L’usine de thé “Frako” se meurt

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Les Maliens sont réputés être de très grands consommateurs de thé et cette réputation n’est certainement pas usurpée. Même si notre pays n’est un grand producteur de thé, il possède une unité de production dénommée “Farako”, dans la région de Sikasso. Malheureusement, cette unique  usine malienne de production de thé, qui faisait la fierté des populations de Sikasso et du Mali, se meurt à cause de la mauvaise gestion du nouveau propriétaire et des graves négligences de l’Etat.

Reprise ou  liquidation ?

L’usine de thé de Farako  a été toujours la propriété de l’Etat et exploitée par celui-ci jusqu’en 1993. Cette année-là, le président Alpha Oumar Konaré décide de concéder l’exploitation à un opérateur privé. Ainsi, l’exploitation revient à un opérateur chinois. Celui-ci met en valeur les 100 hectares de thé dont dispose l’usine. A l’époque, l’usine employait 700 travailleurs permanents et plus de 1000 travailleurs temporaires.

A la fin de son bail, l’opérateur chinois se retire. Après appel d’offres, la Sogetem S.A., appartenant au Malien Souleymane Koné dit Farsi, est retenue pour l’exploitation de l’usine. La prise en main par la Sogetem S.A. marque le début de la descente aux enfers de l’usine Farako. En effet, le nouvel acquéreur, on ne sait piqué par quelle mouche, abandonne petit à petit les champs de thé. Aujourd’hui, en faisant un petit tour à Farako, le visiteur se perd dans les mauvaises herbes qui ont envahi les champs de thé alors que normalement, la hauteur d’un plant de rhé mûr ne dépasse pas 1 mètre. Pis encore, certaines parcelles ont été transformées en champs de maïs par le nouveau patron Souleymane Koné. De 700 employés permanents, l’usine n’en compte plus que 20 qui, eux-mêmes, tirent le diable par la queue. L’usine de thé, qui attirait de nombreux jeunes en quête d’emploi, n’est désormais que l’ombre d’elle-même.

Redresser la situation

Il est temps que le gouvernement malien prenne ses responsabilités en résiliant le contrat qui lie l’Etat malien à monsieur Souleymane Koné. L’usine de thé de Farako lui a été cédée pour produire du thé et non pour cultiver du maïs comme il semble y prendre plaisir. Aujourd’hui, à Farako, les employés de l’usine, réduits au chômage, passent la journée, non à prendre du thé (il n’y a plus d’espoir de ce côté-là), mais à flâner dans les rues en attendant des jours meilleurs. Triste destin pour le fleuron de l’industrie de thé du Mali!

 

Abdoulaye Guindo 

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