26 Mars 1991- 26 Mars 2018 : 27 ans d’attente pour 27 ans de déception !

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Le 26 mars 1991 fut l’aboutissement de la lutte héroïque de notre peuple travailleur contre l’apache régime du général Moussa Traoré. Pendant vingt trois années de dictature militaro-udmpiste, notre peuple a vécu dans sa chair et dans sa conscience les affres d’une gestion calamiteuse d’un régime sans souci et sans lisibilité aucune quant à l’avenir de notre patrie commune.

Le Mali a connu pendant vingt trois longues années de règne autocratique d’un homme les pires moments de son histoire. Pendant vingt trois longues années, notre peuple a souffert du pâturage politique d’un homme et de son clan: la gabegie, le vol, l’escroquerie, le clientélisme, l’achat des consciences, la concussion, l’affairisme, bref la corruption et la délinquance financière ont eu raison des vertus cardinales de notre peuple laborieux.

La privatisation des sociétés et entreprises d’Etat a été l’achèvement d’un travail de sape entrepris par les putschistes de 1968 contre les réalisations nationalistes et patriotiques du président feu Modibo Keïta. De là, l’histoire nous enseigne qu’en dépit de leurs statures et de  leur hargne, les hommes passent, mais les peuples demeurent. Moussa Traoré, le sanguinaire, l’a appris, le 26 mars 1991.

Le cri de cœur du peuple malien qui a conduit à la chute du dictateur Moussa Traoré était : «An tè korolé fê, fô coura». Comme pour dire que le changement révolutionnaire était le gage historique de l’engagement sans faille de notre peuple pour l’avènement de la démocratie pluraliste de notre pays.

A la date de ce mardi 26 mars 1991, notre peuple a dénombré 224 victimes de la fureur de sbires du régime de Moussa Traoré. Frères, fils, filles et épouses, dormez en paix, notre peuple laborieux avec l’aide de Dieu, vengera immanquablement votre mort.

Un premier coup raté s’est produit avec le procès ‘’crimes de sang’’ contre Moussa Traoré et ses hommes. Le régime n’a subi aucune sanction véritable. Le chef d file des criminels du régime a été condamné à mort pour vivre une retraite dorée à Djikoroni Para non loin de la berge gauche  du fleuve Djoliba.

Dieu ne laissera pas impunis ces crimes horribles contre nos femmes et nos enfants dont la seule faute était d’avoir revendiqué en chœur la liberté, la démocratie, le multipartisme.

Le 26 mars 1991 restera à jamais gravé dans les annales de la lutte héroïque de notre peuple

Moussa est chassé de Koulouba ce jour célèbre de notre histoire commune au Mali. Notre peuple voyait ainsi s’ouvrir devant lui les portes d’un avenir meilleur. Rien ne devrait plus être comme avant dans notre pays. Le changement était l’espoir de toutes les masses laborieuses du Mali.

 

Mais 27 ans plus tard, que reste-t-il de cet immense espoir de tout un peuple ?

Max Weber avait coutume de dire: «Celui qui veut le salut de son âme ou sauver celle des autres doit donc éviter les chemins de la politique qui, par vocation, cherche à accomplir d’autres tâches très différentes, dont on ne peut venir à bout que par la violence.»

L’auteur de cette pathétique question posée, en 1980, lors de la Biennale à savoir: ‘’Si tout est moi, moi, où va le Mali ?’’, c’était le «démocrate» Alpha Oumar Konaré. Mais pour tous ceux qui le connaissent bien, Alpha n’avait rien de plus à proposer à notre peuple. Il poursuivait des ambitions personnelles, inavouables, bien loin des aspirations profondes de notre peuple travailleur.

Ses dix (10) ans passés à la tête de l’Etat malien ont prouvé à suffisance que la rhétorique démocratique de Alpha Oumar Konaré était un mot de passe pour bander les yeux de nos masses laborieuses. En dix (10) ans de règne, vingt et un (21) milliardaires maliens dont quinze (15) fonctionnaires ont gravi les marches de l’escalier de la bourgeoisie spoliatrice et nauséabonde de notre pays.

La gabegie, le vol, la concussion, le clientélisme, l’affairisme, le parentalisme et tout cela sans vergogne se sont construits, érigés au Mali en mode de gouvernance. Le changement tant revendiqué par notre peuple lors des événements douloureux de 1990-1991 a été classé dans les tiroirs du régime de Alpha pour entreprendre la bamboula économique de l’infime minorité de notre population, la spoliation sans honte de notre peuple laborieux.

Avec Alpha déjà, les idéaux de mars 1991 ont été jetés à la poubelle de l’histoire comme si des femmes et des enfants du Mali sont morts pour Alpha et ses serviteurs. Comme pour ajouter un plus à ses actes  de trahison de notre peuple, Alpha a dit sans hésitation que le «Mali n’a pas besoin des armes mais des matériels agricoles. Une façon de fonder les bases d’un no man’s land au Mali. La flamme de la paix a jeté les bases de la phagocytose de notre système  de défense et de sécurité.

Le général Amadou Toumani Touré (ATT), au lieu de relever le défi et venger l’humiliation, a passé neuf ans à abreuver notre peuple de contes et de devinettes en rupture complète avec notre identité nationale. Comme pour dire qu’il poursuivait soigneusement la politique de phagocytose de notre défense. ATT a renforcé la politique de no man’s land de Alpha Oumar Konaré.

Le Nord est occupé par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avec ses alliés de Ansar Edine. Les atrocités de Aguel Hock sont toujours gravées dans les mémoires des Maliennes et des Maliens. Pendant ce temps, la crise économique et sécuritaire frappait déjà de plein fouet notre peuple travailleur.

Face à la désagrégation de notre tissu socioéconomique, politique et sécuritaire, la génération consciente du Mali débout aux côtés de notre peuple combattant s’en est pris au régime conteur du général ATT à qui les enfants maliens avaient promis: ‘’ATT  an bè sa i nofè’’.

Amadou Toumani Touré a été délogé de Koulouba, le 22 mars 2012, à la satisfaction générale par un groupe de jeunes militaires patriotes dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo (bombardé général par Dioncounda Traoré mais à quelle fin ?). Une période de douze (12) mois semée d’embûches et d’entorses a conduit à l’élection de l’actuel président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Est-il besoin de répéter ici que les quatre ans de règne d’IBK qui viennent de se clore ont été un échec cuisant pour ne pas dire humiliant pour le locataire de Koulouba (pardon de Sébénikoro) ?

Le 26 mars 2018 est célébré au Mali dans ce tumulte gravissime des événements. Aujourd’hui, à moins de vouloir se moquer de notre peuple, sinon, le devoir commande à chacun de se dire que le presque plébiscite dont a bénéficié IBK aux échéances de 2013 s’est soldé par un regret généralisé de tout notre peuple.

De plus en plus, les Maliens s’accordent à dire en chœur: ’’En 2018, tout sauf l’élection d’IBK à la magistrature suprême de notre pays.’’ Au soir de son règne, il tente le tout pour le tout. C’est dans ce contexte qu’il faut placer la visite de Soumeylou Boubèye Maïga à Kidal. Là- bas, il fut accueilli par et sécurisé par des soldats étrangers. Il y a bien là une grosse poudre aux yeux de ceux qui ne veulent rien voir. Le vingt (20) septième anniversaire de la chute de Moussa Traoré a lieu avec un tableau de déception gravissime pour notre peuple laborieux.

Il est temps pour notre peuple de dire aux politiciens maliens que trop c’est trop ! Il faut enfin des hommes crédibles pour sauver l’avenir !

Fodé KEITA

 

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