ATT-Mouvement Citoyen : Les indices d’une rupture consommée

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Le Mouvement Citoyen de Djibril Tangara serait-il une espèce politique en voie de disparition ? Tout justifie et conforte une réponse positive à cette grande interrogation : un état de déliquescence très avancé, une chute vertigineuse des mastodontes et bastions les uns après les autres, une raclée démystificatrice aux élections générales de 2007, et tutti quanti. Le tout sur fond d’indifférence quasi-totale de l’inspirateur et principal repère de l’Association, le chef de l’État.

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Une querelle aurait peut-être occupé le haut du pavé au Mouvement Citoyen si cette association politique n’avait perdu de sa superbe, à un point tel que sa direction ne recèle aucun enjeu ni ne suscite une quelconque dispute de leadership. Comment expliquer autrement que ses acteurs économisent étonnement leurs énergies et fassent preuve d’une inhabituelle permissivité face à une situation tolérée contre toute jurisprudence : l’acceptation d’initiateurs d’un parti politique au CENA. Faut-il rappeler, en effet, que les fondateurs du PCR – en dépit d’adversités acharnées avec la tendance anti-partisane du Mouvement – avaient en son temps joui d’un état de grâce jusqu’au moment franchir ce Rubicon. Il s’agit, comme on s’en doute, d’anciens membres du CENA, en l’occurrence Ousmane Ben Fana Traoré et Modibo Doumbia, congédiés sans ménagement pour la mise en exécution le projet non partagé de porter sur les fonds baptismaux du Pari citoyen pour le Renouveau.

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C’est contre toute cohérence et logique politiques donc que Djibril Tangara, de même que plusieurs collaborateurs ou adeptes, se maintient à la direction du Mouvement citoyen depuis la malencontreuse option de créer un parti politique dénommé Force Démocratique et Citoyenne. Mais ils vont manifester y demeurer aussi longtemps que personne ne manifestera un intérêt quelconque à les déboulonner du piédestal d’une association politique apparemment plus coûteux qu’il ne génère des profits. En effet, aux premières esquisses d’échec essuyé lors des dernières communales vient de succéder une performance tout aussi mitigée aux législatives 2007, après que le MC ait habilement réussi une dissolution de ses limites politiques dans le succès collectif de la mouvance présidentielle à la présidentielle. En dépit donc d’une redoutable machine de débauchage en action pendant tout le premier mandat d’ATT, des gracieuses positions dominantes dont il jouit sans la représentativité politique requise, le Mouvement Citoyen s’en est sorti avec la portion congrue et sans la moisson suffisante pour influencer les choix au plus haut sommet de l’État. Ce n’est pas faute de tentative malicieuse.

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Misant sur le capital important d’élus indépendants pour former une entité politique, les mastodontes du CENA ont buté contre un refus catégorique du chef de l’État, lequel s’ests éloigné du projet de Djibril Tangara comme de la peste. Pas un seul député indépendant ne s’est plus réclamé du nouveau parti, un échec annonciateur du processus tragique d’un lâchage que le Mouvement subit de plein fouet depuis que son premier responsable a été abandonné au quai du nouveau gouvernement. Ce n’était guère l’unique indice de la distance que ATT est en train de creuser entre lui et des amis devenus gênants.

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Depuis que la distribution des strapontins et le réaménagement des départements ministériels ont commencé, les observateurs assistent, beaucoup moins médusés que les acteurs du milieu concerné, au limogeage en série de cadres du Mouvement qui passent souvent pour des proies fragiles de la lutte contre la délinquance financière. À la suite de Djibril Tangara, plusieurs de ses compagnons jadis considérés comme des indéboulonnables ont fini par goûter la ciguë de l’indifférence d’ATT. Sans être exhaustif, on peut citer l’ancien chef de cabinet et le DAF du département que dirigeait Djibril Tangara, le DAF du Ministère de la Santé, etc.

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En définitive, la carrure et la qualité des personnalités emportées par la purge administrative sont si expressives que certains observateurs en déduisent déjà une rupture définitive de contrat entre le président de la République et le Mouvement Citoyen. Celui-ci aurait-il accompli sa mission historique sur la scène politique malienne.                                                                                

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A. Keïta

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