Ramadan au Mali : Le mois de tous les excès

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Moment de piété pour les fidèles, test de popularité pour les prédicateurs… le mois de ramadan impose son rythme à l’ensemble de la communauté musulmane.

 

Depuis le 27 mai, selon les interprétations du calendrier lunaire, un être humain sur six à entamé le mois sacré du ramadan, consacré au jeûne. Un mois qui, pour les musulmans, fait de tous les jours de la semaine importants, avec le rendez-vous quotidien des achouras, les prières surérogatoires qui marquent le début de la soirée. Le ramadan bouleverse les comportements  sociaux des musulmans.

Les radios et chaînes de télé au rendez-vous

Feuilletons, séries comiques et émissions religieuses enregistrent alors des records d’audience pendant ce mois. Toutes les tranches d’âges et catégories socioprofessionnelles, le Maliens passe un bon moment de son repos par jour devant son poste récepteur pendant le mois sacré.

Les radios privées et publiques investissent dans les programmes et contenus de proximité. Une occasion pour les imams de réaffirmer leur propre idée de l’islam et s’offrir un cadre publicitaire pour leurs produits.

A Bamako, les fréquences les plus captés sont Radio Jèkafo, Liberté, Bamakan, Nièta, Dambé FM, Radio Islamique. Ces chaines misent sur les prêches. Pendant tout le mois de ramadan, les prêcheurs profitent du temps d’antenne de ces radios pour passer leurs messages aux fidèles musulmans.

 

Les ménagères face à l’épineuse question de prix

Le mois sacré de ramadan est aussi un moment de grand souci pour beaucoup de chefs de famille et aides ménagères à faible revenu. Le motif ? Les prix des denrées de première nécessité augmentent en même tant que la consommation.

Pour anticiper l’augmentation des prix des denrées de première nécessité, le ministre du Commerce et porte-parole du gouvernement a, à la faveur de la session du conseil, fixé, à compter du lundi 22 mai 2017, le prix plafond du riz brisé importé de grande consommation à 330 F CFA le kilo au niveau des grossistes, et 350 F CFA le kg au niveau des détaillants.

Le sac de farine de blé au niveau des minoteries est vendu à 15 000 F CFA tandis que le prix plafond du “gros pain”, c’est-à-dire la miche de 300 g à 300 F CFA et celui de la baguette de 150 g à 150 F CFA.

Le sucre, lui était annoncé à 500 F CFA le kilo au niveau des grossistes contre 550 F CFA chez les détaillants. En ce qui concerne l’huile alimentaire locale, le prix plafond devrait être à 600 F CFA le litre au niveau de l’industriel et de 650 F CFA au niveau du détaillant.

Mais entre ses déclarations du ministre Abdel Karim Konaté et la réalité, il y a un grand écart. Sur les marchés, les prix des denrées de première nécessité ne sont pas à la portée des consommateurs. Sur plusieurs marchés que nous avons sillonnés dans la capitale, les prix ont pris l’ascenseur. Qu’il s’agisse du riz, du mil, du sorgho, du fonio, etc.

Les prix des denrées alimentaires cette année ont considérablement changé par rapport à l’année 2016, témoignent les vendeurs. En 2016, le kilo du poisson était 1500 F CFA, alors qu’il est aujourd’hui à 1800. La viande est passée de 2000 F CFA à 2500 F CFA. Le litre d’huile annoncé à 650 F CFA, est cédé au marché à 800 F CFA. Le haricot est vendu à 425 F CFA,  l’arachide : 800 F CFA,  fonio : 700 F CFA. Le kilo du mil à 300 F CFA ainsi que le sorgho,  le maïs est négocié à 250 F CFA. Le kilo de l’oignon est de 350 F CFA. Le riz est cédé à 375 F CFA. Le kilo du lait à 3000 alors qu’avant le mois sacré il était donné à 2600 F CFA.

Aux dires d’Assa Tiama, vendeuse de condiments, la hausse n’est pas la faute des commerçants. Elle met l’Etat sur le banc des accusés. “C’est le résultat de la gestion mafieuse des autorités. Au moment où il est question d’accompagner les commerçants pour faciliter l’approvisionnement de certains produits de première nécessité, elles ne le font pas”, fulmine-t-elle. “Sommes-nous dans quel Mali, s’interroge-t-elle. Rien ne va comme si ce n’est pas le même pays, il y a deux ans”.

Pour Aïssata Diarra, ménagère, la flambée des denrées de première nécessité est une coutume chez nous. “Chaque mois de ramadan, les prix des denrées prennent l’ascenseur. Les vendeurs disent que les produits sont conservés dans des congélateurs. Ce qui justifie la montée des prix. Pourtant, rien n’a changé. Au marché de Missabougou, le constat est amer. Aucun prix donné par le gouvernement n’est respecté”, explique-t-elle.

“Pourquoi le ministre du Commerce ne met pas en application le compte rendu de la session du 26 janvier 2017, qui avait pris les mesures qui s’imposaient pour contrer la flambée des prix”, s’exclame-t-elle.

Selon une ménagère que nous avons rencontrée à la sortie du marché, les femmes paient le lourd tribut. “La hausse des prix des produits au mois de ramadan est désormais ancrée dans la tradition, mais cette année c’est une particularité. Depuis trois jours les marchés sont devenus très chers”, avoue-t-elle.

Les commerçants et ménagères interpellent le gouvernement quant au suivi de l’application effective des mesures prises pendant le mois par le Conseil national des prix et redynamisant des comités régionaux de veille sur l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité, la mise en place des brigades de surveillance en appui aux comités de veille, la désignation des boutiques témoins dans le district de Bamako et dans les capitales régionales ainsi que la mise en place d’un fonds de garantie en vue du fonctionnement des boutiques témoins.

Bréhima Sogoba

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