont hélas bien réels, et les projets et bailleurs de fonds n’attendent pas de lire les journaux pour savoir s’il y a lieu de quitter un pays! Mais entre un coup d’état et une junte tabasseuse de Président ou de journalistes, la moitié du territoire occupé par des terroristes, et une série quasi quotidienne de meurtres, de viols, d’amputations, etc, oser prétendre que, je cite, “les fait sont grossis et le tableau noirci”, suppose d’avoir une sévère dose d’inconscience, monsieur le journaliste!!!!!

    • Sans Pitié , avec un QI de 72 au Mali (QI moyen) d’aprés une trés serieuse etude anglaise , on ne peut pas demander la lune aux maliens …….à part CMD

      • d’aprés une trés serieuse etude anglaise

        à voir ta tête de zobe:
        Je doute de ce sérieux…

        Pour que cela ait une valeur, il faut faire un test à niveau de vie et de diplôme égale… Je ne crois pas que cela ait été le cas!!!

  3. coco=blanche neige sanene ba kulé fakulé den kulé itaklou bakou ❓ 😉 ❗

  4. Le malien est tout simplement inssoiciant! Quand je vois comment les mariages sont encore organisé en fanfares alos que les 2/3 du pays sont occupés! Quand je vois les cortèges alors qu’on est entrain de couper les mains et pieds d’autres maliens! Le cas du Mali est un vrai cauchemear pour moi. Je ne vois comment reveiller ce peuple! Combien le malien est abruti! Combien le malien vit du mirage! Combien le malien a perdu le sens de la raison et du moral! Je suis malien, j’aime ce pays, je ne peux rien préféré de mieux que ce pays, mais je suis aujourd’hui desoeuvré, je vi dans le désaroi, tant son peuple a été transformé par dix de “SOUMOU (festivité)” et de “BèBi I Babolo (chacun pour soit)”.

  5. Un seul mot: insouciance, car l’acteur principal de théâtre dramatique, CMD, arrive encore à faire les payes des fonctionnaires.

    Hier déjà l’Ortm montrait des quartiers de Bamako sans eau potable, parce que la société publique de gestion de l’eau potable n’arrive pas à faire l’entretien de ses installations.

    Tout l’argent de l’investissement public et de l’entretien ou presque est mobilisé pour les dépenses de fonctionnement (salaires, carburants, déplacement, fournitures divers…)

    Tant que les caisses du trésor public ne seront pas trouées, les bamakois continueront dans l’insouciance, jusqu’à nouvelle ordre.

    Espérerons seulement qu’il ne sera pas un ordre islamiste!

    • Kassin, vous m’exusez, mais la solution des maliens réside probablement dans l’arrivée des islamistes à Bamako! Cela pourra probablement éveiller les inconscients!

    • vous avez raison en partie kassin…

      J’ajoute tout simplement que les gens ne sont pas informés!!!
      Ils ne réalisent pas le danger qui guette le pays, temps l’information est bloquée.

    • Exact Kassin, parfaitement exact! Seulement, les fonds initialement destinés aux bien d’équipement ne sont pas non plus inépuisables… Et à force de “payer les salaires” (ce dont le gros s’est tellement vanté!), on va droit vers une faillite inéluctable!

      • Mr Diarra ne s’est pas vanté.
        Il a simplement décrit la situation. A savoir que pour une fois, dans on histoire, l’état malien n’endette pas le peuple, auprès du fmi et autres banques mondiales, de destruction oxydentales… D’ailleurs, c’est eux qui ont refusé d’aider le Mali, à la suite du coup d’état…

        Au contraire, je me félicite qu’on n’endette pas le peuple pour de l’argent sale. D’autant plus que l’argent donné par l’oxydent se retrouve dans la poche de nos dirigeants voleurs!!!

        Pour la prmière fois de l’histoire du Mali, un ex-ministre ne va pas terminer millionnaire comme ça toujours été le cas!!!

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