Entre attaques armées et conflits intercommunautaires : Le Centre dans l’œil du cyclone

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La situation dans le Centre du pays reste très préoccupante. Et pour cause, dans la Région de Mopti, plusieurs localités sont frappées par une série d’attaques terroristes depuis un certain temps. Ces attaques ont ciblé les positions de l’Armée malienne mais également les populations civiles. Aussi, dans son dernier Rapport, présenté le 13 janvier 2021 au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le Secrétaire Général déplore la persistance de la détérioration de la situation sécuritaire notamment dans le Centre du pays où « les groupes terroristes ont continué d’étendre leur influence ».

Le Mali traverse une crise d’insécurité sans précédente. Depuis 2015, avec l’apparition des groupes terroristes, groupuscules armés et milices armés,…, les actes de violence en direction des populations civiles, l’Armée malienne ainsi que les forces étrangères (Minusma et Barkhane) n’ont cessé d’augmenter dans les Régions de Mopti, Ségou notamment.

Jeudi 25 février dernier, des Hommes armés ont mené une attaque coordonnée contre un poste militaire et une Base de la Gendarmerie dans la ville de Bandiagara (Centre du pays). Bilan : 8 morts et 5 blessés, des bâtiments incendiés… selon un communiqué des FAMA.

Le mercredi 10 février 2021, toujours au Centre,  une vingtaine de Casques bleus ont été blessés dans une attaque perpétrée contre eux sur leur Base à Kéréna, dans les environs de Douentza (Région de Mopti).

Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 janvier 2021, les postes de sécurité de Boulkessi et Mondoro ont été la cible d’assauts djihadistes repoussés par les FAMA et les soldats français de l’opération Barkhane. « Le bilan provisoire est de 6 morts et 18 blessés » parmi les soldats lors des attaques contre «deux postes de sécurité», entraînant une riposte qui a fait « une trentaine de morts côté terroristes », avait indiqué l’Armée dans un communiqué qui précisera ensuite que 4 autres soldats ont été tués et 12 blessés à Boulkessi. Tandis qu’à Mondoro également il y a eu deux militaires tués et six autres blessés…

Le Secrétaire Général de l’ONU alerte 

Le Rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur la situation au Mali a été présenté, le 13 janvier dernier, au Conseil de Sécurité.

Dans ce Rapport, le SG déplore la détérioration incessante de la situation sécuritaire dans, notamment, le Centre du pays où les groupes terroristes ont continué d’étendre leur influence.

Selon le Rapport, la situation dans le Centre du Mali reste très préoccupante. Une série d’actes de violences graves a été enregistrée dans la Région de Ségou où, depuis début octobre, le village de Farabougou et des localités environnantes de la Commune de Dogofri, dans le Cercle de Niono, ont été la cible d’attaques et de blocus de la part de ce que l’on présume être des combattants extrémistes.

Le siège et le blocus des villages ont causé la mort d’au moins six civils et ont fait des dizaines de blessés et se sont traduits par l’enlèvement d’au moins 20 civils, le déplacement de plus de 2000 familles des villages des communes de Dogofri, de Mariko, de Siribala et de Sokolo avec des vols de bétail. On estime que près de 4000 personnes sont actuellement bloquées dans le village de Farabougou, privées d’accès aux Biens de première nécessité et aux soins de santé et constamment menacées de violences. Le Secrétaire Général de l’ONU indique que plusieurs initiatives de médiation et d’aide humanitaire ont été mises en place autour de Farabougou, avec des objectifs distincts, notamment l’accès humanitaire, l’atténuation et la désescalade des conflits et la réconciliation. « La force de la MINUSMA a effectué 25 sorties d’hélicoptères militaires dans les zones touchées afin de transporter 64 soldats des Forces armées maliennes et de livrer plus de 30 tonnes de vivres et autres fournitures.

Dans la Région de Mopti, les milices d’autodéfense et les groupes extrémistes ont continué d’exploiter les conflits intercommunautaires, alimentant la violence contre les civils et entraînant des atteintes à la sécurité, principalement dans les Cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro », souligne le Rapport. Des nouvelles dynamiques et rivalités inquiétantes ont été constatées au sein des groupes armés communautaires. Ainsi, Dan Nan Ambassagou, un groupe armé affilié aux Dogons, a fait face à une opposition croissante de la part des villages dogons dissidents.

Toujours, selon le SG de l’ONU, les groupes terroristes, en particulier le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) et l’État Islamique du Grand Sahara (EIGS) ont continué d’étendre leur influence dans le Centre du pays et ont attaqué et menacé les populations locales de plusieurs villages : « Les affrontements entre communautés et groupes terroristes se sont poursuivis, entraînant le blocus de plusieurs villages, avec des conséquences désastreuses pour de nombreux civils. Le blocus le plus important a été signalé dans le village de Farabougou, dans le Cercle de Niono (Région de Ségou) ».

L’utilisation d’engins explosifs improvisés par des groupes armés a continué d’entraver la liberté de mouvement des civils et des forces de sécurité. Six Officiers ont été blessés dans deux attaques menées contre l’Armée malienne à l’aide d’engins explosifs improvisés, les 1er et 11 novembre 2020, dans les Cercles de Mopti et de Douentza, dans la Région de Mopti. L’explosion d’un tel engin dans le Cercle de Bandiagara, Région de Mopti, a fait deux blessés parmi les soldats de la paix de la MINUSMA.

« Les conditions de sécurité ont continué de se dégrader au cours de la période considérée, en particulier dans le Centre du pays. Les groupes armés communautaires ont continué de mener des attaques contre les civils dans la Région, et la violence armée a gagné la Région de Ségou », a-t-il indiqué…

Dans le Centre du Mali, poursuit le Rapport, au-delà de la Région de Mopti, une série d’événements graves ont été enregistrés pour la première fois dans la Région de Ségou. Les civils continuent d’être les principales victimes des attaques des groupes armés communautaires, y compris Dan Nan Ambassagou ainsi que des groupes extrémistes violents

 Attaques asymétriques et autres

Les Forces de défense et de sécurité maliennes, les forces internationales, la MINUSMA et les groupes armés signataires de l’Accord de paix d’Alger ont essuyé 35 attaques asymétriques ; 55% d’entre elles se sont produites dans le Nord du Mali, dont 14% dans la Région de Kidal, 33% à Tombouctou et 8% à Gao. Pour la première fois, des attaques à l’engin explosif improvisé ont été enregistrées dans les Régions de Koulikoro et de Sikasso, dans le Sud du Mali. Le Centre du Mali a été le théâtre de 45% des attaques dont 36% se sont produites dans la Région de Mopti et 9% dans celle de Ségou, soit une baisse sensible par rapport à la période précédente, au cours de laquelle 30 autres attaques avaient été enregistrées contre les forces de sécurité et les groupes signataires.

Les Forces de défense et de sécurité maliennes ont été la cible de 17 attaques, au cours desquelles 30 soldats ont été tués et 48 blessés. Les attaques les plus meurtrières ont eu lieu le 13 octobre entre les ponts de Parou et de Songobia, à environ 25 kilomètres et 30 kilomètres respectivement au Sud-ouest de la ville de Bandiagara, dans la Commune rurale de Bara Sara (Cercle de Bandiagara) où trois soldats ont été tués et sept blessés. Et, le 6 octobre, à Birga-Peulh, à 20 kilomètres à l’Ouest de la ville de Koro, dans la Région de Mopti, trois soldats ont été tués. « La MINUSMA a subi 13 attaques qui ont fait un mort et 10 blessés parmi les soldats de la paix. Cela correspond à une baisse du nombre d’attaques par rapport à la période précédente (31), de même que du nombre de victimes (2 morts et 40 blessés parmi les soldats de la paix). C’est dans les Régions de Mopti et de Kidal que le nombre d’attaques a été le plus élevé, avec trois attaques dans chacune d’elles », ajoute le Rapport.

Le 15 octobre, un soldat de la paix a été tué après que le véhicule de convoi à bord duquel il voyageait a heurté un engin explosif improvisé alors qu’il se rendait à Kidal.

Le 21 octobre, un véhicule de la MINUSMA a heurté un engin explosif improvisé. Ce fut à 3 kilomètres à l’Est de la Base opérationnelle temporaire de la Mission, située près du village de Diallo, à 33 kilomètres au Sud-ouest de la ville de Bandiagara, dans la Région de Mopti. Deux soldats de la paix ont été blessés et le véhicule a été fortement endommagé.

Protection des civils

La période considérée a été marquée par une baisse du nombre d’attaques contre les civils, due à la saison des pluies, qui se traduit par une mobilité réduite, à l’augmentation de la cadence des opérations de la MINUSMA et à une série d’initiatives de médiation locale soutenues par la Mission onusienne sur place. Toutefois, les attaques intercommunautaires ont persisté dans le Centre du Mali et les civils continuent d’être touchés par les affrontements entre groupes armés terroristes et par les répercussions des opérations antiterroristes : « Au 1er décembre, 232 événements avaient été signalés au total : 182 civils avaient été tués, 175 blessés et autres 163 enlevés dans tout le Mali. Les actes de violence ont diminué par rapport à la période précédente, durant laquelle 343 événements avaient été signalés avec 375 civils avaient été tués, 450 blessés et 93 enlevés. Les civils de la Région de Mopti sont restés les plus touchés avec 89 événements : on a dénombré 127 morts, 104 blessés et 46 personnes enlevées (39 % de tous les événements ayant touché des civils)», a-t-il précisé.

Mohamed Sylla

 

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1 commentaire

  1. SEM le vice-président GOITA, avait confirmé le 05/11/2020, ce que je disais, dans son communiqué concernant la vaste opération de ravitaillement du village de Farabougou (Ségou). Voici ma contribution sur Farabougou publiée depuis le 25 octobre, le 31 octobre 2020 AU SOIR et début novembre 2020. ELLE DÉCRIVAIT AVEC EXACTITUDE CE QUI S’ÉTAIT PASSÉ à Farabougou AVEC la prise en otage de l’armée Malienne (réduite à l’Humanitaire : ACM, AMP, vivres). Merci d’avoir tenu compte de mes contributions.

    Mali : ATTENTION, ATTENTION, ATTENTION, ATTENTION, ENLISEMENT très très très prolongé de l’armée d’où sa prise en OTAGE vu son inaction devant les dérives des djihadistes à Farabougou, réduite juste à l’humanitaire : la vaste opération, intensifiée et aidée par la Minusma le 05/11/20 et Barkhane le 07/11/20, de ravitaillement du village de Farabougou, dont
    parlait SEM GOITA, le prouve. IL PEUT Y AVOIR D’AUTRES TYPES de Farabougou ou d’OGOSSAGOU, Prévenir au lieu de guérir. Le carnage se propage.

    Bonjour,

    L’attaque terroriste et la séquestration de Farabougou étaient prévisibles.

    En effet, l’impunité suite principalement aux deux attaques d’Ogossagou et suite aussi à d’autres attaques au centre est la CAUSE directe de l’attaque de Farabougou et de la séquestration associée.

    Le 16 février 2020, en tant que débatteur sur Africable, débat du dimanche, j’avais dit que si suite à l’attaque du 14 février 2020, deuxième attaque d’Ogossagou, les sanctions ne sont pas infligées aux auteurs, il y aura d’autres types d’Ogossagou. Le cas de Farabougou est induit par l’impunité suite, entres autres, aux attaques d’Ogossagou.

    Qui est responsable ?

    La milice Dan Nan Ambassagou était pointée du doigt par les enquêtes, en particulier celles de la Minusma, de HRW et du gouvernement mais n’a pas été sanctionnée malgré qu’elle soit frappée d’une dissolution prononcée par le gouvernement (jamais eu lieu).

    La milice partenaire du gouvernement de SBM/IBK n’a jamais été inquiétée. Le gouvernement Boubou Cissé a essayé de la contrecarrer sans résultat.
    Depuis le coup d’état, elle a essayé d’intimidation à intimidation de se faire parrainer par les FAMAs : elle a même stipulé et menacé d’aller en dissidence comme la CMA. Comme le gouvernement ne réagit pas à Ça, qui pourrait être considéré comme des provocations, elle réveille, aidée, par des forces obscures, les vieux affrontements intercommunautaires, Peuls-Dogons (Dozos)/Bambaras comme allibi pour causer des affrontements dans certains villages/communes OU pour occuper certains villages/communes. C’est le cas des affrontements intercommunautaires à Farabougou où les Peulhs se sont faits aidés pa les djihadistes d’Amadou Kouffa. D’où l’occupation par ces djihadistes pendant plusieurs mois.

    En ayant agi pour libérer Farabougou, c’est comme si le gouvernement a opté pour aider les Peulhs or il avait refusé, implicitement, malgré les menaces à la dissidence, l’aide à la milice Dan Nan Ambassagou (qui est du coté des Dogons/Bambaras).

    Le problème était compliqué il fallait rendre possible les discussions pour mettre durablement FIN à la crise inter-communautaire comme l’avait souhaité SEM GOITA. Il fallait, comme
    JE l’AVAIS proposé, obligatoirement convoquer en URGENCE une concertation intercommunautaire en invitant tous les acteurs pour une SOLUTION IMPARTIALE à équidistance de toutes les communautés, pronée la réconciliation nationale entre f r ères et sœurs des mêmes régions, du même pays. Cette concertation pourra être le prélude à la concertation nationale pour la réconciliation entre Maliens dont un volet doit être dédiée au dialogue avec les djihadistes.

    Agissons vite pour éviter la poursuite de la spirale de révoltes, de l’enlisement déjà très prolongé de l’armée ayant abouti, vu son inaction devant les dérives des djihadistes à Farabougou, à sa prise en OTAGE car empêchée (par les contradictions, vu qu’elle doit être impartiale face aux acteurs de la crise intercommunautaire) de faire du contre-terrorisme (n’oublions pas que les djihadistes étaient venus aider les Peulhs, c’est pourquoi, les Dozos de Farabougou ont refusé de déposer les armes ou de les remettre aux terroristes) en la réduisant juste à l’humanitaire.

    J’avais proposé une solution pacifique : (1) à travers le DDR, (2) à travers la concertation inter-communautaire, prélude à une concertation nationale pour la réconciliation entre Maliens, (3) (r)établir l’autorité de l’état partout ainsi que les services de base ET (4) enclencher le développement durable en basant sur le triplet Paix, Sécurité et Justice.

    Les Djihadistes ont fait partir les Peulhs de Farabougou pour faciliter leurs actions sur le reste de la population. Une partie de l’armée est aussi partie.

    Évitons un CARNAGE qui se propage dans le cercle de Niono et la région de Mopti (Bandiagara, …).

    Cdlt
    Dr Anasser Ag Rhissa, expert TIC, Gouvernance et Sécurité,
    TEL 78731461

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