Niger: confusion autour de l'ex-numéro 2 de la junte après l'annonce de son arrestation

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 NIAMEY (AFP) – jeudi 14 octobre 2010 – 21h46 – La plus grande confusion régnait sur le sort de l’ex-numéro 2 de la junte au pouvoir au Niger, arrêté mercredi selon plusieurs sources militaires et une source proche de la junte, mais qui a été vu chez lui jeudi en fin d’après-midi.

Plusieurs sources avaient annoncé à l’AFP dans la matinée l’arrestation la veille du colonel Abdoulaye Badié, le disant également retenu à l’état-major à Niamey. "Les choses sont au stade de l’interrogatoire", avait indiqué une source militaire, sans autre précision.

Cet officier était le secrétaire permanent du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte), soit le numéro 2 du régime mis en place après le coup d’Etat de février contre le président Mamadou Tandja (1999-2010).

Le 10 octobre, le chef de la junte, le général Salou Djibo, avait supprimé par décret le poste de secrétaire permanent et maintenu comme simple membre du CSRD le colonel Badié, également chef de l’intendance des armées nommé sous l’ère Tandja.

Un journaliste de l’AFP qui s’est rendu jeudi en fin d’après-midi dans la villa de ce militaire, dans un quartier résidentiel du sud-ouest de la capitale, l’a vu entouré de nombreux proches.

Interrogé sur sa situation, le colonel Badié n’a pas dit un mot.

Mais un homme qui s’est présenté comme un membre de sa famille a réfuté, sous couvert d’anonymat, son arrestation. "C’est complètement faux. Il n’a même pas été interpellé, à plus forte raison mis aux arrêts", a-t-il assuré.

Aucun porte-parole du régime ne s’est exprimé publiquement sur la situation du colonel Badié durant la journée de jeudi.

Au cours des dernières semaines, des rumeurs de coup d’Etat ont circulé à Niamey et au sein de la classe politique.

La présence de l’armée dans la capitale et ses environs est plus sensible depuis quelques jours, avec des patrouilles renforcées, notamment la nuit, a-t-on constaté.

Le général Djibo a par ailleurs limogé le 8 octobre par décret le haut commandant de la garde nationale (ex-garde républicaine), le lieutenant-colonel Abdou Sidikou.

Par un autre décret signé le même jour, le chef de l’Etat a nommé le lieutenant-colonel de la gendarmerie Mahamadou Ibrahim Bagadoma au poste de commissaire du gouvernement (procureur) près le Tribunal militaire.

A ce tribunal qui n’a pas siégé depuis plusieurs années, le lieutenant-colonel Bagadoma remplace le colonel Amadou Diallo, membre du CSRD et ministre de l’Equipement.

Commentant ces récentes décisions, la presse hebdomadaire indépendante s’interrogeait cette semaine – avant l’annonce de l’arrestation du colonel Badié – sur l’hypothèse d’un putsch raté.

"Un coup d’Etat avorté?", demandait en Une L’Actualité, évoquant "une machination politique en gestation pour déstabiliser la transition du général Salou Djibo".

Ces développements surviennent alors que le Niger, pays sahélien très pauvre en proie aux actions d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – qui y a enlevé mi-septembre au nord sept expatriés, dont cinq Français -, s’est engagé dans un processus de transition politique.

Un référendum constitutionnel est prévu le 31 octobre avant un scrutin présidentiel le 31 janvier 2011, en vue de rétablir un régime civil en avril.

La junte a jusqu’à présent exclu de libérer l’ex-président Tandja, âgé de plus de 70 ans et retenu dans une villa dans l’enceinte de la présidence.

AFP

 

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