Prolifération des armes légères et de petits calibres : De multiples causes y contribuent

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Plusieurs raisons font qu’aujourd’hui, la République du Mali fait l’objet d’un trafic immense d’armes légères et de petits calibres. En dehors des causes socio-économiques et politiques, d’autres facteurs comme la pratique de la chasse ainsi que la fabrication d’armes artisanales contribuent aussi amplement au développement du trafic d’armes légères au Mali.

D’après le Grip (groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité), plus de 875 millions d’armes et de petits calibres circulent illicitement à travers le monde. L’Afrique en compte quelque 100 millions dont plus de 8 millions en Afrique de l’Ouest. Toute cette quantité d’armes ne serait pas sous le contrôle d’aucun gouvernement à travers le monde et a déjà fait plus de 3 millions de victimes en Afrique de l’Ouest depuis 1990.

Dans notre pays, les raisons qui enveniment cette situation sont multiples. En dehors des causes connues de tous comme les armes détenues par les rebelles ou encore celles qui proviennent des pays frontaliers, il existe de véritables causes à l’intérieur du pays.

Des causes socio-économiques

Plusieurs études ont démontré que la raison fondamentale de la pratique de du trafic d’armes est liée à des motifs économiques. Car, dans un pays où le taux de chômage reste largement élevé comme le Mali, les populations, particulièrement les jeunes, s’adonnent à diverses activités illicites pour se mettre à l’abri du besoin. En effet, touchant essentiellement la jeunesse, le manque d’emploi pousse la plupart des jeunes à se jeter dans le trafic d’armes. Par ailleurs, le braquage à main armée, qui est aujourd’hui monnaie courante dans nos villes, est l’une des rares activités qui rapportent de l’argent liquide.

Pour combattre le fléau, il urge de multiplier les possibilités d’emplois des jeunes pour leur permettre d’avoir une vie décente.

Des causes sociopolitiques

La rébellion chronique au nord du pays a fait que des quantités énormes des ALPC circulent à travers le pays tout entier. L’une des conséquences majeures de ce conflit est qu’il a poussé plusieurs groupes de personnes à s’armer pour assurer leur propre sécurité. Cette crise a également entrainé la déliquescence de l’autorité de l’Etat et augmenté la délinquance et le banditisme. En fait, les populations n’ont jamais été confrontées à une telle insécurité d’où le réflexe de s’armer. ”En cette période, des dépôts d’armes des forces armées ou de sécurité ont été pillés et la plupart des armes volées demeurent encore introuvables”, indique une étude effectuée par la Fondation Friedrich Ebert en 2011.

La pratique de la chasse

Considérée comme une activité ancestrale dans notre pays et généralement pratiquée en milieu rural, la chasse est aussi une activité qui contribue à la prolifération des armes. Et pour cause, elle viole souvent les dispositions des textes réglementant l’autorisation du port d’armes.

Par ailleurs, ces armes, utilisées essentiellement pour la chasse au gibier, sont très souvent utilisées aussi dans des affrontements opposant des communautés rurales.

La fabrication  d’armes artisanales

Comme la chasse, la fabrication artisanale d’armes est aussi considérée comme une activité ancestrale qui témoigne de la capacité technique de nos forgerons à produire des armes. Toutefois, la fabrication artisanale constitue l’un des moyens majeurs qui alimentent les réseaux de trafic d’armes au Mali. D’après un rapport de la commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petits calibres (CNLPAL) publié en 2008, il existe 343 artisans fabriquant 4827 armes par an. Sur les 343 fabricants, seulement 32 possèdent des autorisations au vu de la loi de 1960 qui stipule que les autorisations peuvent être délivrées par les gouverneurs, préfets et sous-préfets. Mais avec la loi de 2004, seuls cinq en possèdent dont quatre dans le district de Bamako. Les types d’armes fabriquées sont des fusils de chasse (3141), des fusils traditionnels (501), des Baïcal (180), des Berreta (54), des pistolets (836) et autres (115).

Etant la région qui compte le plus de tensions communautaires, Mopti est la région où l’on comptabilise le plus grand nombre d’armes artisanales avec 32% de fabricants produisant 1450 armes par an.

Toute cette quantité d’armes serait fabriquée au Mali dans l’illégalité totale, sans aucun respect des textes en vigueur.

  Aboubacar DICKO,  stagiaire

 

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